A l’heure où les transferts de compétences vont se multiplier sous l’effet de la loi NOTRe qui a rendu obligatoire les prises de compétence de l’eau et de l’assainissement par les EPCI à fiscalité propre à l’horizon 2020, collectivités et usagers vont être confrontés à de délicates questions de modulation tarifaire, comme le rappelled une réponse récente du ministère de l’Intérieur à un parlementaire.
- La question écrite n° 14587 de M. Jean Louis Masson (Moselle - NI), publiée dans le JO Sénat du 22/01/2015 - page 140 (rappelle la question 13680) :
« M. Jean Louis Masson rappelle à M. le ministre de l’intérieur les termes de sa question n°13680 posée le 13/11/2014 sous le titre : " Modulation de la redevance d’assainissement dans une communauté de communes ", qui n’a pas obtenu de réponse à ce jour. Il s’étonne tout particulièrement de ce retard important et il souhaiterait qu’il lui indique les raisons d’une telle carence. »
- La réponse du Ministère de l’intérieur, publiée dans le JO Sénat du 11/06/2015 - page 1392 :
« Le principe d’égalité des usagers devant le service public impose au service de traiter les usagers sur un pied d’égalité, sans discrimination, dans la mesure où ces usagers se situent dans des situations comparables au regard du service.
Il garantit l’égalité d’accès au service et l’égalité de traitement, notamment tarifaire.
En application de ce principe, le Conseil d’État reconnaît que la fixation de tarifs différents pour un même service rendu à diverses catégories d’usagers implique, à moins qu’elle ne soit la conséquence nécessaire d’une loi, soit qu’il existe entre les usagers des différences de situation appréciables en relation directe avec le service assuré ou lié à des sujétions imposées ou subies par l’usager du service, soit une nécessité d’intérêt général en rapport avec les conditions d’exploitation du service ou de l’ouvrage (Conseil d’État, section, 10 mai 1974, Denoyez et Chorques).
La différence de tarifs ainsi instituée ne doit pas être manifestement disproportionnée au regard des circonstances ou des objectifs qui la motivent, et ne doit pas conduire à des transferts de charges entre catégories d’usagers.
Le niveau d’équipement des communes membres d’une communauté de communes ne semble pas constituer, en tant que tel, une différence de situation appréciable en relation directe avec le service assuré, pouvant justifier la fixation de différents montants de redevances d’assainissement.
En revanche, la question de la différence de niveau d’équipement entre les communes membres d’un même établissement public de coopération intercommunale (EPCI) est examinée, s’il y a lieu, lors du stade du transfert de la compétence assainissement des communes à l’EPCI.
Ainsi, si la communauté de communes est un EPCI à fiscalité professionnelle unique (FPU), elle devra verser une attribution de compensation à ses communes membres (V de l’article 1609 nonies C du code général des impôts).
Ces attributions de compensation, qui constituent une dépense obligatoire, ont pour objectif d’assurer la neutralité du transfert de compétences d’une commune membre à son EPCI. Dans ces conditions, les usagers ne paient pas deux fois les équipements d’assainissement collectif. »