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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
L’association SOS Durance vivante défend le cycle naturel du fleuve
par Marc Laimé, 26 juillet 2023

En réponse à un article paru dans la presse locale, l’association conteste le discours dominant qui magnifie l’exploitation hydroélectrique au détriment des fonctions naturelles du fleuve.

« Dans plusieurs articles de la Provence datés du 9 juillet 2023, dont un intitulé, La guerre de l’eau n’aura pas lieu...cet été, il est fait l’éloge du barrage de Serre-Ponçon qui aurait permis de transformer un fléau en source de richesse.

Le récit est bien rodé, depuis les années 60 : Durance était un fléau, il a fallu l’aménager pour que les humains ne subissent plus les « caprices » de cette rivière et puissent en tirer des richesses.

Le lac du barrage a donc atteint sa cotte touristique, notamment grâce à la neige tombée cet hiver. Nous pourrions presque résumer cet article et la situation qu’il présente par cette phrase : « le lac est
plein, tout va bien » .
Certes, les humains ont besoin d’eau.
Il est rappelé dans l’article, les besoins en eau potable, en énergie (rappelons que toutes les énergies sont liées en France, et ne favorisent ni l’autonomie, ni la démocratie, il n’y a pas d’énergie « propre » ou « verte ») et pour l’agriculture, cette dernière pouvant s’accompagner de l’adjectif « chimique » ou « industrielle ». A cela il faut ajouter les besoins en eau pour les industries (dont alimentaires, chimiques, nucléaires etc...).

Ces besoins en eau s’accompagnent d’aménagements (barrage, digue, canaux, seuils etc..).

Les usages sont priorisés par la loi, l’eau domestique (celle que nous utilisons dans nos maisons), puis l’eau pour les milieux et enfin les autres usages. La manière dont les aménageurs ont défini la seconde priorité, celle pour les milieux (la rivière), c’est par la notion de débit réservé et/ou garanti (nous ne rentrons pas dans le détail, nous ferons un article plus spécifique sur le sujet).

Pour Durance, il a été défini un débit réservé de 5 à 10 % de son débit naturel ; là où passait entre 170 et 195 m3/s par exemple, il n’en passe plus que 10 à 15 m3/s selon les périodes.

Nous avons donc publié sur notre site la 1er thèse de doctorat, datant de 1986, qui montre les modifications profondes de Durance suite à ce détournement d’eau dans le canal en béton d’ EDF dont le barrage de Serre-Ponçon est la base.

Les humains ont donc de l’eau, mais la rivière n’en a presque plus : cette situation est-elle tenable et juste ?

Nous souhaitons montrer que les oubliés dans ces articles -qui font l’éloge des aménagements hydrauliques en Provence- sont les cycles naturels associés (le cycle de l’eau, les cycles des sols et du vivant).

Le cycle de l’eau est le seul processus terrestre qui répartit l’eau nécessaire au vivant), les humains ne font que transporter, capter, utiliser cette eau. Toute la difficulté est donc de détourner de l’eau pour nos usages sans perturber ce cycle de l’eau et les autres cycles associés.

Nous affirmons que le cycle de l’eau ne pourra se faire sans des rivières vivantes et nous pensons (études à l’appui) que notre rivière Durance est beaucoup trop artificialisée (aménagée ) pour qu’elle puisse pleinement jouer son rôle pour favoriser le cycle de l’eau localement. Les cycles de l’eau fonctionnent à plusieurs échelles, du local au global.

Plus nous aménageons Durance dans la démesure, plus nous détournons son eau, plus nous prenons le risque de diminuer la quantité d’eau disponible en Provence.

Le Rapport R2D2, confirme que nous avons des difficultés à prévoir quelles seront les précipitations en Provence dans les années à venir. En revanche comme les températures augmentent, la végétation, le vivant, humains et non humains auront un besoin en eau croissant, ce qui entraînera un besoin de partage et de sobriété, voire d’abandon sur des usages non vitaux. Le risque important est la diminution de la ressource (fonte des glaciers, moins de neige, moins de pluies, la Durance a un régime pluvio-
nival).

L’autre risque sont les inégalités liées au partage et aux usages.
L’eau doit être porteuse de joie et de paix, la guerre de l’eau aura lieu si certains la captent pour leur profit et d’autres en manquent, voire en meurent.

Nous allons donc devoir faire face collectivement à cette diminution, nous devons affirmer le rôle essentiel que joue une rivière comme Durance dans le cycle de l’eau.
Permettre à l’eau de couler dans nos rivières est une priorité, le débat sur tous les usages doit être ouvert et large.

La Commission Locale de l’Eau (CLE, outil du futur SAGE de Durance) vient d’être constituée. Comment peut-on débattre de l’eau et des usages sans la rivière ?

Nous travaillons à la reconnaissance des droits de Durance pour permettre, par la voie juridique et des représentants, de porter cette voix dans les instances de l’eau.

Enfin, nous nous interrogeons sur cette injonction paradoxale qui d’un côté s’organise pour
continuer le développement économique de notre territoire avec le PIB ( inventé dans les années
1930 par un économiste Russo-Américain Simon Kuznets) comme critère de référence, notamment
en détournant toujours plus d’eau de nos rivières (car le PIB est muet sur l’état de notre planète comme l’écrit l’économiste Eloi Laurent) et de l’autre prône la sobriété (éviter de consommer ce qui est proposé en trop grande quantité).

Ce ne sont pas les aménagements qui sont à l’origine de l’eau en Provence mais bien le cycle de l’eau, et sans rivière vivante nous risquons le pire. »

La Provence 09-O7-2023 - 1 -.
La Provence 09-07-2023 - 2 -.

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