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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
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Livres
par Marc Laimé, 17 octobre 2024

Un florilège d’ouvrages pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons.

 Idées reçues sur l’eau et sa gestion, Sara Fernandez, Rémi Barbier et alii, 152 pages, 13 euros.

« Depuis quelques années, l’eau et sa gestion sont devenues un sujet de tensions, voire de conflits. Qu’on en manque ou qu’on en ait trop, les affrontements se multiplient autour d’usages contestés et d’une gestion perçue comme inégalitaire ou défaillante. La menace des « guerres de l’eau » est même parfois brandie, tant au niveau international qu’à l’échelle locale.

Sont ainsi pointés du doigt, une agriculture polluante et surconsommatrice, un aménagement des rivières préjudiciable à la biodiversité, des pénuries importantes dans les territoires d’outre-mer, des canalisations défectueuses à l’origine de fuites massives, une potabilité menacée, etc. Autant de sujets sur lesquels pro- et anti s’affrontent, souvent à coup d’idées reçues.

Les spécialistes réunis dans cet ouvrage nous permettent de démêler le vrai du faux d’enjeux qui nous concernent toutes et tous. »

 Les guerres du blé. Une éco-histoire écologique et géopolitique, Alessandro Stanziani, La Découverte, 344 pages, 22 euros.

« Pour quelles raisons des émeutes, des luttes pour les terres, des rivalités économiques et géopolitiques exacerbées, ainsi qu’une guerre de conquête se déchaînent-elles encore autour du blé ?

Cette situation résulte d’une histoire dont l’issue n’était pas écrite depuis que notre espèce a domestiqué les céréales, ni déterminée par la pression démographique d’une humanité confrontée à l’épuisement inexorable de ses ressources, mais qui remonte au XVIIe siècle.

Les guerres dont le blé apparaît à la fois comme l’enjeu et l’arme sont, d’une part, corrélatives de la naissance et de l’évolution de l’État moderne, notamment dans sa dimension impériale, d’autre part, tributaires du développement spéculatif du capitalisme. Il y a quatre siècles, les puissances qui allaient dominer le monde se sont bâties sur le blé ; en dépit de progrès économiques, sociaux, agronomiques et sanitaires majeurs, nous en dépendons toujours.

À travers le lien unissant l’expansion territoriale des États à l’approvisionnement en céréales, Alessandro Stanziani montre que le blé constitue un paramètre décisif pour rendre compte de l’extermination des nomades présumés aux Amériques, en Australie et dans les steppes eurasiatiques entre le XVIIe et le XIXe siècle, puis de l’issue des deux guerres mondiales, et des dynamiques à l’œuvre à l’époque de la guerre froide et de la décolonisation.

Connectées à l’organisation des marchés céréaliers, à la modification des techniques de récolte, à l’industrialisation et à la dérégulation spéculative globale, ces tendances longues éclairent la spirale d’inégalités, de désastres écologiques et de tensions géopolitiques que nous connaissons aujourd’hui.

 Consultocratie. Les nouveaux mandarins. Audrey Voillet, Eugène Favier-Baron, Adrien Saint-Fargeau, Simon Woillet. Préface de Benjamin Morel, Fyp éditions, novembre 2022, 192 pages, 22 euros.

« L’emprise croissante des multinationales du consulting n’est aujourd’hui plus à démontrer. Mais en perçoit-on clairement toutes les conséquences ?
En déléguant sa capacité d’analyse, l’État paraît n’être désormais que l’ombre de lui-même, condamné à bégayer des solutions, la plupart du temps inutiles, qui ne servent plus l’intérêt général. Portée par une idéologie qui dépossède les citoyens de leur pouvoir de décision, la gestion de l’action publique se réduit désormais à un exercice de communication, à grand renfort de nudges paternalistes fondés sur les sciences comportementales.

Au-delà du scandale McKinsey qui a révélé les sommes astronomiques que facturent les cabinets de conseil, cet essai choc et salutaire montre que le recours systématique au consulting correspond à un véritable bouleversement démocratique. Cette marchandisation de l’État, avec l’opacité comme doctrine, nous relègue dans un rôle de « citoyen-consommateur » et affaiblit notre vie politique.

Afin de protéger notre démocratie contre l’ingérence des cabinets de conseil dans nos politiques publiques, Consultocratie fournit des propositions concrètes qui permettent de restaurer la fonction de l’État et du Parlement, de réarmer la puissance publique et de réduire l’influence nocive de ces « nouveaux mandarins ». »

 Le service public empêché, Nadège Mezinat, septembre 2024, PUF, 275 pages, 24 euros.

« Fragilisé mais loin d’avoir disparu, le service public est aujourd’hui « empêché ». Plusieurs mécanismes l’entravent, le gênent, font obstacle à sa conduite et produisent confusion et insatisfaction chez les usagers, perte du sens de leur mission et souffrance au travail pour les agents, sentiment d’abandon et fatalisme chez les citoyens.

D’une entreprise ou d’une administration à l’autre (au sein de La Poste, de la SNCF, d’EDF, d’hôpitaux et d’autres services publics), les mêmes processus sont à l’œuvre : la libéralisation européenne favorise la concurrence, la marchandisation et la financiarisation fixent des objectifs de rentabilité, les privatisations bouleversent le statut des organisations qui produisent l’intérêt général.

Cet ouvrage se penche sur les effets de ces processus sur les usagers comme sur les travailleurs. Mais même si le principal effet de ces politiques est d’entraîner une désingularisation du service public, il n’empêche qu’il continue, malgré tout, de fonctionner.

Un ouvrage qui fait dialoguer plusieurs disciplines : sociologie, histoire et droit, par une spécialiste reconnue de la sociologie de l’action publique et du travail. »

 Trash vortex, Mathieu Larnaudie, Actes sud, 448 pages, 23 euros.

« Quelque chose est en train de craquer. Face à l’angoisse apocalyptique qui hante notre temps, les puissants de ce monde se préparent eux aussi à l’effondrement. Certains croient assurer leur survie en s’offrant de luxueux bunkers, d’autres capitalisent sur le désastre qu’ils ont contribué à provoquer.
Eugénie Valier, héritière déclinante d’un grand groupe industriel, se résigne quant à elle à une mort prochaine. Et puisque l’humanité court à sa perte, elle décide de démanteler l’empire érigé par son père au lieu de le léguer à son fils.

L’intégralité de sa fortune ira à une fondation destinée à nettoyer les “trash vortex”, ces vastes tourbillons marins qui charrient tous les déchets dérivant à la surface des océans. Mais cette mission, a priori vertueuse, sert en fait un projet de liquidation générale, auquel se mêle un inavouable règlement de comptes familial.

Avec cette satire virtuose des élites économiques, politiques, et des multiples acteurs qui gravitent autour d’elles, Mathieu Larnaudie nous emporte dans une traversée vertigineuse de notre époque, et signe le grand roman d’une civilisation fascinée par sa propre fin. Que reste-t-il à transmettre lorsque demain est incertain ? »

 Pourquoi l’écologie perd toujours, Clément Sénéchal, Seuil 2024, 224 pages, 19 euros.

« Il nous arrive d’entendre cette formule : nos politiques ne sont pas à la hauteur. C’est évident dans le cas de l’écologie, puisque rien ou si peu n’est fait par le gouvernement pour enrayer la machine infernale. Mais sa responsabilité, tout comme celle des multinationales et du fameux 1 %, n’est (presque) plus à prouver.

Clément Sénéchal s’attelle ici à comprendre les autres causes, plus discrètes, qui conduisent l’écologie politique à l’échec : celles qui s’enracinent dans son propre camp. Structurellement, l’écologie, fruit de l’environnementalisme, s’est constituée comme une cause des élites.

Dès les années 1970, ses militants, les ONG et certains politiques ont fait d’elle un objet de lutte pour privilégiés, morcelable, négociable et, surtout, profitable. Et, ce faisant, ils et elles ont réduit la lutte à une mise en scène, une morale abstraite, éloignée des citoyens et des citoyennes.

Ces acteurs de l’écologie B.C.B.G., s’ils ne cessent de marteler les constats scientifiques, se montrent nettement moins diserts sur leur propre échec. Pour construire les victoires de demain, il est pourtant nécessaire de regarder les impasses de cette « écologie du spectacle. »

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