Une résidente des Hauts-de-Seine vient de se voir réclamer la somme extravagante de 7742,62 euros par Eau et Force, filiale de la Lyonnaise des eaux, au motif qu’ elle aurait consommé quelque 1971 m3 d’eau en un an. Mise en demeure de payer, menace de coupure… L’affaire fait suite au remplacement de son compteur intérieur par l’entreprise, qui lui a substitué un compteur installé dans la rue. Installation défectueuse, fuites sur le domaine public, vibrations provoquées par la circulation routière ? Pour l’heure notre résidente se déclare stupéfaite par l’attitude de l’entreprise, qui ne se résout pas à admettre l’évidence. C’est son intervention qui est à l’origine du problème, puisque notre résidente tient scrupuleusement par ailleurs depuis des années ses propres statistiques de consommation…
Aux alentours d’avril 2008 Eau et Force remplace l’ancien compteur, jusqu’alors installé dans le garage du pavillon, par un nouveau installé dans la rue.
Etonnement de notre résidente :
« Il y a déjà là matière à discussion. J’habite une toute petite rue, de celles qu’on appelle souvent "villas", sauf qu’elle est ouverte à la circulation, et qu’il y a une circulation non négligeable, et seulement trente centimètres de trottoir. Autrement dit, le compteur est quasiment sur la rue, et soumis aux vibrations lorsque passent des camions de livraison, de fuel, etc... Ces compteurs sont-ils armés pour résister aux vibrations, autre que ceux du piétinement normal d’un trottoir.... normal ? Pas évident. De plus, ils sont exposés à être ouverts par n’importe qui, à une malveillance éventuelle. Peut-on dès lors considérer que leur indication est sécurisée ? ».
Le bon sens même.
Quelques semaines s’écoulent.
« J’entendais un petit bruit, une résonance dans mes tuyauteries, comme s’il y avait un écoulement. Mais manifestement, chez moi, aucune fuite, aucun problème. J’insiste sur ce fait, car j’ai souscrit une assurance "Doméo" (malheureusement c’est chez le concurrent...), qui me garantit réparations et remboursement de la perte d’eau. Je paye pour cela (pour rien), une centaine d’euros par an. Il est évident qu’en cas de fuite, j’aurais immédiatement fait appel à cet organisme !
« Puis un jour, je vois un reflux d’eau débordant de mon regard pour se répandre dans le caniveau.
« J’appelle Eau et Force, un technicien vient, constate la fuite dans la rue, le montage du compteur avait donc dû être mal fait, et, première faute professionnelle, effectue la réparation, puis s’en va... sans avoir vérifié l’indice du compteur. Deuxième faute professionnelle !
« A ce moment-là, j’ignorais que les relevés ne se faisaient qu’une fois par an ! Je pensais que l’installation d’un compteur extérieur était justement faite pour faciliter les relevés !
« En avril 2009, premier relevé donc depuis le changement de compteur, je reçois un coup de téléphone d’un monsieur Burnichon, très aimable, m’avertissant que j’avais consommé 1971 m3 d’eau..., et qu’il devait y avoir un problème.
« Il m’assure qu’il s’en occupe, fait le nécessaire, que la facture est mise de côté en attendant l’élucidation, n’empêche que, deux jours après, je la reçois…
« Je comprends alors qu’on m’a facturé toute la flotte perdue dans la nature à la suite de la mauvaise installation du compteur !
« Pas besoin d’être ingénieur hydraulicien pour comprendre que ce flux d’eau, même s’il ne venait pas de l’amont "normal" du compteur, a été comptabilisé.
« Je reprends contact avec monsieur Burnichon, qui m’assure qu’il va tout arranger, et je reçois la semaine dernière cette "mise en demeure", texte particulièrement imbécile, j’ai honte pour celui qui l’a signé, puisque je n’ai évidemment jamais fait de "demande d’échéancier"...
« En clair, les agents de terrain connaissent la vérité, mais leur direction de Nanterre refuse d’en tenir compte : faut faire des bénéfices ! Et ne pas mécontenter les actionnaires qui en ce moment ne font pas trop leur beurre.
« Et comme si ça ne suffisait pas, ils me font le chantage immonde à la coupure d’eau !
« J’ai renvoyé le TIP, parce qu’il se trouve que je peux avancer 735 euros, mais j’imagine la détresse d’un couple de RMIstes à qui cette histoire arrive...
« Il y a là une question fondamentale : comment un usager peut-il être responsable de ce qui se passe dans la rue ?
« Chez moi, c’est chez moi, dans la rue, c’est dans la rue...
« Et comme je tiens scrupuleusement le graphique de ma consommation d’eau, Eau et Force pourrait arrêter les frais… »
Note d’Eaux glacées :
Il semble que les échos d’une phrase prophétique de M. Mestrallet ne soient toujours pas parvenus jusqu’à l’agence de Nanterre : « Le seul véritable risque que nous encourons est lié à notre image ».
Nous ne manquerons pas d’informer les lecteurs et lectrices d’Eaux glacées des suites qu’une entreprise qui place très haut sa « responsabilité sociale » apportera à cette lamentable affaire.
Epilogue :
Notre résidente nous rassure, quelques heures après la mise en ligne de notre post :
"Miracle !
Reçu ce matin une lettre signée par le même responsable de Nanterre, qui reconnait la "fuite au niveau du compteur", "prend en charge le volume d’eau perdu" et m’accorde un avoir de 7008 €...."
Il leur a fallu 2 mois et demi pour comprendre le dossier.
Pourquoi la mise en demeure reçue la semaine dernière ?
Mystère."
commentaires
bonjour
je suis tombee par hazard sur votre forum
il m’arrive extatement la meme aventure qu’a certe personne
la seule difference est dans les delais
un collet battu mal fait un joint de fibre qui souffre de plus en plus l’an dernier au dernier releve je n’avais que 30 m3 en plus par rapport a ma consommation habituelle la j’en ai 640 !!!!!!!!
et c’est toujours avec eau et force situe a nanterre
je suis decidee a me battre
ma facture a venir en vaut la peine
La politique du déplacement du compteur sur le domaine public en limite de propriété a été mise en place entre autre pour bien dégager les responsabilités domaine public/domaine privé et ainsi éviter d’avoir à intervenir en domaine privatif "avant compteur".
Ce qui est intéressant, c’est que cette politique est censée retirer toute responsabilité au fermier (ou régie) des éventuels problèmes ultérieurs sur le domaine privatif en rétrocédant ce bout de réseau au particulier (pratique en cas de présence de plomb par exemple).
Dans les faits, il reste responsable de ce linéaire jusqu’à l’ancien point de comptage (malgré le déplacement du compteur)......