L’Engees et l’Irstea (ex-Cemagref) viennent de lancer un appel pour la rédaction d’une thèse de sociologie qui analysera « la trajectoire d’engagement des personnes qui se transforment en vigies de l’eau, ainsi que les effets de cette vigilance sur la régulation du service. ». Quand on sait que ces deux instituts publics travaillent régulièrement avec Veolia et Suez, l’annonce interpelle…
« A qui profitera le crime ? ». Poser la question c’est déjà y répondre, car il n’est pas anodin que cette problématique surgisse au moment précis où le modèle économique historique des opérateurs de l’eau s’écroule sous nos yeux et que, pour simplement survivre, les grands groupes en fassent désormais des tonnes dans le registre de « l’engagement sociétal », de la RSE, de la gouvernance multi-acteurs, jusqu’à proposer au camarade Touly, comme l’a fait Igor Semo, pas plus tard qu’hier au CNE, de lui offrir un strapontin au… PFE !
En l’état l’appel d’offres dessine déjà en creux à lui seul la nouvelle réthorique de la « gouvernance multi-acteurs » de demain. A lire donc avec attention.
commentaires
Ces organismes sont des services de l’Etat. Il ont certes des contacts récurrents avec les grands acteurs de l’eau, mais comment serait-il possible de ne pas en avoir et de porter un avis pertinent sur la question ?
L’ENGEES et l’IRSTEA sont des établissements d’enseignement et de recherche investis dans le domaine de l’eau qu’il "travaillent régulièrement avec Véolia et Suez" est une évidence. Vous auriez tout aussi bien pu dire qu’ils travaillent régulièrement avec des collectivités en régie, des petits bureaux d’études indépendants, des organismes de recherche et d’enseignement publics en France et à l’internationnal....car c’est tout aussi vrai.
Moi je trouve le sujet très interressant. Ce qu’il remet en cause c’est bien moins le caractère public ou privé de l’exploitation du service que la place de l’usager, la représentativité des instances de concertation et de leurs membres et pourquoi pas la légitimité des élus.
La question qui est posée relève de la gouvernance et de l’analyse de nouvelles formes d’expression et d’action qui sont en train de prendre le pas sur une démocratie institutionnelle à bout de souffle.
Peut-on s’étonner que l’ENGEES et l’IRSTEA restent dans le prérimètre de l’eau et laissent à d’autres le soin de le faire dans les domaines de l’énergie, de la sécurité sanitaire ou encore du journalisme ou pourtant les questions sont les mêmes ?