Crise aggravée à l’Onema, sa nouvelle directrice générale, gravement malade, est remplacée au pied levé par François Lacroix, bras droit de l’ex-DG Patrick Lavarde, sur fond de climat social de plus en plus dégradé, tandis que les « préfigurateurs » de la future « Agence française pour la biodiversité » préconisent dans un nouveau Rapport d’étape tout juste remis à Delphine Batho d’intégrer purement et simplement les missions, les personnels, et surtout les financements de l’Onema qui constituerait dès lors le socle de la future Agence…
Mme Elisabeth Dupont Kerlan, frappée par une grave maladie, n’aura succédé que pour quelques mois à Patrick Lavarde, dont la récente intronisation es qualité de représentant de l’Etat français au bureau du PFE ne devrait pas perdurer davantage.
Du coup c’est François Lacroix, célèbre protagoniste du « Sommet des Bulots » qui prend les rênes de l’établissement « par intérim », ce qui n’est pas pour rassurer un personnel qui a vu se poursuivre au siège, à Vincennes, ne varietur, des pratiques managériales délétères, avec des départs nombreux, des promesses non tenues sur d’éventuels CDI, des recrutements en CDD d’un an sur des postes permanents...
Ceci alors même que l’Office continue à fonctionner sans aucun service juridique puisque les personnels qui le constituaient ont été brutalement éliminés après avoir tenté de s’opposer aux graves dévoiements ensuite identifiés par la Cour des comptes…
Mais c’est désormais l’option retenue par les deux « préfigurateurs » de la future « Agence française pour la biodiversité », dans le rapport complémentaire qu’ils viennent tout juste de remettre à Delphine Batho qui retient l’attention, puisqu’ils recommandent rien moins que de conférer à l’Onema, en l’intégrant pleinement dans la future Agence, personnels, missions et surtout financements compris, le rôle de « pilier » de l’Agence en gestation !
A croire que le Rapport de la Cour des comptes n’a jamais existé…
Et quand on regarde de plus près les projets de « programmation » de la future Agence, surtout pour ce qui concerne la recherche, l’expertise et la connaissance des écosystèmes, on se prend à trembler pour ce qui attend, par exemple, le savoir faire éprouvé du Museum d’Histoire naturelle, qui a lui aussi vocation à rejoindre le périmètre de la future agence :
« (…) Afin de donner une idée des grandes masses de dépenses, il est possible de les présenter, sur
une base annuelle à partir de 2015 selon les rubriques suivantes :
A/ la masse salariale et les moyens de fonctionnement. En prenant comme ratio le
coût complet par agent (charges de personnel plus charges de fonctionnement plus charges
d’investissement) de l’ONEMA, nous pouvons proposer 95 millions d’euros pour un plafond
d’emploi à 1 200 ETP cible évoqués plus haut ;
B/ les moyens d’intervention réservés à l’alimentation en eau potable et à
l’assainissement des départements d’outremer : 16 à 20 millions d’euros par an ;
C/ le soutien de la recherche et de l’expertise sur l’eau, les milieux aquatiques et les
écosystèmes associés : 8 à 10 millions d’euros par an. Ces crédits incitatifs concernent aussi les
milieux marins côtiers ;
D/ le développement de la connaissance des écosystèmes :
· systèmes d’information et observatoires (coordination, méthode, outils, formation,
valorisation : 8 à 10 millions d’euros par an ;
· la production de données « habitats / espèce »s et « activités humaines » : 10 à
12 millions d’euros par an ;
· le rapportage des directives (2015 DCE, 2020 DHFF et DSMM) : 3 millions
d’euros sur 2 ans ;
· centres thématiques européens eau et nature : 1 million d’euros par an ;
· programmes dédiés à la haute mer : 0,5 millions d’euros par an ;
E/ l’appui technique aux politiques publiques eau, forêts, nature, chasse, pêche,
milieux marins, en matière de planification, zonage, schéma, contrôle et évaluation : 5 millions
d’euros par an ;
F/ aide au montage de projets et plans d’action pour des espèces en danger
d’extinction ou contre des espèces exotiques envahissantes et aide à la gestion d’aires
protégées, y compris parc naturels marins : 35 millions d’euros par an dont 3 à 5 pour la
coopération ;
G/ éducation à l’environnement, sensibilisation campagnes de communication,
montage d’évènements : 10 millions d’euros par an.
Cette énumération dont le total représente 190 à 200 millions d’euros ne porte pas sur
l’affectation, contractualisée ou non, par programme, appel à projets ou territoire, de moyens
supplémentaires hébergés dans un fonds d’intervention (cf premier rapport). Les travaux du
Comité sur la fiscalité écologique vont bientôt proposer quelques mesures. D’ores et déjà nous
approfondissons le redéploiement de ressources affectées à l’occasion de la modification de leur
plafond engagée pour préparer le PLF 2014.
Il nous semble qu’une des premières destination de ce fonds d’intervention pourrait être le
nouveau plan national d’action en faveur des zones humides qui engloberait aussi le domaine
public outremer.
Ce serait un premier pas dans la mise en oeuvre des « objectifs d’Aïchi » (objectif n° 15 : d’ici 2020 restaurer au moins 15 % des écosystèmes dégradés) et une traduction immédiate de l’engagement de reconquête de la biodiversité puis lors de la Conférence Environnementale de septembre 2012.
(…)
Ainsi, dès la première année, l’Agence pourrait être dotée de 195 millions d’euros provenant
pour une cinquantaine de millions d’euros du budget de l’Etat et pour 145 millions d’euros du
budget des agences de l’eau. Il faudra de plus, dès les premiers programmes de l’Agence veiller
à ce que les moyens apportés par l’ONEMA, donc les agences de l’eau, soutiennent en priorité
des projets conjuguant la directive cadre sur l’eau avec les directives habitats faune, flore ou
milieux marins. »
Tout cela est bel et bien beau, mais laisse entières les incertitudes liées :
– aux investigations que va conduire la justice pénale sur les dévoiements de l’Onema ;
– aux résultats d’un audit (indépendant) sur la production des données sur l’eau, promis par Delphine Batho, promesse qui n’a en réalité encore connu aucune application concrète ;
– aux impacts de la mise en œuvre d’une nouvelle « Police unifiée de l’environnement » au 1er juillet prochain…
– aux conséquences prévisibles pour l’écosystème généré par l’Onema de sa disparition sous sa forme actuelle, notamment pour ce qui concerne les 40 millions d’euros annuels de « conventions » qui lient l’Office, dans des conditions éminemment suspectes, à un nombre considérable d’opérateurs publics et privés…
Le tout sans compter que le dernier CNDDGE a recueilli des avis extrêmement mitigés sur cette proposition.
Source :
« Rapport de préfiguration d’une Agence française de la Biodiversité. Phase II » – avril 2013.
commentaires
Contrairement à ce que vous dites, la situation à l’Onema est extrèmement grave.
Détournements de fonds publics à hauteur de plusieurs millions via des marchés truqués, des fausses facturations et des subventions fictives.
Des faux ont été produits et des documents officiels détruits. Les conflits d’intérêts sont légion à l’Onema. Ceux qui financent sont membres des organismes financés. Et ceux qui participent à ce système, à l’exception de M. Lavarde, écarté par la ministre, sont toujours en poste. En revanche, la plupart des personnels qui se sont opposés ne sont plus à l’Onema. Poussés au départ ou virés dans l’indifférence quasi générale. Pourtant ces agents ont alerté tout l’établissement sur les pratiques de harcèlement (injures, menaces de licenciement, pressions morales, intimidations physiques, multiplication des arrêts maladie pour dépression nerveuse,...) et ses raisons (refus d’obéïr aux ordres illégaux). Les syndicats ont été informés très en détail sur cette situation par les agents, y compris le syndicat dont vous semblez faire partie à en juger par votre argumentaire sur le soi disant acharnement de la Cour des comptes contre l’Onema (qui ressemble à s’y méprendre à un courrier de M. Céciliot du SNAPE particulièrement haineux à l’encontre du SNE qui a porté plainte contre les détournements de fonds). A ce sujet d’ailleurs vous n’êtes pas bien informé. La Cour des comptes a demandé des poursuites contre la SNCF et contre Sciences Po récemment. Je suis d’accord avec vous, ces poursuites restent malheureusement encore trop rares et sans le courage de certaines associations, le nombre d’affaires transmises à la justice serait encore plus faible. Sans Anticor par exemple, il n’y aurait pas d’enquête sur les sondages de l’Elysées ou ceux de Matignon. Mais visiblement vous ne faites pas partie de ceux qui agissent pour qu’il soit mis fin à ce type de dérives gravissimes mais plutôt de ceux qui trouvent normal que les responsables restent impunis au motif que d’autres passent à travers les mailles du filet.
Vous dites être personnel de l’Onema et attaché aux missions de l’établissement. Dans ce cas, comment est-ce possible que ne vous soyez pas choqué par ce qui est arrivé à vos collègues du secrétariat général ? Comment est-ce possible que vous acceptiez que des dirigeants pillent l’établissement en toute impunité ? Menacer et attaquer les rares personnes qui osent dénoncer un tel système ne ressemble pas vraiment à l’attitude de quelqu’un d’attaché aux intérêts de l’Onema. Craignez vous la transparence, avez-vous peur de ce que pourrait découvrir la justice ? A vous lire, il semblerait.
Un ex personnel de l’Onema
Je reprends volontairement votre réponse par rapport à ce que j’ai écrit sous forme de dialogue :
perso dit : « oui M lainé, il y a eu des manquements importants dans la gestion de l’établissement »
grain de sable répond : « Contrairement à ce que vous dites, la situation à l’Onema est extrêmement grave ».
J’avoue ne pas comprendre votre expression « Contrairement à ce que vous dites »
Par la suite, vous faites l’énumération d’accusations (Des faux ont été produits et des documents officiels détruits. Les conflits d’intérêts sont légion à l’Onema.) ; tout cela mettant en cause des personnes encore à l’ONEMA.
Les personnes que vous accusez font-elles l’objet de « mise en examen » ? ou toute autre procédure ? Et si c’était le cas (vous l’auriez surement déjà écrit) acceptons donc le principe de l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme : « Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées », je ne doute pas que vous soyez d’accord avec cet article.
Vous m’affiliez à un syndicat et m’accusez de reprendre les propos de M Céciliot. ^
Je suis au regret de vous informer de ne pas faire partie d’un syndicat représentatif au sein de l’ONEMA, ni d’ailleurs.
Je réclame le droit d’avoir mes idées et m’exprimer comme bon me semble. En aucun cas mes propos ne reprennent un argumentaire de qui que ce soit, est-ce votre cas ? à noter qu’un proverbe dit : « c’est la première poule qui chante qui a pondu l’œuf »
Quant à ce que vivent mes collègues du secrétariat général, n’en faisant pas partie je me garderais bien de juger si oui ou non il y a harcèlement ou pas (principe de l’article 11 ci-dessus), de plus à la lecture des tracts syndicaux que nous recevons il est clair que les syndicats, le CHSCT, et même une société extérieure ont été saisis sur le problème, et qu’à ce jour je n’ai pas eu d’information officielle des conclusions, mais peut être les avez-vous ?.
En conclusion, la transparence ne me fait pas peur et je ne me sens pas menacé par la justice en ce qui concerne les affaires que vous dénoncez au sein de l’ONEMA.
Je peux vous assurer que je n’ai pas fait de harcèlement, ni menace, je ne m’occupe pas des marchés publics, je n’ai pas produit de faux, ni détruit de documents, etc…, et je n’accuse personne de malversation, d’harcèlement, de conflit d’intérêts, etc. Je reste tout simplement prudent face aux accusations graves tant qu’elles ne sont pas jugées, principe de précaution
Mais vous, malgré tout ce que vous dénoncez, et si finalement les personnes ne sont pas condamnées, ferez-vous votre mea-culpa ? car la justice peut être surprenante parfois non ?
Une agence de bric et de broc ?
L’ONEMA, pilier de la future agence de la biodiversité ? Certains évoqueront deux raisons ayant présidé à ce choix des préfigurateurs : la nécessité de trouver les moyens du financement de cette nouvelle agence et un rapport sévère de la Cour des comptes. L’Onema victime expiatoire offerte sur l’autel des engagements présidentiels ?
Il y a une troisième raison et elle n’est pas des moindres : le refus du monde de la chasse et de la haute hiérarchie de son établissement public de voir l’ONCFS, l’office national de la chasse et de la faune sauvage, d’intégrer l’agence de la biodiversité. N’étant pas à une contradiction près, le monde de la chasse revendique d’être l’expert du ministère mais il refuse d’être le pilier de l’agence de la biodiversité de peur de voir sa prédominence, pour ne pas dire son hégémonie, sur le conseil d’administration réduite. Une petite pincée de collectivités soigneusement choisies suffirait à rendre cet établissement indépendant !
Le lobby politique de la chasse, trans partis politiques, a bien manoeuvré ! Dès lors le seul choix de substitution était l’ONEMA. Cela tombe bien, il fallait justement faire tomber l’ONEMA...
Personnellement, je trouve sans aucun rapport ( la maladie grave de la directrice générale de l’onema ) et le titre de votre article.
Si par malheur cette information est vraie et qu’elle vous a été transmise par un personnel de l’ONEMA, cela me choquerait profondément, car le droit de réserve et le secret professionnel ne seraient pas respectés, ce qui est à mes yeux bien plus graves que ce qu’on reproche à certaines personnes de l’ONEMA.
Alors oui M lainé, il y a eu des manquements importants dans la gestion de l’établissement, mais en toute honnêteté pas plus pas moins que dans beaucoup d’autres établissements publics. Et si on compare les sommes en jeu avec d’autres affaires dans d’autres établissements publics (SNCF, EDF etc...) nous serions considérés comme des petits joueurs et on n’intéresserait personne (comme au bon vieux temps du CSP et de son ancien Directeur administratif et financier), et oui M lainé, celui-là n’a pas fait l’objet, à ma connaissance de sanction.
Mais nous ne sommes plus CSP nous sommes ONEMA et on dérange un certain nombre de gens qui voit dans les missions de l’ONEMA l’outil qui les empêche, au non de la protection des milieux de faire se qu’ils veulent.
Aussi, à force de critiquer comme vous le faites, vous apportez de l’eau à leur moulin qui comme chacun le sait et néfaste à une bonne continuité écologique.
Un personnel de l’ONEMA