Députée (PS) de la deuxième circonscription des Deux-Sèvres, ancienne Ministre, réélue aux récentes élections législatives, Delphine Batho avait participé en mars dernier à la consultation publique organisée autour d’un projet de création de 19 nouvelles retenues d’eau dans son département, de longue date affecté par les excès d’une irrigation incontrôlée. Nous publions cette contribution remarquable, qui éclaire non seulement tous les enjeux de ce projet, mais propose de véritables alternatives pouvant constituer le fondement d’une nouvelle approche de l’irrigation au plan national.
Rappelons que c’est à Delphine Batho que l’on doit un moratoire à la création de nouvelles retenues, qu’elle avait décidé dès sa nomination comme ministre de l’Ecologie en 2012. Mesure immédiatement combattue par la FNSEA, et que son successeur éphémère, l’ancien député (PS) Philippe Martin, s’empressa de lever peu après sa nomination en 2013 pour y substituer l’outil des “projets de territoire”, que Ségolène Royal, loin de revenir au moratoire Batho, achèvera ensuite de porter sur les fonts batismaux. Projets de territoire qui sont devenus, après Sivens, l’instrument de la relance des retenues pour l’irrigation que vient de décider l’actuel gouvernement.
Dans sa contribution à l’enquête publique sur la création de 19 nouvelles réserves collectives de substitution sur le bassin de la Sèvre niortaise et du Marais Poitevin, conduite au début 2017 dans les Deux Sèvres, Delphine Batho, forte des connaissances acquises, illustre les défaillances profondes du processus même de décision qui précède la création de ces retenues d’eau. Données obsolètes et/ou incomplètes, carence de l’Etat, absence d’information et de participation du public, pourtant prévue par de nombreux textes français et européens…
Elle souligne ainsi, au cas d’espèce, que les conclusions du rapport d’évaluation « Le Marais poitevin : Etat des lieux actualisé des actions menées à la suite du plan gouvernemental 2003-2013 et orientations », commandé par le Gouvernement, étaient claires et auraient d’ores et déjà dû être prises en compte par l’Etat. Cette mission relevait ainsi à propos des retenues de substitution que « ces projets se traduisent trop souvent par un accroissement net des prélèvements en eau dans le milieu, la réduction des prélèvements estivaux étant moindre que l’augmentation des prélèvements hivernaux. »
A ce titre, la contribution de Delphine Batho, en tous points remarquable, puisqu’elle propose de surcroît en conclusion une alternative crédible au projet dont elle démontre les impasses, constitue un apport déterminant au débat que vient de relancer le gouvernement en cédant dans la précipitation, en plein été, au diktat de la FNSEA.
Lire aussi :
– La relance de l’irrigation camouflée en "projet de territoire"
http://www.p-plum.fr/spip.php?page=article&id_article=373
Les eaux glacées du calcul égoïste, 22 février 2016.
– Irrigation : Nicolas Hulot au milieu du gué
http://www.eauxglacees.com/Irrigation-Nicolas-Hulot-au-milieu
Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 aoüt 2017.
– Les enjeux du stockage de l’eau en agriculture, par Benoït Biteau
http://www.eauxglacees.com/Les-enjeux-du-stockage-de-l-eau-en
Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 aoüt 2017.
– Emmanuel Macron et Nicolas Hulot relancent l’irrigation agricole à outrance
http://www.eauxglacees.com/Emmanuel-Macron-et-Nicolas-Hulot
Les eaux glacées du calcul égoïste, 10 aoüt 2017.
– Relance de l’irrigation, le gouvernement confirme
http://www.eauxglacees.com/Relance-de-l-irrigation-les
Les eaux glacées du calcul égoïste, 13 aoüt 2017.
– Relance de l’irrigation : la colère des chercheurs
http://www.eauxglacees.com/Relance-de-l-irrigation-la-colere
Les eaux glacées du calcul égoïste, 15 aoüt 2017.
– Mesures de restriction d’eau en vigueur dans la région Poitou Charentes et le marais Poitevin
http://info.eau-poitou-charentes.org/
Info-eau, 18 aoüt 2017.
commentaires
Quelques éléments comme ça :
– une eau rejetée dans une rivière s’infiltre aussi
– bien mettre les modules de rivière en face de prélèvements ou de rejets aide
– les barrages ne règlent pas le problème des sécheresses : https://theconversation.com/barrages-et-reservoirs-leurs-effets-pervers-en-cas-de-secheresses-longues-111583
– les agriculteurs paieront ils les milliers de km de conduites de récupération de l’eau pluviale/traitée que vous appelez de vos vœux alors qu’ils ne paient qu’un cinquième de la redevance de prélèvement payée par les habitants ?
– Attention aux généralisations du genre "pluie sur terre", localiser l’argument aide (on ne récupère pas la pluie sur l’océan, à l’autre bout de la planète etc etc)
– Argument sur la différenciation forestière et les feux à tout le moins discutable (échelle météorologique de la pluie, parcelles effectivement brûlées...)
– citation du code de l’environnement fausse en droit
etc etc
les prélèvements agricoles dans les nappes phréatiques en nouvelle aquitaine représentent 1% des précipitations annuelles ...
quand les citadins auront compris que notre ressource principale c’est la pluie et qu’il ne faut pas la jeter l’hiver pour en en avoir l’été on aura sauvé la planète ...
par exemple :
170 000 m3 d’eau distribués en moyenne chaque jour dans la métropole de Bordeaux ( 62 millions de m3 par an ... c’est 40 fois le barrage de Sivens .... ) , cette eau douce repart dans la mer après traitement (on garde les boues toxiques pour les champs mais pas l’eau propre ...) ! Ils tombent au moins 600 mm de pluie par an sur la métropole de Bordeaux (579km2) soit 300 millions de m3 par an (200 fois le barrage de Sivens) qui repartent à la mer ....
Dans la métropole de Bordeaux on a au minimum 362 millions d’eau douce qui rejoint la mer au lieu d’être recyclée ou infiltrée, c’est un million de m3 par jour (un Sivens par jour ... ) . C’est 181 000 hectares de maraichage irrigués l’été uniquement en recyclant les rejets de la métropole, de quoi garantir une production qui dépasse les besoins de la métropole ... mais non tout repart à la mer et on pompe dans les nappes !
Le code de l’environnement impose un traitement et une infiltration de tous les rejets pour ne pas perturber le cycle de rechargement des nappes phréatiques (comme pour les maisons individuelles)... et quand les infiltrations ne sont pas possibles il faut exploiter l’eau pour des usages non domestique comme l’arrosage ! Les rejets en rivières doivent rester exceptionnels pour éviter les pollutions !
Tout est écrit noir sur blanc et depuis longtemps, d’ailleurs toutes les nouvelles zones artificialisées sont aux normes mais les pas les villes ...
En nouvelle aquitaine il y a 781 000 hectares artificialisés (toits, béton goudron), avec une pluviométrie moyenne de 700mm par an ça donne 5 milliards de m3 d’eau douce qui n’est ni utilisée ni infiltrée ... c’est 3 fois la consommation TOTALE de toute la région (1,5 milliards de m3 pour l’eau potable, l’industrie et l’agriculture) ! Mais surtout c’est 10 fois plus que les prélèvements agricoles dans les nappes phréatiques .... avec 50% des pluies qui tombent sur les ville de la région on pourrait irriguer la TOTALITE de la surface agricole utile de la région sans prélever une goutte dans les nappes phréatiques !
Des mesures de restrictions d’eau sont mises en place dans 87 départements ... D’année en année le phénomène s’accentue .... sans jamais s’attaquer aux villes qui ne recyclent pas l’eau !
En France la consommation totale d’eau (potable, industrie et agricole) ne représente que 2.5% des pluies annuelles .... on serait capable d’envoyer des sondes sur Mars pour trouver des traces d’eau mais on serait incapable de capter plus de 2.5% des pluies sur terre ????
Les sécheresses n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique, c’est une juste une très mauvaise gestion des pluies ... on ne peut pas passer trois saisons à évacuer massivement la pluie vers la mer et prétendre avoir de l’eau l’été ! Les agriculteurs sont les seuls à avoir le bon sens de faire des réserves d’eau l’hiver pour épargner les nappes l’été ... faisons tous des réserves l’hiver, mettons les villes aux normes et on ne parlera plus jamais de restrictions d’eau ...
La végétalisation des surfaces (agricoles et urbaines) est indispensable l’été pour réguler le climat et sauver la biodiversité, un sol sec c’est un sol mort (la biodiversité des sols étant à la basse de toutes les chaines alimentaires ça explique une grande partie de l’effondrement) ! Les sols se minéralisent essentiellement par une exposition prolongée au soleil brulant de l’été. Sans végétation vivante l’été les sols se dégradent en libérant du CO2 au lieu d’en capturer !
Notre environnement est vert parce qu’il pleut et il pleut parce que notre environnement est vert : l’évapotranspiration n’est pas un problème c’est même LA solution au dérèglement climatique ...
La réciproque est également vraie : le sols sont secs parce qu’il ne pleut pas et il ne pleut pas parce que les sols sont secs ... il ne faut jamais couper le cycle de l’eau (évaporation), c’est notre pompe à eau et notre pompe à chaleur ! Cela peut paraitre paradoxal mais la réduction de 10% par an (depuis 20 ans ...) des surfaces irriguées à contribuer à aggraver fortement le phénomène ! Planter des haies dans les champs est une goutte d’eau dans l’océan, l’ampleur du phénomène est beaucoup trop grande ... il faut une vingtaine d’années pour qu’un arbre commence à être efficace pour le climat ... on sera tous morts avant !
Les surfaces végétales sont les seules surfaces qui ne brûlent pas au soleil, qui ne stockent pas la chaleur , qui pompent du CO2, qui libèrent de l’oxygène, qui entretiennent le cycle de l’eau, qui stockent l’énergie solaire sous forme de biomasse, qui protègent la biodiversité et qui nourrissent la planète … A condition de les maintenir en vie avec de l’eau au moment ou on en a le plus besoin : l’été ... donc en faisant des réserves l’hiver ! un sol sec c’est un sol mort !
Un arbre adulte (feuillus) consomme 500 litres d’eau par jour l’été, soit 5000m3 à l’hectare et par an, soit 500mm de pluie (70% des précipitations) et c’est pour cela que les forets régulent le climat !
Si les forets de conifères brulent trous les étés c’est parce qu’elles évaporent deux fois moins d’eau que les forêts de feuillus donc évacuent deux fois moins de chaleur et ne favorisent pas les pluies.
AUCUN champs irrigué ne pourra consommer plus d’eau l’été qu’il n’a laissé infiltrer l’hiver ... l’eau infiltrée est utilisée par les villes, ce qui ne poserait AUCUN problème si cette eau était restituée au champs après traitement ... pour information les boues de stations d’épurations sont épandues dans les champs et l’eau "propre"dans les rivières ... un simple retour de l’eau des villes dans les champs permettrait de diviser par deux les prélèvements dans les nappes phréatiques l’été ... donc de résoudre tous nos problèmes hydrologiques ... pas besoin d’inventer de nouvelles règles, il suffit de faire appliquer le code de l’environnement aux collectivités ...
Ce n’est pas la biodiversité qui sauvera le climat mais c’est en sauvant le climat qu’on sauvera la biodiversité !
L’agriculture est la seule activité économique dont le bilan hydrique est positif : elle infiltre plus d’eau dans les nappes phréatiques l’hiver qu’elle ne prélève l’été !
merci de me répondre
cordialement
Laurent DENISE
celles sur belle