La centaine de laboratoires publics départementaux qui effectuaient jusqu’à présent des analyses de la qualité sanitaire des eaux, notamment pour le compte des DDASS, et assuraient ainsi un précieux maillage de proximité, forts des relations qu’ils entretenaient depuis des lustres avec tous les acteurs de l’eau de leur territoire, doivent désormais, en application d’un article de la Loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006 (LEMA), s’inscrire dans un « cadre concurrentiel », c’est-à-dire s’aligner sur les tarifs que peuvent pratiquer les trois entreprises privées qui sont en passe de s’assurer un véritable monopole sur ces missions de service public. Résultat, les laboratoires publics ferment à une vitesse accélérée ou tentent, au prix d’évolutions auxquelles ils ne sont guère préparés, de survivre dans la jungle d’une « concurrence » désormais féroce. Un véritable gâchis qui pourrait se transformer en drame sanitaire, et soulève à nouveau la question de la dévolution massive au secteur privé de missions que seul le service public a pleinement vocation à assumer.
Eaux glacées s’est fait l’écho il y a peu d’une récente décision du Conseil d’Etat, qui semblait conforter des laboratoires publics en pleine déshérence.
Un lecteur attentif nous apporte des éléments d’information complémentaires, qui méritent un large écho :
« La récente décision du Conseil d’Etat est effectivement très importante.
Toutefois elle ne doit pas engager à un optimisme démesuré, hélas controuvé par les faits.
En effet, ce même laboratoire départemental de l’Aisne n’a pas hésité
à s’associer au plus gros privé, CARSO, pour prendre le marché du
contrôle sanitaire au laboratoire départemental de la Somme (Laboratoire de
Beauvais), avec toutes les conséquences sociales que ça a engendré.
Foire d’empoigne
Actuellement face aux laboratoires privés et aux grosses structures, et à
l’ouverture aux marchés publics du contrôle sanitaire, plusieurs
attitudes sont adoptées par les laboratoires publics et les politiques (de
droite comme de gauche) dont ils dépendent : soutien des politiques et
réponses aux appels d’offres avec gain ou perte du marché, association
avec des laboratoires privés pour gagner les appels d’offre, même au
détriment d’autres laboratoires publics, privatisation des laboratoires,
groupement via des GIP ou autres structures, fermeture pure et simple des
laboratoires…
Voir le Laboratoire départemental d’analyse de Caen, celui de Chartres, de Beauvais, du Loiret, de l’Allier, de Carcassonne, le CRECEP à Paris, etc....
Cette décision ne va donc pas suffire à mettre les choses au clair dans
le monde de l’analyse et du contrôle de l’environnement qui, de fait, est du
domaine et de l’intérêt public et non du domaine et de l’intérêt privé. »
Le Conseil Général de la Côte d’Or vient de fermer son laboratoire. Pourquoi ?
J’aurai une réponse officielle demain, de la bouche de son Président. A suivre.