L’affaire aurait du faire bondir la galaxie écolo. Il y a un an l’Anses, dans un avis motivé rendu public le 22 février 2017, invitait la population, à raison des risques encourus, à ne pas laver son linge avec de l’eau de pluie. L’avis est largement passé inaperçu, indice que les sacro-saints “éco-gestes” vantés à longueur de colonnes et de micros par des légions d’évangélistes béats, ont bel et bien acquis une autonomie, qui fait fi de toute considération sanitaire, comme financière. Faut-il s’en réjouir ? Non. Car l’anecdote illustre aussi le lent effondrement des politiques publiques du secteur, qui ne va que s’accélérer dans les toutes prochaines années, à raison des orientations, désastreuses, actuellement mises en oeuvre par les pouvoirs publics.
Des centaines de milliers de particuliers récupèrent, de plus en plus nombreux, l’eau de pluie pour des usages domestiques depuis une quinzaine d’années.
La galaxie écolo-bobo applaudit à tout rompre, se fichant éperdument, et d’affaiblir ce faisant la service public de l’eau potable, via cette désaffiliation (individualisme triomphant), et de faire la fortune d’innombrables aigrefins fabricants et diffuseurs des matériels idoines, et, enfin de vulgariser un discours qui fait fi de tout bon sens en matière environnementale et sanitaire.
Le feuilleton a déjà connu d’innombrables escarmouches, avec les débats conflictuels autour de l’usage d’eau de pluie à l’intérieur des habitations, pour les toilettes, les lave-linges… Un dialogue de sourds.
Qui est donc raparti pour un tour dès lors que l’ANSES, redoutant des risques sanitaires, invite la population à ne pas utiliser l’eau de pluie pour laver le linge, à raison des risques sanitaires encourus.
L’Agence soulignait en effet que les particuliers se retrouvent dans ce cas de figure en rapport direct avec l’eau dont la qualité est incertaine.
Et les invitait donc à s’abstenir d’utiliser l’eau de pluie pour faire fonctionner leur lave-linge.
"Lors de leur passage dans l’atmosphère, du ruissellement sur les toitures, dans le réservoir de stockage puis dans le réseau, les eaux de pluie peuvent se charger en métaux, matières organiques, micropolluants organiques et en micro-organismes", soulignait en effet l’ANSES.
La saison, la pluviométrie, la température, l’installation elle-même, la localisation géographique (rural/urbain)... Autant de paramètres qui peuvent influer sur la qualité de l’eau et qui sont, du fait de leur nombre et de leur versatilité d’un territoire à l’autre, extrêmement difficiles à maîtriser.
Face à cette "impossibilité d’identifier et caractériser de façon exhaustive les dangers microbiologiques et chimiques prépondérants d’une installation de récupération d’eau de pluie à laquelle serait raccordé un lave-linge", l’ANSES invitait donc les particuliers à éviter cette pratique.
Et rappelait en outre que d’un point de vue législatif, ils n’ont pas le droit de le faire (arrêté du 21 août 2008) : "l’utilisation d’eaux de pluie pour le lavage du linge n’est autorisée à titre expérimental, sous réserve de mise en œuvre de dispositifs de traitement de l’eau adaptés".
Un arrêté ministériel du 21 août 2008 relatif à la récupération des eaux de pluie et à leur usage à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments précise des conditions d’usage de l’eau de pluie récupérée en aval des toitures inaccessibles, dans les bâtiments et leurs dépendances, ainsi que les conditions d’installation, d’entretien et de surveillance des équipements nécessaires à leurs récupération et utilisations.
Cet arrêté autorise l’utilisation de l’eau de pluie à l’extérieur de l’habitation (usages domestiques et arrosage des espaces verts) et à l’intérieur (alimentation des chasses d’eau et lavage des sols intérieurs). L’utilisation d’eaux de pluie pour le lavage du linge est autorisée à titre expérimental, sous réserve de mise en œuvre de dispositifs de traitement de l’eau adaptés.
La Direction générale de la santé avait saisi l’Anses afin de « définir les risques sanitaires potentiels directs et indirects que pourrait représenter la mise en œuvre d’une installation de récupération et d’utilisation d’eau de pluie à laquelle serait raccordé un lave-linge, et d’évaluer les modalités de traitement de l’eau éventuellement nécessaires afin que l’eau de pluie puisse être autorisée pour le lavage du linge. »
L’agence s’inquiètait notamment pour les personnes à risque d’allergie cutanée, les jeunes enfants, qui mettent régulièrement le linge à la bouche, les personnes en hospitalisation à domicile ou encore les personnes vivant à côté de sites industriels et de sites agricoles, où l’eau de pluie est susceptible de contenir davantage de contaminants chimiques, dont l’Agence a établi un listing impressionnant. Autant de personnes fragiles pour lesquelles l’eau pourrait présenter des risques sanitaires.
Pour l’ANSES, la récupération des eaux de pluie pour alimenter un lave-linge doit non seulement être bien expliquée aux particuliers, mais également être extrêmement encadrée, notamment sur le plan technique.
Pour être réalisée dans de bonnes conditions, l’ANSES précisait qu’un réseau d’eau non potable doit être mis en place à l’intérieur du bâti et, ce, pour "éviter le risque de confusion et d’interconnexion des réseaux d’eau de distribution publique et d’eaux non potables dans le bâti ».
Les recommandations de l’Agence
Compte tenu des variations locales en fonction de la saison, de la pluviométrie (durée de l’évènement pluvieux, période de temps sec, etc.), de la température, des caractéristiques de l’installation, de la localisation géographique (rural/urbain), de la nature et des caractéristiques du bassin versant et des surfaces sur lesquelles ruissellent les eaux de pluie, l’Agence conclut à l’impossibilité d’identifier et caractériser de façon exhaustive les dangers microbiologiques et chimiques prépondérants d’une installation de récupération d’eau de pluie à laquelle serait raccordé un lave-linge.
De plus, la situation relative à la récupération et à l’utilisation de l’eau de pluie en France, en général et en particulier pour le lavage du linge, est peu documentée, malgré l’article 5 de l’arrêté du 21 août 2008 prévoyant une déclaration d’usage en mairie.
Cette expertise conclut un cycle de travaux de l’Agence portant sur diverses mesures et développements technologiques mis en œuvre pour répondre à la problématique sanitaire liée aux risques ponctuels et/ou durables de raréfaction de la ressource en eau.
Au vu de l’hétérogénéité des données disponibles, des conditions locales, des pratiques des particuliers pour le lavage du linge et de l’impossibilité de réaliser une évaluation des risques, il ne peut être proposé ni de limites de qualité pour l’eau d’alimentation des lave-linge, ni de traitement générique de l’eau de pluie pour le lavage du linge en machine.
Par ailleurs, un lave-linge n’est pas une enceinte stérile et contient des populations microbiennes constituées de micro-organismes apportés par l’eau d’alimentation, les biofilms et/ou le linge sale.
Ces différents micro-organismes sont susceptibles d’être retrouvés sur le linge sortant de la machine à laver.
Le devenir des micro-organismes sur le linge est étroitement lié aux conditions de lavage (température, produits lessiviels, cycle et qualité de l’eau de rinçage), aux autres étapes d’entretien du linge (séchage, repassage) et à leur synergie.
Ainsi l’Agence recommande que l’eau de pluie ne soit pas utilisée pour laver le linge des populations suivantes :
– les populations à risque d’allergie cutanée, ayant des maladies de peau ou des peaux atopiques (propices aux allergies) ;
– les jeunes enfants, qui mettent régulièrement le linge à la bouche ;
– les personnes immunodéprimées ;
– les personnes en hospitalisation à domicile ;
– les personnes hospitalisées dont le linge est lavé à la maison, et leur entourage ;
– les personnes vivant à côté de sites industriels et de sites agricoles, où l’eau de pluie est susceptible de contenir davantage de contaminants chimiques.
S’agissant du lavage du linge, l’Anses préconise l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques du lavage du linge, quel que soit le type d’eau utilisé, afin de permettre aux particuliers d’être informés des pratiques d’entretien du linge (tri du linge, température, repassage) à mettre en œuvre afin de viser une hygiène optimale du linge.
L’Anses rappelle et souligne les enjeux et risques sanitaires liés à l’utilisation d’eau non potable pour des usages domestiques à l’intérieur de l’habitat, impliquant la création à l’intérieur du bâti d’un réseau d’eau non potable.
L’Agence réitère donc ses recommandations visant à éviter le risque de confusion et d’interconnexion des réseaux d’eau de distribution publique et d’eaux non potables dans le bâti. Il convient pour cela de mettre en place une identification claire des réseaux (couleur, pictogramme, etc.) qui doit être comprise par toutes les populations y compris les personnes malvoyantes et celles ne sachant pas lire ou maîtrisant mal l’usage du français. Il apparaît ainsi primordial que les prescriptions techniques de l’arrêté du 21/08/2008, de la norme NF 16-005 (eau de pluie) et de la norme NF EN 1717 (protection du réseau d’eau destinée à la consommation humaine) soient respectées, notamment celles concernant la disconnexion des réseaux d’eau, l’entretien, la maintenance, le robinet de soutirage à l’intérieur du bâtiment.
L’Anses recommande enfin qu’un diagnostic de présence de réseau d’eau non potable soit ajouté avant la vente de tout bien immobilier.
commentaires
recupérer de l’eau de pluie dans son installation perso pour son utilisation perso à la place de l’eau du service public c’est comme prendre sa voiture perso au lieu des transports en commun
Cher X,
Est-ce que, suivant les circonstances, l’on ne peut pas parfois se déplacer en voiture et d’autres fois utiliser les transports en commun ?
Par ailleurs, j’avoue humblement qu’il m’arrive aussi de péter en marchant.(comme pour les minerais de viande sur patte, un complément alimentaire aujourd’hui facultatif et demain obligatoire pour tout-un-chacun devrait remédier à cette ringarde imperfection naturelle)
Je m’excuse de m’être exprimé comme une harengère (Sainte Simone pardonne moi !), mais j’étais un brin agacé.
Pour détendre l’atmosphère : " Le hareng pète. On pourrait se dire comme tout le monde ! Et bien, non, le hareng pète la nuit pour communiquer. « Le hareng a le pet social ». Que dis-je des pets, il faudrait dire comme dans les programmes scolaires non que les harengs pètent mais que « les harengs de l’Atlantique et du Pacifique produisent des sons explosifs pulsés. »" Ouf ! le socialement-correct est sauf !
Extrait de ce billet-web intitulé Le Hareng Bismarck, un poisson allemand http://www.lesauterhin.eu/le-hareng-bismarck-un-poisson-allemand/ On peut s’y frapper le bidon en savourant l’image de Gustav Kühn "Le retraité fait bombance"
Ah ouais ? Bonne nouvelle : si j’habite près d’un incinérateur,qui NE-REJETTE-RIEN-DE-NOCIF, je peux laver mon linge avec l’eau du ciel (ISO-2018).
Et bien ravis d’apprendre que l’ANSES se souciait des éléments allergènes contenus dans les lessives.