Un sénateur républicain de Charente Maritime interroge le ministre de l’Agriculture sur l’implantation de cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN), en zones vulnérables et l’évolution de la réglementation, avec l’idée bien sur d’en finir avec ces odieuses réglementations qui tuent la croissance au prétexte saugrenu de protéger l’environnement. Réponse toute en contorsions du Minagri agitant des « souplesses nationales et régionales » sous le museau de la FNSEA. On comprend sans peine pourquoi le prix de l’eau va inéluctablement augmenter.
– La question écrite n° 17844 de M. Daniel Laurent (Charente-Maritime - Les Républicains),
publiée dans le JO Sénat du 24/09/2015 - page 2215 :
« M. Daniel Laurent attire l’attention de M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur l’obligation d’implantation des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN), afin de réduire la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole.
Cette disposition nationale s’applique sur l’ensemble des zones vulnérables aux nitrates. Elle peut toutefois faire l’objet d’une dérogation motivée par arrêté préfectoral.
Les agriculteurs s’interrogent sur les raisons de l’uniformité territoriale d’une mesure qui ne correspond pas aux conditions pédoclimatiques locales, dont l’impact environnemental serait anecdotique et qui entraînerait de plus des charges pour les agriculteurs, dans un contexte économique très tendu en production végétale. En conséquence, il lui demande si cette obligation a fait l’objet d’évaluation quant à son efficience et si des mesures de simplification, d’ordre réglementaire, sont envisagées en la matière. »
– La réponse du Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, publiée dans le JO Sénat du 14/01/2016 - page 143 :
« Afin d’améliorer durablement la qualité des eaux en matière de pollution par les nitrates et de contribuer à la réalisation des objectifs de qualité des masses d’eau fixés par la directive cadre sur l’eau, les quatrièmes programmes d’actions nitrates avaient prévu, en 2009, pour l’ensemble des zones vulnérables, le maintien des bandes végétalisées le long des cours d’eau et l’obligation de couverture des sols pendant la période de risque maximal de lessivage.
La couverture des sols, par des cultures d’hiver, des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN), des cultures dérobées, des repousses de colza ou des cannes de maïs grain, sorgho ou tournesol broyées et enfouies a été progressivement généralisée. L’objectif de couverture imposé aux agriculteurs a augmenté au fil des années pour atteindre 100 % des surfaces en zones vulnérables en 2012.
Les évolutions réglementaires relatives à l’application de la directive « nitrates », intervenues de 2011 à 2013 dans le cadre d’une procédure contentieuse engagée par la Commission européenne contre la France auprès de la Cour de justice de l’Union européenne pour mauvaise application de la directive, incluent la reconduction de cette mesure de couverture végétale destinée à absorber l’azote du sol dont l’intérêt a été confirmé par l’expertise scientifique collective achevée par l’institut national de la recherche agronomique en juin 2012.
Cette étude montre ainsi que l’implantation d’une CIPAN à la fin de l’été et à l’automne présente, lorsqu’elle est réalisée dans de bonnes conditions, des bénéfices agronomiques, environnementaux et économiques.
Si le premier objectif d’une CIPAN est d’absorber les nitrates présents dans le sol pour éviter leur entraînement vers les eaux, la CIPAN peut également aider à lutter contre les phénomènes d’érosion, améliorer l’état structural du sol, ou encore limiter les coûts de fertilisation en restituant l’azote qu’elle stocke à la culture suivante.
Bien choisi, le couvert intermédiaire est aussi susceptible de contribuer au contrôle des adventices et à la lutte contre certains ravageurs ou maladies. Une culture intermédiaire peut également être valorisée en production fourragère ou en culture énergétique.
Concernant plus spécifiquement le rôle de « piège à nitrates » des CIPAN, cette étude montre que les CIPAN sont efficaces pour réduire la teneur en nitrates de l’eau de drainage aussi bien en interculture courte qu’en interculture longue, sauf dans le cas d’interculture longue à récolte tardive.
L’étude comprend également des résultats sur la durée d’implantation optimale, les sols argileux, ou encore sur la couverture par les repousses de colza et de céréales, qui ont été pris en compte dans les réflexions pour l’élaboration de l’arrêté du 23 octobre 2013 modifiant l’arrêté du 19 décembre 2011 relatif au programme d’actions nitrates.
Ainsi, la rédaction de cette mesure a profondément évolué dans le nouveau programme d’actions. Là où le quatrième programme d’actions introduisait un pourcentage minimal de couverture des sols à l’automne, le nouveau programme d’actions retient une nouvelle approche, plus respectueuse des spécificités pédo-climatiques des territoires et des conditions agronomiques de production. Il impose la couverture des sols en interculture longue, et en interculture courte derrière colza, mais des souplesses nationales et régionales sont ouvertes pour le type de couvert (CIPAN, repousses, gestion des résidus…) et les situations particulières (récolte tardive, sols argileux, faux semis…).
Le programme d’actions national autorise ainsi la couverture des sols par les repousses de céréales sur 20% de la surface en interculture longue de l’exploitation, ce qui constitue une ouverture par rapport aux quatrièmes programmes d’actions.
Il ouvre aussi des possibilités d’adaptations régionales, qui devront être déclinées dans les programmes d’actions régionaux, et par lesquelles les obligations sont allégées dans un certain nombre de situations particulières (récolte tardive, sols argileux, pratique du faux semis, contexte climatique particulier de la zone méditerranéenne sur laquelle un déplafonnement du taux de repousses est possible dès lors qu’elles sont denses et homogènes spatialement).
La mesure relative à la couverture des sols pour limiter les fuites d’azote au cours des périodes pluvieuses, simple à contrôler et très efficace pour diminuer les fuites de nitrates vers les eaux, qui a un coût très modéré pour l’exploitant, a donc toute sa place dans le programme d’actions nitrates.
Si la directive nitrates ne cite pas explicitement cette mesure, elle impose aux États membres d’inclure dans leurs programmes d’actions toutes les mesures supplémentaires ou actions renforcées nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction de la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole, et de choisir ces mesures en tenant compte de leur efficacité et de leur coût. »
Toute réglementation nouvelle est vécue comme une contrainte supplémentaire.
« Profitez des réglementations, des subventions, pour modifier, moderniser, améliorer vos pratiques ». C’est l’esprit du conseil qui fut adressé à mon voisin agriculteur, il y a une bonne dizaine d’années.
Certes il n’est pas facile de se remettre en question : il peut y avoir l’aspect financier, l’incertitude de l’inconnu.
L’association radis noir, trèfle incarnat et avoine (je suis moins sûr de la présence de cette dernière) donne bon résultat : au niveau de la structure du sol (dans nos terres argileuses, il décompacte profondément) et de la fixation de l’azote dans le sol (azote excédentaire et fixation de l’azote atmosphérique par la présence de la légumineuse).
Il subsiste le problème de l’installation de cette culture intercalaire : j’ai vu d’autres voisins préparer le terrain comme pour une culture. Le carburant consommé ne sera pas compensé par le moindre apport en azote. De plus, le futur labour sera compromis par leur travail trop en profondeur.
La bonne solution, dans notre terroir, semble être l’utilisation d’un semoir spécifique qui se contente de griffer le sol entre les chaumes.
Il faudra donc prévoir un nouvel achat (pas aisé, la période est plutôt tendue, les finances à l’étiage)...
Pendant ce temps, 68 000 hectares sont artificialisés chaque année.
Pendant ce temps, la compensation semble être la solution qui nous fait croire qui ce a été détruit ici, n’a été que déplacé là.