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LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Irrigation : la crise qui vient
par Marc Laimé, 31 octobre 2021

De fortes tensions se font jour sur le dossier conflictuel de l’irrigation. Alors que le gouvernement, s’appuyant sur « l’état profond », avalise tous les desiderata de la FNSEA et des irrigants, la répression frappe les défenseurs d’un autre modèle agricole, avec plusieurs interpellations, perquisitions et gardes à vue, facilitées par l’action de la cellule Demeter de la gendarmerie nationale, dont les excès viennent d’être dénoncés par une enquête remarquable de Radio France. En conséquence une trentaine d’organisations appellent à une nouvelle journée nationale de mobilisation le 6 novembre prochain.

Varenne de l’eau

Le 20 octobre derniers Julien Denormandie rendait compte dans un rapport d’étape de l’avancée des travaux de cette instance mise en place pour, notamment, faciliter par tous les moyens la relance « open bar » de l’irrigation.

Le second groupe de travail du Varenne, visant à "renforcer la résilience de l’agriculture dans une approche globale", officiellement lancé le 9 juillet dernier, vise à définir dans un premier temps des stratégies d’adaptation au changement climatique dans chaque région, qui seront ensuite déclinées en plans d’adaptation régionaux.

Une trentaine de contributions des filières ont été recueillies, dont celle de la filière viticole, qui s’est déjà dotée d’une stratégie nationale pour faire face au changement climatique, retenant un "scénario innovant sans déplacement du vignoble".

Les travaux du troisième groupe – qui vise au "partage d’une vision raisonnée des besoins et de l’accès aux ressources en eau mobilisables pour l’agriculture sur le long terme" – sont les moins aboutis, puisqu’ils n’ont débuté comme prévu que le premier septembre.

Certaines associations environnementales ont décidé de "pratiquer la politique de la chaise vide" (dixit le communiqué de France Nature Environnement du 28 mai dernier) – "ce qui est regretté" relève-t-on au ministère, qui rappelle son ambition de faire de ce Varenne "un espace de dialogue où toutes les parties prenantes sont les bienvenues".

Le président [du groupe de travail, mais aussi du Comité national de l’eau] Jean Launay s’attache à avoir le contact le plus proche possible avec ces associations", insiste le ministère, alors que l’UFC Que Choisir dénonce "un débat déséquilibré". Le ministère assure de même que "tous les sujets sont abordés, y compris bien entendu la question des réservoirs" – comme en attestent d’ailleurs les documents supports de la réunion de lancement de ce groupe.

Qui planche sur les projets territoriaux de gestion des ressources en eau, dont "66 seraient approuvés ou en cours d’approbation – a minima validés par la maîtrise d’ouvrage, mais encore en attente de la signature du préfet coordonnateur de bassin –, et 13 en cours de lancement", indique le secrétariat d’État à la biodiversité.

Il s’appuie notamment sur la mission actuellement conduite par le CGEDD et le CGAAER auprès de 15 PTGE, qui pointe notamment "un challenge territorial : réussir la concertation dans des délais raisonnables".

Ca ne suffira pas, tant les divergences sont radicales, comme en atteste le Communiqué diffusé la veille par cinq organisations de la société civile :

CP inter-organisations du 19 octobre 2021 -.

L’état profond à la manœuvre

Jérôme Gutton, le préfet des Deux Sèvres (2014-2017) qui a lancé le projet des bassines dès son arrivée à Niort est… le frère de l’actuel Directeur général de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, Martin Gutton, DG depuis février 2015. Et ils ont aujourd’hui (2021) la même tutelle ministérielle (Min. Transition Ecologique Solidaire).

Autant en 2014, Jérôme était centré sur le "développement économique" des Deux-Sèvres, autant aujourd’hui il coordonne nationalement la Relance et la Transition Ecologique (pour la Ruralité)...

https://www.agri79.fr/le-developpement-economique-une-priorite-pour-jerome-gutton-nouvreau-prefet-des-deux-sevres

(Déjà en 2003 l’Express nous disait) .../... l’Etat a nommé aux postes stratégiques de secrétaire général pour les affaires régionales de Basse et de Haute-Normandie... deux frères. Martin Gutton officie à Caen ; Jérôme, son aîné, à Rouen. Et, de surcroît, ils se ressemblent : même bonhomie, même calvitie, mêmes lunettes ! Est-ce une forme raffinée d’humour administratif ? .../... « Notre relation de proximité facilite en tout cas les relations entre les deux Normandies », s’amuse Martin, approuvé naturellement par Jérôme...

https://www.lexpress.fr/informations/trois-villes-trois-strategies_653520.html le 30 Oct 2003

• Le cadet Martin

https://www.linkedin.com/in/martin-gutton-41b49313/?originalSubdomain=fr

Ingénieur Général des Ponts, des Eaux & Forêts (au ministère de l’Agriculture de 2006 à 2015, en Poitou-Charentes (2006-juin 2015, période où, en 2011, naît la Coop de l’Eau 79 avec ses bassines, puis en Bretagne de juin 2012 à 2015 et ensuite à l’Agence de l’Eau)

• L’aîné Jérôme https://everybodywiki.com/J%C3%A9r%C3%B4me_Gutton Enarque (et historien de formation)

Oct. 2014-2017, préfet à Niort

2017-2020, préfet à Mâcon :

https://macon-infos.com/index.php?option=com_content&view=article&id=27026:macon-jerome-gutton-une-ville-qui-ne-m-aura-donne-aucun-reel-souci-en-3-ans&catid=91&Itemid=294&lang=fr

2021 : Jérôme Gutton, coordonnateur national des CRTE (Contrats de Relance et transition écologique).

https://www.idealco.fr/formation/cgle-2021-p2-agence-eau-loire-bretagne-territoires-acteurs-reconquete-qualite-eaux-milieux-aquatiques-16768

Les dérives de DEMETER

Deux ans après sa création, la cellule Demeter de la gendarmerie fait toujours polémique, comme en atteste l’enquête approfondie diffusée le samedi 30 octobre 2021 à 13h22 dans l’émission "Secrets d’info" de France Inter : « Créée en 2019 pour lutter contre la délinquance dans le monde agricole, la cellule Demeter suscite la défiance des associations environnementales. Elles accusent les pouvoirs publics de criminaliser la critique du modèle agricole dominant. »

https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-du-samedi-30-octobre-2021

Voir aussi l’article : « Les opposants à l’agriculture intensive dans le viseur de la cellule Demeter » par Benoît Collombat, Cellule investigation de Radio France

https://www.franceinter.fr/societe/les-opposants-a-l-agriculture-intensive-dans-le-viseur-de-la-cellule-demeter

Un argumentaire de la Confédération Paysanne

Le syndicat, qui s’est engagé en faveur d’une remise à plat de l’irrigation à outrance, vient de publier en supplément de son magazine d’octobre-novembre 2021 un remarquable dossier qui fait le point sur cette question brulante.

Pour une autre irrigation, Confédération paysanne, octobre-novembre 2021 -.

Voir aussi sur la mobilisation du samedi 6 novembre 2021 à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) :

https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/les-anti-bassines-determines-pour-la-manifestation-du-6-novembre-a-mauze-sur-le-mignon-1635523482

https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/environnement/reserves-d-eau/bassines-des-deux-sevres-les-opposants-annoncent-des-gestes-de-blocage-a-mauze

https://lundi.am/6-novembre-marais-poitevin-Pour-l-arret-immediat-des-chantiers-de-mega-bassines

Lire aussi :

« Barrage de Caussade : peines de prison requises pour les représentants de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne

L’avocat général a requis, devant la cour d’appel d’Agen, des peines de prison ferme pour le président et vice-président de la chambre d’agriculture, dans le dossier du barrage illégal de Caussade. L’arrêt sera rendu le 17 décembre. »

Philippe Gagnebet, Le Monde, 29 octobre 2021.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/29/barrage-de-caussade-peines-de-prison-requises-pour-les-representants-de-la-chambre-d-agriculture-du-lot-et-garonne_6100371_3244.html

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commentaires

1 Irrigation : la crise qui vient

les enquêtes journalistiques ne parlent jamais de la disproportions du nombre de constructions par rapport à la réserve en eau ?? les manipulations des chiffres dans les plu !! pourquoi tout le temps les agriculteurs ???

poste par X - 2021-11-1@16:29 - repondre message
2 Irrigation : la crise qui vient

...pourquoi tout le temps les agriculteurs ???... Dites-vous.

Ben, seulement parce que les volumes consommés par l’irrigation sont considérables, bien avant tous les autres usages (industriels, domestiques...) sauf le refroidissement des centrales nucléaires. Avez-vous seulement consultés les PAR (Plans annuels de répartition) de chaque préfecture de France ? Faites les totaux, vous verrez bien.

D’ailleurs, si l’irrigation se développe à fond grâce à Denormandie-Macron, comment fera-t-on pour refroidir les multiples nouvelles centrales nucléaires, mini-format ou EPR, que le même E. Macron, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Le Pen et d’autres nous promettent ?

Il n’y a plus de fleuve disponible pour çà. Et le changement climatique complexifie salement la donne.

C’est la "saturation hydraulique" propre à notre civilisation productiviste en crise.

poste par Jacques P. - 2021-11-1@21:16 - repondre message
3 Irrigation : la crise qui vient

dans ce cas demandez comme moi, et ceci depuis des années.... une réduction des animaux en élevage avec compensation en PSE !!! réduction des rendements avec compensation en PSE ...financés par la FINANCE tant qu’à faire ....au moins le citoyen "qui se lève pour travailler sera préservé de nouvelles taxes sur son travail .... car pour nous les agriculteurs les emprunts d’entreprises pour mise aux normes , les amortissements sont à faire sur 15 à 20 ans ....et sont à rembourser sur des normes que l’on n’a pas défini, mais que l’état nous a imposé et que l’on a exécuté sous peine de poursuite pénale .... avec souvent en garantie d’emprunt le patrimoine privé parfois appartenant à l’ensemble de la famille .... pour ceux qui ne connaissent pas la gestion ...

je ne suis pas dans les instances de décision ; ni syndiqué !!!!
Par ailleurs demandez que les nouveaux lotissements en construction récupèrent les eaux de pluie pour les toilettes, l’arrosage par un réseau différenciè etc....
réponse d’élus : ha oui mais on ne sais pas comment on va facturer l’eau du coup !!!! un peu d’imagination et d’innovation voyons ...
voyez que l’on a tous des efforts à faire, pas seulement les agriculteurs.... vous aussi ...

c’est l’état qui décide des politiques publiques, pas moi ....!!! Je ne suis donc pas responsable directement .....

poste par X - 2021-11-2@10:01 - repondre message
4 Irrigation : la crise qui vient

... c’est l’état qui décide des politiques publiques, pas moi ....!! dites-vous.
Je n’en suis pas si sûr. L’exemple du développement de l’irrigation à outrance (et des méthaniseurs de maïs irrigué non mature) vient à point nommé le démontrer.

La FINANCE (vous voulez sans doute dire banques et fonds d’investissement) ne paiera jamais des PSE qui plus est en secteur primaire, elle est là pour dégager des profits à court terme (BAU investors) ou à long terme (impact investors). Les PSE, c’est autre chose.

Les PSE ne peuvent se concevoir que pour des manques à gagner à systèmes de production constants mais à externalités négatives tendancielles démontrées, pas pour des "innovations" polluantes et prédatrices, seulement annoncées ou émergentes en tant que menaces environnementales. Ce serait du chantage et de l’extorsion de fonds.

Pour le reste, on peut discuter.

poste par Jacques P. - 2021-11-2@10:48 - repondre message
5 Irrigation : la crise qui vient

dans ce cas demandez à la finance de vous faire à manger au prix mondial !!!!, avec les exigences sociétales actuelles.... ou mieux à Monsieur NIEL..... qui fort de ses 600 ha vous nourrira mieux que moi avec mes 70 ha LOués à des bailleurs de surcroit ....

.car, c’est terminé, je ne veux plus mettre ma maison, et la ferme familiale en garantie d’emprunt pour faire tourner l’entreprise ......et pour que vous ayez à manger du bon, mais au prix mondial ....

c’est donc que tout le monde a acté que la nourriture viendra de l’est .. avec une "inconnue sur le circuit virtuel de l’eau " comme EN PARLAIT mONsieur Laimé récemment et un reportage sur arté

poste par X - 2021-11-2@11:04 - repondre message
6 Irrigation : la crise qui vient

parler de secteur "primaire" est une expression du passé , du 20 éme siècle !!! vu le niveau d’exigences sociétales demandé, on est en équivalence avec le secteur tertiaire !!!! on est au XXI éme siècle c’est à dire qui relève du "complexe" ; ; j’ai hâte de voir Monsieur Niel à l’œuvre ... ou encore l’agriculture de type "kolkoze" pensez par nos élites énarques

poste par X - 2021-11-2@16:05 - repondre message
vous aussi, reagissez!