A rebours des idées reçues, notre vieil ami et chercheur émérite franco-canadien (et réciproquement), fait voler en éclats les fadaises pieusement entretenues sur le bien fondé des compteurs d’eau…
« Théoriquement, homo œconomicus ajusterait rationnellement son comportement si bien qu’une hausse du prix de l’eau conduirait à une baisse des quantités consommées, mais ce n’est pas le cas : ni l’augmentation du prix de l‘eau ni même l’installation de compteurs d’eau là où il n’y en avait pas n’auront pour effet d’entraîner une diminution de la consommation – c’est très inefficace.
Pour vraiment vérifier l’existence d’une relation causale entre une augmentation de prix et une diminution de la consommation, il faudrait disposer de données sur la consommation avant et après une augmentation de tarif, pour chacun de nombreux ménages (ainsi que de données sur chaque ménage : composition du ménage, nature et vétusté des équipements, typologie du bâti, structure du jardin, microclimat, etc.).
Or, la plupart du temps, les études ne disposent que de données de consommations annuelles moyennes par municipalité et de prix moyens, sans qu’il n’y ait eu d’augmentation (ou de diminution) de prix.
Cela peut souvent conduire à de beaux cas d’erreurs écologiques, soumis à des effets de composition et à des effets de contexte.
En vérité, en vérité, je vous le dis : les compteurs d’eau font le même effet qu’un coup d’épée dans l’eau – sur le coup c’est spectaculaire, ça éclabousse, mais tout revient rapidement au statu quo ante.
(Au plaisir d’en discuter sur un verre d’eau, de bière ou d’autre chose.)
Lire l’étude :
http://espace.inrs.ca/id/eprint/11427/
(*) Hamel, Pierre J. (2021). L’effet des compteurs d’eau sur la consommation : un coup d’épée dans l’eau, pour le compte de la TROVEP (Table régionale des organismes volontaires en éducation populaire) de Montréal et de la Coalition québécoise pour la protection et la gestion responsable de l’eau ‒Eau Secours !, Montréal : INRS, 25 p. (version québécoise)