Un collectif regroupant plusieurs dizaines d’ONG, soutenu par le WWF-France, appelle à la mobilisation pour faire obstacle à la construction d’un nouveau barrage dédié à l’alimentation en eau potable, dont les travaux d’édification viennent d’être décidés sur la Semène, l’un des derniers affluents de la Loire encore épargné par les grands barrages…
L’entre deux électoral aura malheureusement accéléré une prise de décision contestée depuis plusieurs années par des défenseurs de l’environnement rendus furieux par le refus obstiné de l’administration et des porteurs du projet d’étudier sérieusement des alternatives pourtant envisageables, comme l’attestent les informations recueillies tout au long d’un processus, stigmatisé par ses opposants comme l’expression d’une véritable « république bananière » …
La teneur des positions arrêtées au terme de l’enquête publique laissait effectivement aisément deviner ce qui allait suivre, au vu de l’argumentaire déployé dans l’avis favorable du commissaire enquêteur…
Entre deux électoral
Or, entre deux électoral aidant, la préfète de la Loire vient tout juste de signer en catimini l’arrêté préfectoral de reconstruction du barrage des Plats.
« Envers et contre tout, et avant même la rencontre, prévue par ses services, avec nous autres pauvres environnementalistes..., fulminent les représentant des ONG. Le Plan Loire Grandeur Nature, la Directive cadre sur l’eau, tout est passé à la moulinette sans vergogne, tant la rage qui les habite leur fait perdre toute mesure.
Il semblerait que l’on se dirige donc vers un nouveau "Serre de la Fare", car
la signature de l’arrêté d’autorisation de construction du barrage des Plats, sur la Semène, intervient à l’issue d’une procédure administrative hâtive, indigne de l’enjeu. L’ Etat a localement refusé depuis 2006 toute échange avec la société civile sur le sujet, ce qui est un contre sens. La gestion durable de la ressource en eau, sur un bassin qui a lancé le Plan Loire Grandeur Nature en 1994, nous intéresse !
Ce projet d’ouvrage inadapté, plus que controversé, est un très mauvais signal en matière de gestion durable de la ressource en eau.
Toutes les associations du Collectif Loire Amont Vivante , et par delà, sont mobilisées pour préserver la Semène vivante, sa biodiversité : c’est la seule rivière du département de la Loire aujourd’hui sans grand barrage. Elle peut et doit le rester. »
Le Collectif Loire Amont vivante mobilise
Une cinquantaine de courriers ont dès lors été adressés le 29 mai à l’ensemble des autorités en charge du dossier, dont la nouvelle ministre de l’Ecologie :
« Nous avons le plaisir de vous faire parvenir un exemplaire de la position du WWF et de diverses ONG sur le projet de construction d’un nouveau barrage d’alimentation en eau potable, au lieu dit « Les Plats », sur la Semène dans le département de la Loire. Il existe selon nous des alternatives à cet ouvrage devenu dangereux, percé en 2006. Elles sont moins coûteuses, ont été étudiées pour partie par la Sogreah. Mais le pétitionnaire et la DDT de la Loire refusent de les explorer. Ils ont mené l’instruction du dossier au pas de charge pour lancer la construction pendant l’été, comme s’il y avait urgence. De fait, en dépit de toutes les évolutions en cours, imposées notamment par la Directive Cadre sur l’Eau, la menace posée par les changements climatiques, celles pesant sur notre biodiversité, quelques élus et représentants de l’Etat, contre l’avis plus que réservé de plusieurs agences, services, collectivités, établissements du bassin de la Loire tentent d’imposer la reconstruction d’un ouvrage sans justification sérieuse, essentiellement financé sur fonds publics en cette période de crise économique. Ceci n’est pas acceptable.
Depuis 2005 et la vidange ratée de cet ouvrage, les associations ont écrit à d’innombrables reprises aux diverses autorités locales pour nouer un dialogue, expliquer leurs arguments, faire des propositions. Il n’a jamais été répondu à leurs demandes. Dans ce département, l’Etat ne discute pas, ne discute plus : il impose, décide seul, avec une poignée d’élus. C’est préoccupant.
Les associations du Collectif Loire Amont Vivante, qui regroupe une quinzaine d’organisations de la société civile, vont tout mettre en œuvre pour que ce projet incohérent n’aboutisse pas. Elles veulent que, dans la Loire aussi, vivent l’esprit et la lettre du Plan Loire Grandeur Nature, lancé par Michel Barnier et Edouard Balladur en 1994. Ce projet pilote de gestion durable des fleuves est observé de près jusqu’en Chine : il est paradoxal que, dans le département qui porte le nom du « dernier fleuve sauvage d’Europe », le Plan Loire Grandeur Nature ne signifie rien. »