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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Le dossier des pesticides aux Antilles
par Marc Laimé, 17 septembre 2007

A la veille de la présentation à l’Assemblée nationale le mardi 18 septembre 2007 par le docteur Dominique Belpomme d’un rapport dans lequel ce cancérologue, protagoniste de l’Appel de Paris, estime que la Martinique et la Guadeloupe ont été empoisonnées par des pesticides menant à un désastre sanitaire, une situation que les autorités françaises semblent enfin enclines à reconnaître trente ans après la première alerte, Eaux glacées et l’association S-Eau-S rappellent la chronologie de cette catastrophe environnementale et humaine et l’interminable litanie des rapports et enquêtes qui se sont succédés depuis trente ans…

Les ravages provoqués par l’utilisation du Chlordecone aux Antilles françaises sortent enfin de l’ombre.

Une nouvelle étude scientifique orchestrée par le professeur Dominique Belpomme, cancérologue de renom, relance en effet le débat, notamment politique, sur la pollution par le Chlordécone, qualifié « d’arbre qui cache la forêt ». Car selon l’étude, ce sont plus de cent pesticides de types différents qui auraient été déversés en Guadeloupe durant les dix dernières années…

C’est sur la base des observations de la mission parlementaire de juin 2005 (voir ci-après), jugée lacunaire si ce n’est erronée, que le professeur Belpomme a conduit une enquête du 30 avril au 5 mai 2007 auprès de la population, du Conseil de l’Ordre des médecins, de l’Union des médecins libéraux de la Martinique, des élus, de plusieurs agriculteurs et chefs d’industries et de certains responsables administratifs de l’île.

Ses conclusions, parues en juin dernier, réunies dans un « Rapport d’expertise et audit externe concernant la pollution par les pesticides en Martinique » en décrivent les conséquences agrobiologiques, alimentaires et sanitaires.

Il en ressort "une extrême gravité de la pollution par les pesticides en Martinique". La gravité de la situation est liée à la fois à la pollution de l’eau, à la détérioration du littoral, à la baisse de fertilité, à la très forte augmentation d’incidence des cancers de la prostate et du sein, tant en Guadeloupe qu’en Martinique, enfin à la baisse des taux de natalité et de fécondité.

L’étude du professeur Belpomme, qui souligne la nécessité d’études complémentaires, suggère également la mise en œuvre d’un nouveau plan de sauvegarde en cinq points.

Lire le rapport Belpomme

En plein "Grenelle" la conférence de presse organisée à l’Assemblée est-elle susceptible de changer la donne ?

L’expérience incline à la circonspection dans cette affaire de pollution, certes gravissime, mais qui défraie la chronique depuis ... trente ans !

Car, aussi incroyable cela puisse-t-il paraître, de 1977 à 2003, les premiers rapports circonstanciés transmis aux autorités de tutelle ne susciteront aucune réaction officielle.

Chronique d’un désastre annoncé

 1977 : le rapport Snégaroff (INRA)

 1979-1980 : le rapport Kermarec

 1993 : Etude dans l’estuaire du Grand Carbet (Unesco)

 1998 : Rapport Balland-Mestres-Faget, mission d’inspection diligentée par les ministères de l’Environnement et de l’Agriculture

 2001 : Rapport Bonan-Prime (IGAS-IGE), remis le 5 juillet 2001 à Mme Dominique Voynet, ministre de l’Environnement, et à Mme Dominique Gillot, secrétaire d’Etat à la Santé.

 Novembre 2002 : Plan d’action du Groupe régional phytosanitaire de Martinique (Grephy)

 Mars 2003 : Rapport établi par Eric Godard, ingénieur du génie sanitaire à la Direction de la Santé et du Développement social de la Martinique. Forum international environnement santé.

Voir l’analyse de ces rapports dans l’enquête publiée le 10 août 2005 par Gérard Borvon, responsable des Verts en Bretagne, animateur de l’association S-Eau-S :

« Une pollution grave de l’eau et des sols dans les Antilles. DOM-TOM : les oubliés des lois sur l’eau. »

- 2003 : le Comité national de l’eau évoque la question du Chlordecone en Guadeloupe.

La présentation effectuée par le représentant de la Diren Guadeloupe et un conseiller général guadeloupéen ne suscite commentaire particulier.

Extraits :

« 2.2. Pollutions d’origine agricole »

2.2.1. Pesticides

Les campagnes de mesures réalisées en décembre 1999 et au début de l’année 2000 ont révélé une contamination très importante par les pesticides de certains points de prélèvements situés dans la partie sud de la Basse-Terre. Une dizaine de molécules ont été trouvées et trois d’entre-elles dépassent nettement les normes de potabilisation. Il s’agit du chlordécone, de la dieldrine, et du HCH. Ces trois molécules entrent dans la composition d’insecticides. Elles appartiennent à la famille des organochlorés et sont très rémanentes. Elles sont interdites à la vente depuis respectivement 1993, 1972 et 1987. Ces résultats et la présence de chlordécone dans les sédiments de la Rivière du Grand-Carbet en 1993 révèlent une large contamination des ressources en eau en Guadeloupe. Les cultures les plus consommatrices de produits phytosanitaires sont la banane et le maraîchage. Il est cependant difficile d’identifier avec précision les causes des pollutions par les pesticides car les pratiques des agriculteurs sont mal connues pour diverses raisons :

 en ce qui concerne la banane, une partie des produits vendus par les SICA bananières est utilisée pour d’autres cultures ;

 les maraîchers sont très peu suivis techniquement ;

 il semble qu’une partie des produits utilisés ne passe pas par les filières officielles.

Par ailleurs, la culture de la banane en Grande-Terre présente un risque de pollution par les pesticides du fait de la vulnérabilité de la nappe. Enfin, la recherche des pesticides est compliquée par la nécessité d’envoyer les prélèvements en métropole pour qu’ils soient analysés.

2.2.2. Engrais

Les risques de pollution liés à l’utilisation des engrais résultent d’une augmentation des nitrates dans l’eau. Comme indiqué au paragraphe 2.1.2, une augmentation des concentrations en nitrates dans les eaux de forage de Grande-Terre a été constatée. Les campagnes de suivi des concentrations en nitrates en rivières et en nappes, qui constituent un préliminaire à l’éventuelle définition de zones vulnérables au sens de la directive nitrates, sont en cours de réalisation en 2001.

2.3. Pollution domestique

En matière d’eau domestique, l’objectif prioritaire a toujours été la fourniture d’une eau de qualité à l’ensemble des habitants de la Guadeloupe. L’assainissement ne venait qu’au second plan. Cette hiérarchie est la cause des médiocres résultats en matière de traitement des eaux domestiques d’une part et du peu de données disponibles dans ce domaine d’autre part. Les zones sensibles et les périmètres d’agglomérations au sens du décret 94-469 du 3 juin 1994 sont en cours de détermination. La réalisation d’un schéma directeur d’assainissement a été fixée comme préalable pour toute aide en matière d’assainissement. Au 1er septembre 2002, les schémas directeurs d’assainissement sont :

 terminés pour 20 communes,

 en cours de réalisation pour 3 communes,

 programmés pour 7 communes. »

-Voir le SDAGE de la Guadeloupe, adopté par le Comité de bassin le 19 juin 2003, et approuvé par le Préfet le 25 juillet 2003.

Le 25 novembre 2003 Libération publie une enquête de Corinne Bensimon, titrée « Paraquat, la mort au bout de la sulfateuse », soulignant que la France avait œuvré contre l’interdiction en Europe de ce pesticide très toxique.

A dater de 2005 les missions d’enquête et rapports se multiplient :

- Avril 2005 : Le rapport IGAS-IGE-IGF-CODERCI.

- 30 juin 2005 : Le rapport d’information parlementaire présenté par M. Joël Beaugendre.

- Août 2005 : le rapport sur le Chlordecone de l’AFSSA

En mai et juin 2007 un bras de fer judiciaire oppose l’Etat aux associations qui dénoncent l’ampleur du désastre :

- 13 mai 2007 : « Antilles, silence, on empoisonne », par l’association S-Eau-S.

- 5 juin 2007 : « Antilles polluées par le Chlordecone : qui veut faire taire Harry Durimel ? », par l’association S-Eau-S

- 6 juin 2007 : « Le Chlordecone va-t-il tuer des milliers de Guadeloupéens et de Martiniquais ? », par Les eaux glacées du calcul égoïste.

Il aura fallu attendre les ravages du cyclone Dean pour voir l’Etat, confronté au "crash" de l’industrie bananière, non pas admettre l’ampleur de la contamination, mais se préoccuper vivement de l’indemnisation des planteurs, comme le relatait Libération le 30 aout 2007, titrant : "Epandage d’indemnités pour éliminer les polémiques"

On est donc fondé à s’interroger sur les mesures concrètes qui pourraient désormais répondre à l’ampleur de la catastrophe…

Et on peut éprouver quelques doutes, si l’on en croit les termes d’une dépêche de l’agence Reuters diffusée le lundi 17 septembre 2007, selon laquelle Mme Roselyne Bachelot, ministre de la Santé « invitait à la prudence sur les pesticides aux Antilles »

« La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a estimé lundi que les conclusions d’un rapport qui dénonce le "désastre sanitaire" causé aux Antilles par l’utilisation massive de pesticides devaient être "confirmées par des études scientifiques de haute qualité".

"Pour l’instant, le Pr (Dominique) Belpomme pose des questions, il n’apporte pas de réponse formelle", déclarait-elle ce même jour au journal de 13 heures de France 2, en précisant toutefois "partager ses inquiétudes".

Jugeant l’affaire "très sérieuse", elle a souligné par la suite, sur Europe 1, que "même si les résultats des études (épidémiologiques menées sur place) n’ont pas été rendus, le principe de précaution doit prévaloir".

D’où la recommandation faite aux habitants de ces îles de limiter leur consommation d’eau de source et de produits de leurs jardins. »

Encore combien "d’études scientifiques de qualité", Madame la ministre ?

Shocking

A force on s’attend à tout, mais là on en demeure pantois…

Cette fois les "spin-doctors" passent les bornes.

Le mardi 18 septembre 2007, avant la tenue de la conférence de presse du Docteur Belpomme, un communiqué de presse de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) « calme le jeu », mentionne deux nouvelles études publiées en 2005 et 2006, mais surtout avance un argument qui n’avait pas jusqu’à présent été porté au débat :

« (…) A ce jour, aucun lien n’a été démontré entre l’exposition aux pesticides aux Antilles et les observations sanitaires qui y ont été effectuées : la plus grande fréquence absolue du cancer de la prostate aux Antilles par rapport à la métropole peut être expliquée par l’origine ethnique de la population (facteur de risque bien documenté aux Etats-Unis). La diminution du nombre d’enfants par femme est également non spécifique et relève de bien d’autres causes que d’un impact sanitaire sur la biologie de la reproduction. »

Les Antillais apprécieront...

Mais si l’on en croit l’article publié par Afrik.com le mardi 18 septembre , et les réactions de ses lecteurs, les palinodies des autorités passent mal…

Malheureusement cet argument "génétique" sera de nouveau évoqué le 21 mars 2007 par des chercheurs de l’unité Inserm/Université de Rennes 1 dans une déclaration au journal" Ouest-France, dérive contre laquelle s’insurge Gérard Borvon, dans un texte publié le même jour : Chlordecone aux Antilles : le retour à l’Omerta.

Dans l’attente de nouveaux développements on peut donc consulter deux nouvelles études publiées en 2005 et 2006 : « Pesticides organochlorés et santé publique aux Antilles françaises » parue dans le Bulletin d’Alertes et de surveillance Antilles Guyane (Basag) n° 8, de juin 2005.

Et « Pesticides organochlorés aux Antilles. Premiers résultats de l’évaluation des risques sanitaires liés aux aliments. », parue dans le Bulletin d’Alertes et de surveillance Antilles Guyane (Basag) n° 5, de juillet 2006.

Pour faire bonne mesure les autorités renvoyaient également à deux études menées par l’Inserm U 625, les services de gynécologie-obstetrique, pédiatrie et urologie du CHU de Poinre-à-Pitre et le CIMT Guadeloupe, et dont une présentation orale a été effectuée à Fort-de-France le 26 février 2007.

Lire :

« Exposition des populations antillaises au Chlordecone et risques pour la santé »

Rebondissement en décembre 2007

Le site Rue 89 annoncera le 6 décembre 2007 que M. Patrick Lozès, président du Cran, démissionne de la mission qui lui avait été confiée fin octobre 2007 par M. Jean-Louis Borloo en Martinique. Il accuse le ministère de l’Environnement d’avoir fait pression sur lui pour étouffer un "scandale écologique majeur", celui de la pollution par le chlordecone…

A suivre.

Lire :

"Chronique d’un empoisonnement annoncé", Louis Boutrin et Raphaël Confiant, L’Harmattan, mars 2007.

A SONG :

 Die Einheitsfront – Le Front des travailleurs

impression

commentaires

1 TOM le "moyen paliatif pour pesticides en fin de vie"

Il n’y a pas que les Antilles, Les Pesticides Non Utilisables en France peuvent finir leur vie commerciale hors du territoire métropolitain.

Nous attirons votre attention sur une situation préoccupante en termes de santé publique concernant les populations de Nouvelle-Calédonie.
Ses habitants se demandent comment des pesticides représentant des risques importants et avérés sur la santé sont encore utilisés alors que les autorisations de mise sur le marché (AMM) leur ont été retirés et parfois depuis plusieurs années.
Dans le Rapport 2430 les rapporteurs de l’Assemblée Nationale, estimaient légitime une telle préoccupation à l’égard du “Chlordécone” aux Antilles. Ils n’avaient pas accrédité la thèse selon laquelle, par négligence, on sacrifiait la santé des populations ultramarines, tout en protégeant celles de l’hexagone, au motif qu’une autorisation de vente n’est pas délivrée pour une zone géographique, mais au propriétaire d’une spécialité commerciale, pour un usage déterminé.

A ce jour, des produits dangereux non autorisés en France métropolitaine ou en Europe sont “homologués” en Nouvelle-Calédonie où l’on enregistre le record mondial des cancers de la thyroïde (Institut Pasteur 2002) et les plus mauvais résultats du Pacifique pour les tumeurs du système nerveux et leucémies “Les cancers de l’enfant en Nouvelle-Calédonie” (Durantel P. 1991). L’Institut de médecine légale de Strasbourg dans “Mise en évidence de l’exposition aux pesticides” précisait dès 1999 que les risques neurologiques, de cancers, et les effets sur la fertilité n’étaient plus à démontrer. Nous savons que les fœtus sont exposés in utero aux molécules passant la barrière placentaire (Gary 2001 ; Belpomme 2004).
En Nouvelle-Calédonie, plus de 40 pesticides sont utilisés sans AMM
et l’on sait que ces poisons agissent avec retardement comme une mine antipersonnel.

Des milliers de litres d’endosulfan, (insecticide perturbateur endocrinien, chimiquement proche du Chlordécone), ont été pulvérisés sur les plantations de caféiers pendant des années. La dangerosité de ce produit et son mode d’épandage ont été plusieurs fois dénoncés localement, en 1998 “Avis d’alarme à Monsieur le Secrétaire général du Territoire” et en 1999 “Le risque chimique en agriculture” (Ledroit B.). Ce pesticide n’a plus d’autorisation de mise sur le marché en métropole, mais il est “ homologué ” et toujours en usage en Nouvelle-Calédonie.
De récentes analyses de résidus sur fruits et légumes commandées par l’UFC Que Choisir Nouvelle-Calédonie ont permis de déceler des dépassements de seuil réglementaire (LMR) et, fait plus inquiétant, l’usage de produits illicites (Heptachlore, anti-termites interdit en agriculture depuis 1986). Dans le même temps, la Direction des Affaires Vétérinaires, Alimentaires et Rurales (DAVAR) qualifie de plutôt satisfaisant son bilan d’analyses de résidus (Ref. 3320-1348 18/04/2007).
Cette « Violence trans-lucide »
connue mais non reconnue, imprègne le sang et soulève l’inquiétude de la population.

poste par palombier - 2007-09-18@10:04 - repondre message
2 selon I’InVS, il n’y a aucune preuve de lien entre les pesticides et les observations sanitaires de M. Belpomme.

sujet complexe ou un sujet polémique ?
En tout cas, l’InVS a réagi très vite aux propos de M. Belpomme en publiant dès aujourd’hui, le 18 septembre, un communiqué qui affirme qu’il n’y a "aucune preuve d’un lien entre l’exposition aux pesticides et les observations sanitaires".
...et ce communiqué bien documenté est convaincant.

Les querelles scientifiques ne sont une nouveauté pour personne : elles sont l’essence même de la recherche. Ayant compris cela, j’ai coutume de penser qu’il y a autant d’avis scientifiques qu’il y a de scientifiques. Ainsi, pour moi, les seuls avis valables sont ceux qui émanent de "collectifs scientifiques" indépendants de tout bénéfice de notoriété personnelle. L’INSERM 625 correspond à ce profil.

poste par pomme - 2007-09-18@15:40 - repondre message
3 Il n’y a aucune preuve qui démontre que les pesticides ne sont pas cancérigènes.

Il n’y a aucune preuve, entend-on dire, ou de lien avéré ...
Mais de fortes suspissions qui invitent au principe de précaution. Ne faut-il pas renverser la charge de la preuve ? et demander aux instituts de nous prouver qu’il n’y a pas de lien avéré.
Le 13/09/2007 les médias énonçaient les résultats d’un rapport présenté en 3 versions faisant corps
traitant de la cause des cancers en France
Évolution de l’incidence et de la mortalité par cancer en France de 1978 à 2000
220 p., Dépôt légal : septembre 2002, Edité le 5/08/2003,
Les causes du cancer en France Rapport version abrégée, 48 p., non daté,
Les causes du cancer en France nouvelles données scientifiques dossier de presse, 13 p. non daté.

Les experts nous précisent que l’on ne peut imputer de pouvoir cancérigène aux pesticides, selon l’argumentation reproduite ci-après.
<< Plusieurs pesticides ont été accusés de causer des cancers chez l’homme, mais aucun des pesticides utilisés actuellement n’est cancérogène chez l’animal ou chez l’homme (Siemiatycki et al, 2004). Quelques études cas-témoins montrant une association entre l’exposition et des cancers ont été publiées, mais ces résultats sont sans doute dus à plusieurs facteurs : i) en raison du grand nombre d’études effectuées, il est normal que certaines études soient positives à cause des fluctuations statistiques ; ii) à des biais de mémoire, les sujets atteints de cancer ayant davantage tendance à se rappeler des expositions que les sujets bien portants ont oublié (Shuz et al, 2005). Un exemple de tels biais est donné par les résultats faussement positifs rapportés pour les catabolites du DDT.
Les premières études publiées étaient très positives. Les études ultérieures n’ont pas retrouvé ces résultats et l’analyse conjointe de l’ensemble des données a permis de l’exclure. (figure B10.1).
En conclusion, le lien putatif entre pesticides et cancer ne repose sur aucune donnée solide. >>

Sur le plan scientifique, la consultation des publications citées ci-dessus infirment ces allégations :
1) Siemiatycki J. dans “ Dépistage des cancérogènes en milieu de travail ” Université de Montréal, 2005, répertorie selon la terminologie du CIRC, - 2 pesticides cancérigènes certains - 3 pesticides probables - 17 possibles ; responsables de leucémies, cancer du système nerveux et des poumons, responsables de lymphomes non hodgkinien.
2) Shuz J. en 2001 met en évidence le risque des pesticides utilisés dans le traitement du bois, son étude est rapportée par Sténuit J. & Van Hammée M. L. dans “Aperçu sur l’épidémiologie des pesticides” qui concluent “Combien d’études va-t-on encore devoir faire avant d’interdire les pesticides soupçonnés d’induire des malformations congénitales ou des cancers chez les enfants ? Combien d’enfants payeront-ils de leur vie les atermoiements des responsables toujours en attente d’une preuve irréfutable ? ”

Sur le plan administratif “le lien putatif entre pesticides et cancers” est consolidé. En effet, la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) est prélevée sur les pesticides classés Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques (CMR). Attendu que le rapport des experts écarte la cause des pesticides, nous serions incités à croire que la TGAP est objet d’une perception indue. Mais leur rapport désuet est contredit par les documents suivants :

1) Le plan interministériel de réduction des pesticides du 28 juin 2006 dresse la liste des 47 produits toxiques dotés d’un pouvoir aggravé Cancérigène Mutagène et Reprotoxique.

2) L’index phytosanitaire ACTA 2007 se réfère au risque cancérigène suspecté depuis le 31 juillet 2004 ;
et aux risques suivants : R 40 = effet cancérogène R 45 = Peut causer le cancer R 46 = peut causer des altérations génétiques héréditaires R 49 = Peut causer le cancer par inhalation.
R 60 R 61 R 62 R 63 concernent la fertilité, la reproduction et les malformations congénitales.

3) La directive 91/414/CEE qui traite de la mise sur le marché des produits phyto-pharmaceutiques fut modifiée le 12 septembre 2007. Il y est soutenu l’interdiction des substances génotoxiques, carcinogènes, toxiques pour la reproduction ou exerçant des perturbations endocriniennes, il y est proposé d’y ajouter les substances neurotoxiques et immunotoxiques.

En conclusion, il y a lieu de s’interroger sur le flou résultant des dates et contenu de chacune des versions du rapport ; de la responsabilité des rédacteurs et relecteurs et des journalistes relais d’une campagne de désinformation émise sur les chaînes de télévision le 13 septembre 2007 .

poste par palombier - 2007-09-18@20:35 - repondre message
4 Les causes du cancer en France nouvelles données scientifiques réchauffées

Les chiffres annoncés par les médias font état du rapport sur l’évolution de l’incidence des cancers en France entre 1978 et 2000.

On annonce essentiellement que les causes sont imputables au risque comportemental :
le tabac, l’alcool, les hormones. (TSH)
D’autres risques sont aussi répartis de façon discutable (ensembles et sous-ensembles non cohérents)...

On peut lire :
 << Un résultat est qualifié de significatif s’il a moins de cinq chances sur cent d’être observé sous l’effet du hasard. Il faut donc s’attendre en l’absence d’effet à ce qu’une étude sur vingt paraisse significative simplement du fait des fluctuations statistiques.
Il existe au cours de la cancérogenèse de nombreuses interactions entre différents agents 
 (tabac-alcool, tabac-radon, virus hépatite B et aflatoxine, etc...). 
Il en existe aussi entre agents exogènes et endogènes.
Plusieurs agents cancérogènes qui isolés ont peu d’efficacité pourraient avoir un effet quand ils sont administrés à certaines périodes de la vie ou conjugués à d’autres .... facteurs épigénétiques ou génétiques peuvent accroître la fréquence de certains cancers.
Facteurs de sous-estimation : le rapport n’a pas pris en compte quelques produits dont la 
cancérogénicité est suspectée mais non scientifiquement établie tels que les gaz d’échappement des moteurs diesel (pour les chauffeurs ou les mécaniciens), 
certains solvants, etc....
Il n’existe, en France, pas de registre national, mais on dispose d’une dizaine de registres du cancer couvrant environ 15% de la population française.
Les données de mortalité sont disponibles pour l’ensemble de la France à partir de l’analyse des certificats de décès. >>

Le dossier de presse accompagnant le rapport, est édifiant :
Le tableau comparatif des causes ne présente que les causes avérées (tronqué il élude les causes non avérées 75 %)
Ce qui permet d’écrire " les pourcentages annoncés ne s’additionnent pas "
En effet les chiffres ne sont représentatifs que 22 % du total pour les hommes et 27 % pour les femmes.

Quand à la cause chimique ( inclue dans risques "professionnels" et dans "polluants") elle ne peut se retrouver que dans les causes non avérées.
Une calculette permet de déduire que les risques non avérés représentent 75 % des cancers.

On retombe les chiffres de D. Belpomme 
qui dit risque environnemental 75 % chimique 55 %.

Il faudrait en finir avec les distributions incongrues.
Les risques se répartissent en premier chef selon leur nature intrinsèque : 

 Physique ( radiations, irritations, UV ...)
 Chimiques ( molécules .. )
 Biologiques ( Bactéries, virus et génome...)

on peut les distribuer ensuite selon un critère anthropomorphique
- comportemental
- environnemental

ou selon leur implication 
- endogène 
- exogène

Il est alors possible de les distribuer de façon plus précise :
ex : amiante : risque physique environnemental 
pesticide : risque chimique environnemental
alcool : risque chimique comportemental
(Un risque peut cumuler plusieurs connotations environnementale et comportementale...)

Les notions endogènes et exogènes servent surtout à écarter les responsabilités.
La littérature montre qu’à chaque fois que ces termes sont utilisés, 
c’est pour dégager une responsabilité individuelle que l’on mute en risque comportemental.

Je note que ce rapport a été publié le 5 août 2003 et il n’a suscité de réactions des média qu’après 
 le discours de Monsieur Sarkosy au salon SPACE à Rennes le 1 septembre 2007 :

<< ll est indispensable de définir un nouveau plan de réduction des engrais et pesticides, afin de préserver la santé de leurs utilisateurs. 
Je voudrais d’ailleurs dire à l’ensemble de la communauté internationale que les agriculteurs sont les premières victimes et non pas les premiers coupables...>>

poste par Calombier répond à Palombier - 2007-09-18@20:42 - repondre message
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