Plusieurs centaines de syndicalistes issu(e)s, de diverses confédérations, mais aussi des salariés des secteurs publics et privés, chômeurs, précaires, retraité(e)s, interpellent le mouvement syndical, soulignant que « le vieux dogme de la croissance pour la croissance comme seul horizon à la lutte du mouvement social est en crise. La défense des fins de mois et des conditions de travail ne s’oppose pas à la lutte contre la destruction de la planète. »
EXTRAITS DE L’APPEL
– 1. La crise actuelle est une crise systémique globale, à la fois économique, financière, écologique. La globalité de cette crise nous oblige à repenser la question syndicale. La lutte contre les inégalités sociales et écologiques forme un seul et même combat. Mais nous ne pouvons nous satisfaire de la seule résistance au système capitaliste.
Les luttes contre la privatisation des services publics, les plans de licenciements et les délocalisations sont décisives mais elles doivent se traduire par des propositions de rupture avec le mode de développement, de production et de consommation, fondé sur le productivisme.
Le vieux dogme de la croissance pour la croissance comme seul horizon à la lutte du mouvement social est en crise. La défense des fins de mois et des conditions de travail ne s’oppose pas à la lutte contre la destruction de la planète. Le syndicalisme tout en privilégiant la défense des intérêts immédiats des salariés ne peut faire l’impasse sur les conséquences des dégâts du productivisme et de la fin programmée des ressources naturelles et des biens communs.
Seule la transformation écologique de l’économie et de la société permettra d’avancer de combattre efficacement le chômage et d’améliorer les conditions de vie et de travail.
Nous ne protègerons pas les travailleurs si l’économie toute entière n’est pas réorientée vers un autre mode de production, un autre système de transport, un autre aménagement du territoire, une autre agriculture. Il faut maintenant trouver des solutions au dépassement du capitalisme même repeint en vert et construire une alternative écologique et sociale aux ravages dont il est porteur.
– 2. L’écologie appartient à toutes et à tous. Elle n’est pas le domaine réservé, contrairement à une opinion trop répandue, des classes aisées des centre villes mais concerne d’abord toutes celles et tous ceux qui en sont les premières victimes : salariés, chômeurs, paysans, précaires, retraités, travailleurs pauvres…
C’est dans les entreprises que nous devons affronter les conséquences du productivisme : amiante, pollution chimique, air pollué, ondes électromagnétiques, énergie nucléaire…
Ce sont d’abord les ouvriers qui meurent des cancers liées aux produits chimiques, des accidents du travail, de l’air pollué…
C’est dans les entreprises de service que les nouvelles maladies liées au stress et à l’intensification du travail, au harcèlement psychique et à la course à la rentabilité se traduisent par la souffrance au travail qui va jusqu’aux suicides : ouvriers, employés cadres du tertiaires, nous sommes tous pressurés et jetés dès lors que nous ne sommes plus performants en regard des critères de rentabilité...
Ce sont les salariés du commerce qui subissent les effets de temps partiels imposés, d’univers sonores abrutissants, ceux de l’agriculture, qui sont les premières victimes des dangereux produits phytosanitaires ou des nitrates…
Ce sont les salariés du secteur public, que ce soit dans les hôpitaux, les écoles, les trains ou les administrations, qui doivent faire face à des charges de travail en augmentation, alors que le démantèlement des services publics, la RGPP et les attaques répétées contre les fonctionnaires réduisent les effectifs et uniformisent peu à peu les conditions de travail dans le public et le privé.
Alors même que la médecine comme l’inspection du travail sont de plus en plus marginalisées, nous devons affronter chaque semaine de nouvelles mesures qui aggravent nos conditions de vie et de travail tout en nous jetant dans la précarité.
Nous refusons d’être les variables d’ajustement de la mutation alors que nous devons en être les acteurs. C’est dans et à partir les entreprises que nous devons porter les revendications et les luttes concernant la santé et l’environnement, l’organisation du travail, la redistribution des richesses et du partage capital travail, la démocratie dans l’entreprise.
La pollution industrielle ne s’arrête pas à la sortie de l’usine. Nous subissons tous les jours dans nos quartiers les conséquences de cette irresponsabilité sociale et environnementale : gestion des déchets, eaux usées, air pollué, bruit, urbanisme, transport… Les organisations de salariés et de paysans doivent au côté des organisations environnementales, de consommateurs et d’usagers, intervenir ensemble dans la vie de la cité.
(…)
Les signataires de l’appel des écosyndicalistes le font à tire personnel. Quelles que soient leurs fonctions, leur signature n’engage pas leur syndicat. Les signataires sont des militantes et des militants issu(e)s de toutes les confédérations, dans le respect de chaque organisation syndicale. Ils ont pris l’initiative de créer ce réseau écosyndical, sur la base de l’Appel des écosyndicalistes. Ce réseau se veut un outil au service du syndicalisme et des syndicalistes. Son objectif est de contribuer à la prise en compte de la dimension écologique par le syndicalisme. Pour les militants écosyndicalistes, les combats pour la justice sociale et la justice environnementale sont indissociables. N’hésitez pas à contribuer à la réflexion collective en envoyant analyses et informations et à participer aux réunions et aux actions proposées par le réseau. »