Compte à rebours anxiogène pour les organisateurs : la Seine charriait trop d’eau et de bactéries à un mois de l’ouverture des JO (26 juillet - 11 août), renforçant les doutes sur la bonne tenue des épreuves en eau libre et de la cérémonie d’ouverture.
En Ile-de-France, le printemps maussade a laissé place à un début d’été digne de ce nom, sec et ensoleillé. Mais les précipitations des dernières semaines ont encore de lourdes conséquences hydrologiques.
Les relevés d’analyses de la qualité du fleuve publiées le vendredi 28 juin par la mairie et la préfecture de région, portant sur la semaine du 17 au 23 juin, ont montré des concentrations en bactéries fécales en forte hausse par rapport aux deux semaines précédentes
La teneur en Escherichia coli et entérocoques ne doit pas dépasser respectivement 1000 et 400 unités formant colonie (UFC)/100 ml pour que les épreuves puissent être autorisées.
Alors que les concentrations en E.Coli se situaient généralement entre 1000 et 5000 UFC/100 ml la première quinzaine de juin, elles ont navigué entre 2000 et 10 000 - avec un pic à 13.000 - en début de troisième semaine, entre 2.000 et 6.000 en fin de semaine.
Quant aux entérocoques, aux valeurs globalement comprises entre 100 et 500 UFC/100 ml la première quinzaine de juin, elles sont passées plusieurs jours au-dessus de la barre de 1000 voire 2000.
"La qualité de l’eau reste dégradée du fait d’un contexte hydrologique défavorable : pluies, débit élevé, faible ensoleillement, températures en dessous des normes de saison et une pollution venue de l’amont", résument la mairie et la préfecture.
Mercredi, le préfet Marc Guillaume avait prévenu que le fleuve ne serait pas baignable début juillet.
L’heure de vérité approche pour les organisateurs : après la cérémonie d’ouverture, la Seine doit accueillir les épreuves de triathlon (30 et 31 juillet, 5 août), natation-marathon (8 et 9 août) et paratriathlon (1er et 2 septembre).
En cas de précipitations intenses, de l’eau non traitée - mélange de pluie et d’eaux usées - peut être rejetée dans le fleuve, un phénomène que des ouvrages de rétention inaugurés avant les Jeux auraient vocation à empêcher, martèle la propagande des organisateurs, un baratin auquel plus personne ne croit..
Si ces ouvrages se révélaient insuffisants en cas de fortes pluies, le plan B consiste à reporter de quelques jours les épreuves, mais pas à changer de lieu.
Mais l’attention se porte désormais plutôt sur le débit de la Seine, "six fois plus" élevé que d’ordinaire lors de la semaine observée : il était de 666 mètres cubes/seconde dimanche, alors qu’il est normalement de 100 à 150 mètres cubes en cette période.
C’est à cause de ce débit trop fort qu’a été reportée la répétition de la cérémonie d’ouverture prévue lundi dernier.
S’il est redescendu depuis, il stagne depuis jeudi à un plateau autour de 430 m3/s.
Non content de menacer la sécurité des nageurs, un fort débit pose aussi problème pour la cérémonie d’ouverture car "il influe sur la vitesse des bateaux et leur maniabilité" et menace l’"harmonie" de la parade nautique millimétrée, a expliqué à l’AFP Pierre Rabadan, adjoint à la mairie en charge des JO et de la Seine.
M. Rabadan se dit "plutôt confiant sur l’évolution du débit dans les prochaines semaines" car "il est prévu potentiellement des petits épisodes de pluie", et non plus "des longues pluies intenses comme les semaines dernières".
La répétition reportée pourra se tenir "sans doute après le 14 juillet", soit une dizaine de jours avant la cérémonie, a-t-il affirmé.
C’est aussi la semaine désormais prévue pour le plongeon historique dans la Seine de la maire Anne Hidalgo, également reporté en raison du mauvais temps, « mais aussi des élections législatives anticipées. »
MDR.
Pierre Rabadan a aussi indiqué que les travaux de réparation du pont de Sully, sous lequel doit passer le cortège des athlètes et qui avait été endommagé fin janvier par une péniche, doivent se terminer le 6 juillet.
Jusqu’ici tout va bien…