L’Office national de l’eau et des milieux aquatiques a publié cet été son Rapport d’activités 2015, qui traduit bien, et la montée en puissance de l’Office, après le scandale qui l’a entâché en 2012, et les périls qui le menacent après 2017.
Sous la houlette de Paul Michelet, son nouveau directeur, issu d’une Agence de l’eau, le bilan 2015, sous l’appellation des “Temps forts de l’Onema”, présente l’avantage d’être infiniment plus lisible, et d’une lecture aussi pédagogique qu’agréable, que les précédents rapports d’activités.
Alors que l’Agence française de la biodiversité (AFB) est réputée voir le jour au 1er janvier prochain, l’OVNI arraché à un François Hollande en campagne par FNE qui auditionnait à Montreuil les candidats à la présidentielle de 2012, et aura survécu à moult avanies (jusqu’à quand ?), aura donc prospéré contre vents et marées en dépit de ses carences manifestes, dont la moindre n’est pas, comme chacun sait, le refus des chasseurs d’en être partie prenante.
Ceci sans compter les coûts de rabots du Sénat, qui a déjà sensiblement ratiboisé les ambitions de la bande à biodiv, dont le leader maximo, Christophe Aubel a du souci à se faire, ce dont il semble commencer à se rendre compte.
Bref, il est donc fort intéressant, à la lumière du programme présidentiel des Républicains pour l’environnement, et des rapports Tandonnet-Lozach, puis Pointereau, d’étalonner les ambitions de l’Office, à la lumière de ce qui risque fort d’advenir en cas d’alternance…
Concernant ses personnels, dans le collimateur de la FNSEA et de ses pseudopodes parlementaires, The question c’est les flingues, dont veut les priver le syndicat agricole majoritaire. Au train où ça va, on va bientôt nous soutenir que l’armement de nos vaillants inspecteurs de l’environnement serait plus utilement déployé pour armer les polices municipales en lutte contre les houris (radicalisées en vingt minutes), porteuses de burkinis sur nos riants littoraux…
On note une nette croissance de la formation continue, via l’IFORE, qui doit tout à la Gemapi.
Côté finances, le désastre d’Ecophyto continue à peser sur les comptes, tandis qu’on attend toujours, par exemple en Guadeloupe, de savoir où ont été engloutis les millions de millions d’euros censés remettre à niveau des départements en situation de catastrophe absolue. D’ailleurs il en est où le syndicat unique après le rapport de Pierre-Alain – Red Adair – Roche ?
Côté recherche on finance à donf, mais sur le terrain comment améliorer la prise en compte des avancées techniques face à des élus, ou réticents, ou carrément autistes ?
Nous ne ferons que survoler charitablement le pôle Inside, qui a en fait récupéré (le BRGM), le SIEau, au vu du résultat sidérant des auditions sur les données conduites dans le cadre de la mission Levraut. Et tout ça pour finir avec l’enfumage de HUBEAU, où l’on imagine qu’il suffit d’appâter une horde de hipsters en chemises à carreau en bêlant “Big Data, Big Data” pour se sortir de la nasse… La prochaine fois ils vont nous inventer les “POK-EAU-MON GO Trophys”, ils sont cap !
Ensuite, Naïades, Onde et BNPE, on n’a pas le temps, donc y reviendra.
Quant à l’ineffable SISPEA, considérant qu’on ne tire pas sur une ambulance, on va se marrer avec les prochains rapports qui vont nous éblouir d’un taux de couverture de 90% en 2020, merci la loi NOTRe, grâce aux tripatouillages auxquels procède un bureau d’études privé auquel l’Office a refilé le bébé...
Bon, côté police, là on ne rigole plus, ça craint en cas d’alternance. Dommage car les initiatives de sensibilisation des magistrats étaient une fameuse idée, même si la funeste transaction pénale réduit à peu près à néant l’intervention judiciaire en matière de délits environnementaux.
Et l’on découvre, un vrai gag, qu’en Bretagne une cyberpatrouille Onemesque arrive à choper via Internet, des petits malins qui essaient de fourguer en loucedé des anguilles ou des pesticides… Bravo !
Juste après hélas, on retombe de haut avec la feuille de route de la “cartographie” des cours d’eau”, puisque Ségolène a une nouvelle fois tout cédé aux lobbies, ici la FNSEA qui veut décider toute seule de ce qu’est un ruisseau, un fossé, et a bien l’intention de continuer à faire la loi sur les têtes de bassins versants. Alerte rouge !
Après on a tout un pataquès sur la continuité écologique, la restauration des cours d’eau, l’hydromorphologie, les obstacles et tutti frutti. Bon, nos amis des moulins sont en embuscade et on bien caressé dans le sens du poil leurs amis sénateurs, donc là aussi la restauration à donf, ça va bastonner grave après 2017. On verra moins de bulls dans les rivières, toujours ça de pris…
En attendant le Sénat mettait en ligne le samedi 25 août 10 questions sénatoriales portant sur la préservation des moulins et les excès de la sainte croisade pour la continuité, laissées sans réponse par le ministère de l’Environnement... Allo la DEB, y a quelqu’un ?
Bon, après l’innovation sur l’état des eaux, l’identifcation de l’ADN des espèces au lieu de la pêche électrique, c’est pour faire genre et justifier le pognon filé aux startoupes créées par les petits malins qui gardent un pied au CNRS ou à l’Irstea avant de toucher le pactole : le syndrome Martin (le père, la mère et surtout le fils, les Bollorés d’Eurofins)…
Sinon, sur le plan judiciaire, et là évidemmement vous ne le trouverez pas dans le rapport, un rebondissement dans le scandale de l’Onema. L’une des six personnes que la Cour des comptes a traduites devant la Cour de discipline budgétaire et financière, a obtenu début juin du Conseil d’état la transmission d’une QPC au Conseil constitutionnel, au motif du “non bis idem”.La procédure est donc momentanément suspendue dans l’attente de la décision du Conseil. On y reviendra.