Les 120 000 habitants de l’intercommunalité de Montbéliard (Doubs) ne boiront plus l’eau distribuée par Veolia, qui assurait depuis 1992 la gestion du réseau. De façon unilatérale, Pierre Moscovici, président (PS) de la communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard a confirmé que la gestion de l’eau redeviendrait publique en 2015, relatait le quotidien Le Parisien le 17 avril 2011.
"Sans attendre cette échéance, il a imposé depuis le 1er avril une baisse de 10% du prix de l’eau pour les habitants des 29 communes concernées. Soit une réduction effective de 23 centimes par mètre cube, l’équivalent de 24 à 25 € d’économie en moyenne par an et par foyer.
« Elle devrait précéder d’autres baisses du prix de l’eau pour les usagers », précisait Pierre Moscovici, avant d’ajouter : « Cette décision de première importance est sans précédent en France. Jamais un contrat de délégation de service public (DSP) portant sur l’eau n’a jusqu’à présent été dénoncé en cours d’exécution. »
Des divorces avaient déjà été prononcés précédemment entre Veolia et d’autres villes comme Paris ou Rouen, mais il s’agissait de fins de contrat non renouvelés. Cette fois, la communauté rompt un contrat qui devait courir jusqu’à 2022.
La région de Montbéliard, malgré un niveau de vie assez bas, est l’agglomération dans l’est de la France où le prix de l’eau est le plus élevé. « Il y a vingt ans, lors de la signature du contrat avec Veolia, notre prix de l’eau était identique à la ville voisine de Besançon, qui a toujours gardé son eau en régie publique, explique un usager. Aujourd’hui, l’écart est approximativement de 1 € du mètre cube entre les deux villes. »
L’élément déclencheur de cette rupture n’est pas en réalité Pierre Moscovici lui-même, mais une puissante association locale des usagers de l’eau, forte de plusieurs centaines de membres, qui met depuis plusieurs années une importante pression sur les élus. Leur recours devant le tribunal administratif afin de remettre en question le lien qui les unit à Veolia a été déterminant. Ils demandent toujours une baisse de plus de 20% du prix actuel de l’eau.
Récemment et pour la première fois, Veolia, qui a versé près de 23 M€ pour décrocher ce contrat de trente ans, a réagi. « C’est une décision unilatérale et c’est extrêmement dommageable, commentait, à Paris, Marc Renaume, directeur adjoint de Veolia Eau. On n’a aucun reproche à nous faire ni aux 77 techniciens qui travaillent là-bas avec beaucoup de conscience professionnelle. Nous avons beaucoup investi dans cette collectivité. Avec Pierre Moscovici, nous sommes davantage dans le cadre d’une posture politique avec une volonté de prise de risque. On n’arrivera peut-être pas à éviter la voie du contentieux. »
Un procès éventuel qui devrait intéresser beaucoup d’autres villes françaises prêtes à suivre l’exemple de Montbéliard."
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