Le 16 novembre dernier Eaux glacées narrait la calamiteuse affaire qui oppose depuis deux ans et demi une centaine d’habitants du quartier du Braden à Quimper, à la municipalité et à la Générale des eaux (Veolia), suite à des étonnantes explosions de conduite ayant entraîné des consommations d’eau dantesques et des travaux de réparation imputés aux victimes de ces dysfonctionnements. La Générale et la ville ne voulant décidément rien savoir, les sinistrés portent plainte.
On rêverait d’une ténébreuse affaire dévoilant d’un jour cru les pratiques de notre fermier (général), on ne pourrait trouver mieux !
Au lieu de régler discrètement un dysfonctionnement manifeste, nos capitaines d’industrie s’entêtent. Tant va la cruche à l’eau…
Déjà, la presse locale soutient nos sinistrés depuis le début. Politis, sous la plume de Patrick Piro, dans son numéro 939, paru le 15 février dernier, évoquait à son tour « Quimper, une ville sous pression ».
Rien n’y fait, l’impasse. Du coup nos amis du Braden saisissent la justice. Comme elle va immanquablement faire droit à leurs griefs, c’est à se demander si des responsables locaux de notre entreprise ne rêvent pas d’une mutation au soleil !
D’où viennent les fuites ?
Selon les conclusions d’un rapport commandé en 2006 par la ville, l’expert qui l’a réalisé, M. Guenno, a relevé des pressions de 10 bars en mai 2004, époque à laquelle les fuites ont débuté, mais pour la période des années 80 et 90, il ne dispose que des indications de la Générale, pour qui la pression n’aurait pas varié, relatait Ouest-France le 19 décembre 2006.
Édouard Ryckeboer, le président de l’Association des habitants du Braden estime pourtant que Veolia a augmenté les pressions dans la période récente pour amener l’eau jusque dans les nouveaux quartiers, ce qui aurait entraîné des pressions trop fortes dans les rues proches du surpresseur de Saint-Julien.
Un fameux surpresseur, installé en 1965, qui aurait dû être changé en 2004, selon l’association.
Selon lui, Veolia aurait augmenté la pression sans en avertir les usagers, ce qui fonde l’association a demandé des indemnisations.
Quelle que soit la cause, le diamètre des tuyaux posés dans les jardins des particuliers est au coeur du débat.
A la pêche aux bars
Le Document technique unifié (DTU) de 1959, qui fixe les règles en matière de plomberie, prévoit que les tuyaux soient en mesure de résister à la pression du réseau, ou à 1,5 fois cette pression, selon les cas.
Dans les années 80 et 90, la pression était réputée être à 4 bars, ce qui autorisait à utiliser des tuyaux de 6 bars, estime donc Édouard Ryckeboer.
Certains professionnels, comme Jean-Pierre Le Calvar qui vient de prendre sa retraite après avoir été plombier pendant 45 ans à Ergué-Armel, ne s’y sont pas fiés pour autant : « Je n’ai jamais installé cela à cause des « coups de bélier ».
Quand on ferme brusquement un robinet cela peut faire monter la pression à 8 ou 10 bars dans les tuyaux prévus pour 6 bars. Je mettais donc des tuyaux de 12 bars dans les années 60 à l’époque des tuyaux noirs en Socarex (le nom commercial des tuyaux en polyéthylène), puis du 16 bars quand c’est apparu, il y a une quinzaine d’années. »
Un autre plombier d’Ergué-Armel, qui était salarié dans les années 80, se souvient pourtant d’avoir posé des tuyaux de 6 bars : « Je faisais ce que me disait le patron. »
Du côté de la Capeb (petites entreprises du bâtiment), la section plomberie promettait d’y regarder de plus près, en interrogeant les professionnels en janvier 2007.
Pour les maisons de la rue de l’île d’Arz, il était prévu d’installer des tuyaux de 10 bars, mais l’enquête réalisée pour le rapport Guenno a permis de mettre au jour un tuyau de 6 bars…
Selon l’opinion de Jean-Pierre Le Calvar cependant, la pose de tuyaux 6 bars aurait été le fait d’entreprises extérieures bâtissant des pavillons : « Des tuyaux 6 bars au lieu de 12 bars, cela ne faisait pas une grosse économie, mais sur 100 pavillons ça finit par payer. »
Il dit intervenir depuis longtemps dans les jardins des pavillons, bien avant 2004, pour des fuites sur des tuyaux 6 bars.
Le rapport Guenno relevait cependant que les fuites se produisent aussi bien dans les lotissements que dans le « secteur diffus ».
Assignation en référé
Comme l’affaire traîne depuis mai 2004, date où des fuites en cascades ont fait monter les factures d’eau d’une soixantaine d’abonnés du Braden, et qu’aujourd’hui cela ne va guère mieux, puisque ce sont plus de 100 foyers qui sont concernés, aux dires d’Édouard Ryckeboer, président de l’association, celle-ci, épaulée par la CLCV, a décidé courant février d’assigner Veolia en référé.
D’autant plus, poursuit-il, que l’affaire aurait une toute autre ampleur : les surpressions enregistrées en mai 2004 seraient expliquées par le fonctionnement défectueux du surpresseur relais de Saint-Julien, chargé de faire monter l’eau jusqu’au Braden.
Un expert « amiable » avait donc été mandaté par la Ville de Quimper, afin d’y voir plus clair.
Celui-ci a bien constaté des variations de pressions importantes en mai 2004. Il a pu en effet consulter les relevés des enregistrements de pressions au départ du surpresseur de Saint-Julien.
Disparition d’archives
Bizarrement, les archives précédentes ont été perdues… Combien d’années les tuyauteries du Braden ont-elles eu à souffrir de ces surpressions ?
II est fort possible que les dégâts constatés sur le réseau du Braden aient en fait été générés par d’importantes et continuelles variations de pressions depuis plusieurs années, et que les dégâts découverts en mai 2004 ne soient que des dégâts apparents.
« Il y a 1 400 abonnés au Braden. Et de nouvelles fuites continuent à se manifester depuis 2004 » poursuit l’ami Edouard .
Autre certitude confirmée par les entreprises de plomberie Goyat de Quimper et Le Berre de Saint-Evarzec : la tuyauterie arrivant aux habitations du Braden et posée en 1980, est conforme aux normes en vigueur à l’époque.
Dernier constat : une annexe du contrat d’affermage, signé en 2001 par Véolia (ex Générale des eaux), prévoyait un diagnostic des installations intérieures privées.
Ce qui n’aurait jamais été fait et jamais demandé non plus par la Ville de Quimper !
« Pendant 20 ans il n’y a pas eu de fuites et en trois mois tout a cassé. Pourquoi ? » s’interroge notre trublion, qui rappelle au passage que le surpresseur de Saint-Julien posé en 1965 vient tout juste d’être changé l’an dernier.
Fonctionnait-il déjà normalement en 2004 et auparavant ? Une occasion de rappeler aussi l’article 43 du règlement de service concernant la distribution de l’eau et établi par la mission interministérielle de l’Équipement. Il précise (en substance) que « les variations de fortes amplitudes ne peuvent être tolérées ».
Dialogue de sourds
L’association des habitants du Braden estime qu’elle a tout essayé pour tenter de parvenir à un règlement amiable de l’affaire, mais que Véolia n’a jamais voulu se mettre autour d’une table pour trouver une solution.
Elle déplore aussi que la Ville l’ait laissée se débrouiller toute seule. « Elle devait veiller à la bonne exécution du règlement de service, ce qui n’a pas été le cas. »
Des solutions existent en effet, en installant des réducteurs ou surpresseurs collectifs, comme c’est le cas à Rosporden.
Estimant donc que Véolia n’a pas « assumé ses responsabilités, n’a pas respecté le règlement de service, ni exercé son devoir de conseil. » l’association des habitants du Braden a demandé en référé au tribunal de grande instance de Quimper, la commission d’une expertise judiciaire.
La décision devrait être prise fin mars.
« Une décision favorable en justice pourra ensuite servir de point d’appui pour chaque usager en cas de problème avéré, » précisent les responsables de l’association.
« On ne travaille pas que pour Quimper. On veut que cela fasse jurisprudence sur la totalité du territoire. On ne veut pas qu’un vendeur d’eau puisse ainsi augmenter la pression sans en avertir la population », insistent-ils avec la CLCV.
A suivre…
M. Loïc Philippon, président de Kemper-Cornouaille 2010, a été en charge de la gestion de l’eau à la ville de Quimper dans la précédente mandature (jusqu’en 2002).
Il présente ici son analyse concernant l’actuelle politique municipale, qui, en ce domaine, est caractérisée par une certaine continuité : la reconquête de la qualité de l’eau à la source.
commentaires
Il est écrit dans le blog sur les fuites d’eau de QUIMPER
" Pour les maisons de la rue de l’île d’Arz,il était prévu d’installer des tuyaux de 10 bars,mais l’enquête réalisée pour le rapport GUENNO à permis de mettre à jour 1 tuyau de 6 bars... "
Cette affirmation de Mr GUENNO ( expert mandaté par la ville de QUIMPER )
met en cause la société "AIGUILLON CONSTRUCTION " constructeur des pavillons de la rue de l’île d’Arz ,qui n’aurait pas pas rempli ses obligations en posant un tuyau de 6 bars au lieu d’un tuyau 10 bars
lors de la construction des pavillons il ya plus de 20 ans , ce qu’elle nie.
En tant qu ’ habitant de la rue de l’île d ’Arz , je conteste également l’affirmation de l’expert selon laquelle le tuyau posé n’était qu’un tuyau de 6 bars : l’annotation gravée sur l’échantillon prélevé était quasiment indéchiffrable après un séjour de plus de 20 ans sous terre et pour information , il a fallu appliquer une pression de plus de 20 bars sur l’échantillon de tuyau prélevé pour le faire éclater .
Je précise que l’expert judiciaire ( nommé par le tribunal ) à confirmé les surpressions sur le réseau du Braden et que s’appuyant sur les dires de cet expert des sinistrés, dont je fais partie, ont assignés la société" VEOLIA "
en justice début 2008 .
J’ai reçu une facture d’eau 12 fois supérieure à ma consommation habituelle(1500 euros) la Saur Gestionnaire sur Belle Ïle en mer ne veut rien savoir que me conseillez-vous ? Merci d’avance.B.Gaben