Le Québec organisera du 8 au 11 octobre 2012 un « Sommet international des coopératives ». Riccardo Petrella, économiste, politologue et altermondialiste qui sera l’un des conférenciers émérites du Sommet 2012, dans une entrevue datée du 1er mai 2012, évoque les nouveaux défis auxquels est confronté le mouvement coopératif.
« (…) le point clé est de savoir si les promoteurs du modèle coopératif pensent que le système économique qui domine aujourd’hui – l’économie capitaliste de marché – est réellement en crise et a échoué dans sa capacité de garantir un fonctionnement correct, juste, équitable, constructif des « règles de la maison » en matière « d’économie ».
Est-ce qu’ils croient que la crise économique – qui n’est pas la seule crise actuelle – est transitoire et qu’elle sera résolue grâce à une relance de la croissance mondiale à l’aune de l’économie verte ? En outre, pensent-ils qu’il n’y a pas réellement d’alternative à l’équation capitalisme-financiarisation-économie de marché et que, dans ce contexte, une coopérative doit aussi s’inspirer d’une culture entrepreneuriale reposant sur des objectifs de performance, d’efficacité et d’efficience sur le plan financier, et d’innovation sur les marchés concurrentiels locaux, nationaux voire internationaux ?
Si tel était le cas, il me semble qu’un modèle coopératif, intériorisant les mêmes paradigmes de l’entreprise capitaliste de marché, ne sera pas très différent des entreprises privées qui affirment – presque toutes ! – que leur mission repose sur des valeurs humanistes, sociales et environnementales. La différence qu’apporteront les coopératives sera alors minime.
En revanche, si les coopératives prennent acte que le système capitaliste de marché – qui a conduit à la situation humaine et sociale dramatique de ces dernières années et aux dévastations de la planète Terre que l’on connait – est en échec structurel et qu’il ne répond plus aux besoins de l’humanité, on pourrait alors assister à l’émergence d’une nouvelle forme de coopératives qui organiseraient la production de la richesse, notamment collective, par la promotion des biens communs et la prestation des services publics d’intérêt général indispensables au « vivre ensemble »."
- Lire l’entretien intégral sur le site du Sommet international des coopératives.