La Gazette des communes soulignait, dans un article publié le 7 juillet 2010, que le dessalement est l’une des parades imaginées par le département pour accroître ses ressources en eau potable, mises à mal en période estivale. Une « parade » qui n’a pas fini de faire jaser…
Le conseil général de Vendée envisagerait de se doter d’une usine de dessalement d’eau de mer pour faire face à des besoins croissants d’eau potable, en particulier durant la saison estivale où ses ressources ont frôlé la pénurie à plusieurs reprises au cours des dernières années.
Cette unité constituerait une première dans l’Hexagone avec une capacité d’environ 30 000 m3/jour. Un syndicat mixte d’études est en cours de constitution incluant le syndicat départemental Vendée Eau mais aussi celui de l’énergie, le Sydev, car, comme le souligne M. Bernard Laubies, directeur de Vendée Eau, une des principales difficultés de ce projet réside dans l’énergie dont a besoin un tel équipement : sa consommation serait en effet 6 à 7 fois plus gourmande que pour le traitement d’une eau douce de surface…
Deux sources d’énergie, dites de compensation puisqu’elles n’alimenteront pas directement l’usine, tiennent à ce stade la corde : la houle et le courant marin, l’éolien semblant d’emblée exclu compte-tenu de l’hostilité du président du conseil général. Quant au photovoltaïque, la puissance requise gèlerait un grand nombre d’hectares.
Le coût de ce projet ne sera connu qu’une fois le choix technique fait, mais les élus ont cependant une petite idée de la dimension financière d’une telle affaire : l’unité de dessalement qui était prévue sur l’île d’Yeu, aujourd’hui abandonnée bien qu’inscrite au contrat de projet État-région 2007-2013, aurait nécessité une enveloppe minimale de 9 millions d’euros pour une capacité de 2 000 m3/jour.
Il faudra aussi aborder le volet environnemental du dossier en raison du problème posé par les saumures, rejetées généralement en mer.
La mission du syndicat mixte ira jusqu’à l’avant-projet détaillé, ultime étape avant la décision finale de réaliser ou non l’investissement. Si tel était le cas, l’usine pourrait être mise en service entre 2020 et 2030.
La Vendée a également dans ses cartons depuis plus de quinze ans un projet de construction de barrage, lequel serait son quatorzième ouvrage de ce type, mais ses vicissitudes juridiques en font aujourd’hui un serpent de mer même si des études se poursuivent.
La collectivité estime à 7 millions de m3 le volume d’eau potable qui lui manquera dès 2015.
Entre 1997 et 2009, la consommation est passée de 30 millions à 34,3 millions de m3/an (+ 14 %) et les abonnés de 258 000 à 336 000 (+ 30 %). »
commentaires
Ouai pas bête...
Enfin bon la Vendée ils ont pas l’air d’avoir retenu la leçon de Xynthia : de la même façon qu’on devrait éviter de construire en zone inondable, on devrait peut-être raisonner l’urbanisme et le tourisme et réduire les consommations dans les zones où l’eau peut manquer avant de partir dans des délires techno ?
Si toute la côte ouest se lance là-dedans (projet également pour Belle-Île) va falloir investir dans le nucléaire ! (c’est SUEZ/GDF - VEOLIA/EDF - AREVA/BOUYGUES qui vont être contents : vendre de l’Osmose Inverse + les réacteurs nucléaires + les services qui vont avec : le pied !) En plus au moment où EDF annonce +3% sur l’électricité si c’est pas visionnaire ? Vive le Grenelle !
Je serais quand même étonné que ça aille jusqu’au bout : ça fait plutôt solution repoussoir pour vendre du barrage. En plus y a des articles (pitoyable, mais vu la source personne ne s’en étonnera) qui vont dans le même sens qui tombent bien dans le style "l’environnement ça commence à bien faire".
Quant à y voir une rampe de lancement sur l’osmose inverse pour SAUR/STEREAU/SECHE : ça m’étonnerait aussi, les autres ont une sacré longueur d’avance (SUEZ Degrémont construit la plus grosse usine de dessalement d’Australie à MELBOURNE, VEOLIA OTV a construit l’usine d’Ashkelon de taille équivalente, si SAUR est capable d’exploiter ce type d’usine je ne suis pas sûr qu’ils puissent être concurrentiels pour la construction de grosses unités). Et vu le contexte actuel VEOLIA et SUEZ seraient effectivement bien contents d’aller chercher des crosses à la SAUR sur un bastion historique.
Plus sérieux :
– rapport de l’AFSSA sur la mise en oeuvre de la désalinisation
– analyse de la situation australienne, où on commence peut-être à regretter l’investissement massif dans le dessalement (sur l’excellent site du projet de recherche "EAU &3E :durabilité des services d’eau dans les grandes villes"
Mon ami Jean-Pierre Liégeois, jeune lecteur du Var, suggère d’utiliser les saumures de déssalement dans les marais salants vendéens, à réhabiliter, plutôt que de lacher les panaches de saumures sur le littoral. Qu’en pensent les proches paludiers de Guérande (44) ? De mon côté, j’y vois une tentative de diversification de la SAUR/Séché Environnement qui tient la Vendée depuis 1933 et cherche en renforcer son implantation en Méditerranée, dans les pays pétroliers et en Afrique où le déssalement sont vus comme des panacées, alors que Suez et Véolia dominent le secteur. Vendée, ban d’essai ?