Plus de vingt siècles après, deux militantes italiennes de l’eau bien commun nous offrent cette lecture d’Ovide qui tombe à point nommé : elle atteste que l’eau “bien public” … trouve sa source dans l’Antiquité…
“Ce n’est pas à un dieu des montagnes, qu’est consacré cet autel. Cet autel appartient à celle qui un jour fut chassée par l’épouse de Jupiter, celle qui dans sa grande errance atteignit les rivages de Delos, au temps où Delos était ancore une île flottante. En s’appuyant à un palmier et à un olivier, arbres de Pallade, Léto mit au monde des jumeaux, malgré la colère de leur marâtre. Et on raconte qu’alors, après l’accouchement, elle s’échappa pour fuir Junon, avec ses fils dans les bras, deux êtres divins. Et elle arriva alors en Crête, patrie de la Chimère, au moment où le soleil brûlait les champs de tous ses feux. Après sa longue course, elle se sentit la gorge ardente de soif, à cause de l’impitoyable chaleur. Ses fils lui avaient avidement pompé jusqu’à la dernière goutte de lait. C’est alors qu’elle vit au loin, au fond d’une vallée, un petit lac. Des paysans ramassaient, là, des bottes d’osier et les rassemblaient avec des algues des marécages. La fille du titan s’avança, et à genoux, se pencha pour atteindre l’eau fraiche et boire. Et ces rustres le lui interdirent. Se retournant vers ceux qui le lui interdisaient, elle leur dit : “Pourquoi ne voulez vous pas que je touche à cette eau ? Chacun a le droit d’utiliser l’eau. La nature n’a fait propriété privée ni du soleil, ni de l’air, ni de l’eau courante. Je me suis approchée d’un bien public, c’est pourquoi je vous demande de m’en donner, comme on demande une faveur. Je n’avais pas l’intention de laver là mes membres ou mon corps fatigué, mais seulement de me désaltérer. Je parle, mais j’ai la bouche sèche et la gorge brûlante, au point d’en perdre la voix. Une goutte d’eau sera un nectar pour moi et reconnaissante, je dirai que j’ai retrouvé la vie. Avec l’eau vous me redonnerez la vie. Ayez aussi pitié de ceux qui, de mon giron, tendent leurs petits bras.”
Version française
Les métamorphoses d’Ovide, livre 7 / 331-359
(traduction de Wanda Slama, texte transmis par Emanuela Baliva, Rome ; qu’elles en soient toutes deux remerciées).
Version italienne
Ovidio Metamorfosi libro sesto 331.359
“ Non è a un dio dei monti, o giovane, che è sacro questo altare. Questo altare lo considera suo colei che un giorno fu messa al bando dalla consorte di Giove, colei che errabonda fu a stento accolta dall’errabonda Delo, al tempo in cui Delo era un’isola che navigava leggera. Lì appoggiata a una palma e ad un olivo, albero di Pallade, Latona dette alla luce due gemelli, con rabbia della loro matrigna. E si racconta che anche da lì, dopo il parto, scappò per sfuggire a Giunone, con in braccio i figli, due esseri divini. E giunta ormai nel territorio della Licia, patria della Chimera, mentre il sole picchiava sui campi bruciandoli, sfinita dalla lunga corsa si sentì la gola riardere dalla sete, per la spietata calura. E i figli avidamente le avevano poppato fino all’ultima goccia di latte. Per caso vide in lontananza, in fondo a una valle, un laghetto ; dei contadini laggiù raccoglievano vimini a mazzi, e giunchi, ed alghe amiche delle paludi. Si avvicinò, la figlia del Titano, e inginocchiatasi si chinò per attingere acqua fresca e bere. Quella rozza masnada glielo vietò, e lei così si rivolse a chi glielo vietava : “ Perché non volete che tocchi l’acqua ? Tutti hanno diritto all’uso dell’acqua. La natura non ha fatto di proprietà privata né il sole né l’aria e neppure la fluida acqua. E’ un bene pubblico che mi sono accostata, e ciò nonostante vi chiedo di darmene come si chiede un favore. Io non avevo intenzione di lavarmi qui gli arti e il corpo affaticato, ma solo di dissetarmi. Parlo, ma ho la bocca secca e la gola che mi riarde, tanto che a stento ci passa la voce. Un sorso d’acqua sarà per me del nettare, e riconoscente dirò di aver riavuto la vita : con l’acqua mi ridonerete la vita. E abbiate pietà anche di questi, che dal mio grembo tendono le piccole braccia…”
commentaires
Bonjour,
Typique de l’impérialisme des (demi) dieux !
Se croient chez eux partout en somme ! Négligent le travail des petites gens qui gérent l’espace et, lorsqu’on leur fait remarquer, se vengent et punissent ! ;)
Il me semble que c’est plutôt le livre VI. En voici la suite, où les rustres souillent la source plutôt que de partager, vous y verrez sans doute quelques symboles...