Les périodes de crise voient fleurir des flopées de gourous et gouroutes qui vendent leurs salades aux gogos en mal de réassurance.
Michal Kravcik en Slovaquie et ses amis et disciples tchèques inspirent un certain courant nommé "hydrologie régénérative" avec quelques figures médiatiques (très auto-promotionnelles) en France qui se réapproprient ses concepts sans... copyright.
Leur argumentaire tourne autour de deux points : les changements du cycle de l’eau et le catalogue des dispositifs techniques d’infiltration de l’eau dans le sol. Il y a des choses à dire de manière critique là-dessus au regard de leur discours et de leurs expériences sur le terrain.
Mais surtout il faut ajouter un troisième point essentiel qui manque cruellement : les institutions de l’eau (histoire, diversité, niveaux d’échelle, règles et droit, carences, conflits...), sans quoi on ne peut rien faire pour les deux autres niveaux. Le moindre royaume ou empire antique, comme la moindre communauté rurale ancienne ou contemporaine, sont dotées d’institutions de l’eau, formelles ou non, et pas forcément conçues sous l’angle caricatural du "despotisme hydraulique" de K. A. Wittfogel.
Le réseau international des communs siégeant à l’Université d’Indiana (cf. Elinor Ostrom) a recensé et collecté des milliers de travaux et d’études de cas sur ce sujet des communs de l’eau. L’équipe GSE (Gestion sociale de l’eau) a produit plus de 200 mémoires dans à peu près autant de contextes et pour 40-50 pays en 20 ans. Idem chez les Espagnols (FNCA) et les Hollandais (Wageningen). Et d’autres, au Maghreb et en Amérique latine.
Et là dessus, elles (les figures médiatiques françaises) sont étonnamment silencieuses parce qu’elles sont toutes auto-entrepreneures dépendantes de commandes publiques de collectivités ou syndicats mixtes, privilégiant la communication et le comportementalisme. Parfois en XXL. Et ça, ça pose un problème (déontologie, éthique) de méconnaissance et d’auto-censure sur ce 3e point, ce qui est préjudiciable en période de crise hydrique et érosive.
L’indépendance de l’expertise technique et scientifique est un préalable à toute assertion en la matière.
Pour Kravcik en Slovaquie et les Tchèques, le problème est différent en raison de leur histoire très marquée par le glacis stalinien, après la folie hitlérienne et le quasi-monopole millénaire de la grande propriété foncière féodale, aristocratique et bourgeoise, en Europe Centrale et de l’Est (horsmis les montagnes, et encore cf. "la guerre du bois" chez Marx/Engels).
De ce fait, ils n’intègrent pas les changements agraires et fonciers, donc socio-historiques et politico-juridiques, dans leur approche des terres et de l’eau ce qui les amène à faire des propositions techniques indifférenciées selon les systèmes agraires, fonciers et de production agro-sylvo-pastoraux.
C’est tout à fait l’erreur que nous commettions il y a 40-50 ans dans les pays du Sud pour d’autres raisons. Depuis les méthodes et démarches ont fortement évolué.
D’où l’importance d’un dialogue européen élargi en la matière.