L’ACME-Maroc a dénoncé dans un communiqué en date du 14 décembre 2010 la condamnation en appel, le 9 décembre, de sept habitants du village de Ben S’mim, proche d’Ifrane dans le Moyen-Atlas, qui s’étaient opposés à la privatisation des ressources en eau de leur village au profit du groupe Castel (Cristaline), qui a récemment racheté une entreprise créée à cet effet il y a plusieurs années.
« La Cour d’Appel de Meknès a confirmé, le 9 décembre 2010, le jugement du tribunal de Première instance rendu contre 7 habitants du village de Ben S’mim poursuivis pour avoir participé à des manifestations organisées par l’ensemble de la population du même village en septembre 2007 contre la cession par l’Etat d’une partie des eaux de leur source à une entreprise privée.
Alors que le procureur près de la Cour n’avait émis le moindre signe lors du procès en appel, le 25 novembre 2010, et que les avocats de la partie ‘’plaignante’’ (l’Euro-africaine des eaux) étaient absents du prétoire, ce jugement ajoute le déni de justice au déni de droit dont sont victimes les habitants de ce village appauvri du Moyen Atlas.
Il confirme que le gouvernement marocain, qui a pourtant adhéré de façon solennelle à la résolution des Nations Unies, adoptée au mois de juin 2010, qui reconnait le droit d’accès à l’eau à tout être humain, non seulement renie sa signature à ce propos, mais cherche à montrer – à travers un jugement politique – que face aux populations pauvres et au monde rural, seules ses décisions comptent, y compris les plus impopulaires et les plus expressives de sa démarche fondée sur l’économie de rente et sur la prééminence des intérêts privés, y compris lorsqu’il s’agit de secteurs vitaux, comme celui de l’eau.
Le même gouvernement prouve, par ailleurs, la continuité de sa démarche fondée sur le principe des ‘’deux poids deux mesures’’ en ce sens qu’il a été, par exemple, incapable de sanctionner, ou même de poursuivre, les sociétés délégataires des services publics de l’eau et de l’assainissement, qui ont montré une fois de plus leur faillite totale à travers les graves inondations qui ont particulièrement affecté les villes où elles sont présentes, notamment Casablanca, à la suite de pluies un peu plus importantes que la moyenne, dont celles du mois de novembre 2010.
Partant des principes qui fondent son action et de sa considération profonde que les habitants de Ben S’mim sont des victimes expiatoires de décisions injustes économiquement, socialement et politiquement, le Bureau national d’ACME-Maroc :
– Considère la décision de la Cour d’Appel de Meknès comme non fondée, en droit et dans les faits, et demande au gouvernement de revenir à la raison et d’annuler le jugement qui a frappé injustement tous les villageois de Ben S’mim à travers sept des leurs.
– Demande l’arrêt de l’exploitation des eaux du village dont l’une des irrégularités transparaît même à travers le nom commercial qui a été retenu, puisque l’eau de la source de Ben S’mim est aujourd’hui vendue comme l’eau de la source d’Ifrane. Se faisant, non seulement un village est pillé de ce qu’il a de plus précieux, mais le consommateur est lui-même trompé.
– Estime que le village de Ben S’mim doit être intégré dans toute politique publique de lutte contre la pauvreté à travers, spécialement, la restauration des canalisations d’eau dont il a historiquement disposé et la remise en service de son Sanatorium, dont la remise en service créerait emplois et ressources pour toute la région. »
Lire aussi :
Ben S’mim, la source de la colère
Carnets d’eau, Le Monde diplomatique, 7 novembre 2008
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