Le ministère de l’écologie a pris la fâcheuse habitude de procéder à des « consultations » fantoches sur internet, avant de modifier des pans entiers du droit de l’environnement, au nom de la recherche éperdue d’une « croissance » introuvable et de la « simplification » administrative au profit des entreprises. L’association Agir pour l’environnement vient de rendre publique une protestation relative à l’utilisation du procédé avant que le ministère ne statue sur les épandages aériens de pesticides, question des plus sensible dans la période.
L’exemple qui suscite l’indignation d’Agir pour l’environnement renvoie plus largement au dévoiement qui ne cesse de s’accélérer et voit le ministère de l’Ecologie (ou plus exactement le ministère de l’Agriculture, qui s’est totalement substitué à un ministère de l’Ecologie qui n’existe plus (voir "Le lobby de l’eau"), méconnaître de façon délibérée les obligations qu’à pourtant contractées la France au regard de la Convention d’Aahrus, de la Charte de l’environnement et d’une kyrielle d’autres textes communautaires… Exemple avec l’affaire rendue publique par Agir pour l’environnement.
« Du 23 juin au 15 juillet 2014, une consultation publique visant à « interdire » les épandages aériens a été initiée par les Ministères de l’agriculture, de la santé et de l’écologie. Face à un projet d’arrêté très largement considéré comme insuffisant, voire inique, par plusieurs ONG, l’association Agir pour l’Environnement a mobilisé son réseau au travers d’une cyber-pétition, intitulée "Stop aux épandages aériens".
Sur les 17 729 courriels reçus par le ministère de l’Agriculture :
– 17 682 émanent de la cyberpétition mise en ligne par Agir pour l’Environnement.
– Seuls 14 messages "soulignent la nécessité de l’épandage aérien pour certaines cultures", soit 0,08% des réactions.
Alors qu’Agir pour l’Environnement réclamait une interdiction définitive des épandages aériens ou qu’à défaut d’interdiction, l’arrêté définisse un périmètre de sécurité de 500 mètres autour des zones traitées sans habitations ni lieux accueillant un public sensible, la synthèse de cette pseudo-consultation, après avoir grossièrement revu à la baisse le nombre de signatures recueillies par la pétition d’Agir pour l’environnement, est aussi simple que lapidaire : aucune modification substantielle n’est proposée !
Une fois de plus, une consultation cosmétique a été initiée afin d’entériner une décision vraisemblablement déjà prise avant le lancement de cette consultation.
C’est un véritable déni de démocratie et une gifle à toutes celles et ceux qui estiment qu’une consultation a pour objet de recueillir l’avis des citoyens, et non pas de justifier une décision déjà prise.
Manifestement, les ministères de l’Agriculture, de la Santé et de l’Écologie prêtent une oreille très attentive à 14 « épandeurs » dont la réaction semble fort peu désintéressée ! »
Pire, la seule mesure annoncée à l’issue de cette pantalonnade, témoignage du mépris abyssal de nos silovikis pour les pétionnaires et coup de pied de l’âne, sera la publication, sur internet, des dérogations qui seront, largement, accordées, pour permettre aux épandeurs de poursuivre en toute impunité leurs opérations de mort !
Agir pour l’Environnement appelle dès lors tout à fait logiquement les trois ministères cosignataires du futur arrêté à ne pas tenir compte de cette « synthèse » rédigée par et pour le lobby des pesticides, et à modifier le projet d’arrêté afin de garantir une véritable protection environnementale et sanitaire vis-à-vis de produits dangereux pour la santé publique.
On sait déjà que les ministères concernés n’en feront évidemment rien, mais l’affaire éclaire d’un jour cru la véritable faillite d’un « dialogue environnemental » totalement inexistant, qui ne sert plus que de support à des opérations de communication mensongères.
Situation face à laquelle les ONG "représentatives de la société civile" ne pourront plus longtemps continuer à cautionner, dans l’espoir de pérenniser de minces prébendes, cette véritable escroquerie intellectuelle, totalement contraire à leurs engagements proclamés, ce qui les conduit, par exemple, à continuer à participer à une « Conférence environnementale » qui ne sert qu’à habiller sous un verbiage calamiteux des décisions radicalement contraires à la défense et la préservation de l’environnement.
Bonjour. Et toujours merci pour ce blogue.
Si nous étions en démocratie, il « devrait » suffire d’appliquer la loi. Empoisonnement collectif, & en toute connaissance de cause, ce sont les assises, il me semble.
K.-G. D.