Sous des dehors anodins, l’annonce le 24 février de l’acquisition de 6 kilomètres de réseaux communaux par le SEDIF aux confins de l’Oise et de la Marne, signe que le président du Syndicat des eaux d’Ile-de-France poursuit à marches forcées la véritable chevauchée des Walkyries initiée il y a dix ans…
« Le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France renforce la sécurité de son réseau de transport en eau potable dans le nord de son territoire, par l’acquisition d’une conduite structurante en Ile-de-France baptisée « liaison Nord Oise Marne ».
Une cérémonie de signature s’est déroulée vendredi 24 février, entre les communes d’Arnouville, Garges-lès-Gonesse, Gonesse et le SEDIF afin de finaliser cette acquisition.
Cette liaison de 17 km, dont 6,4 sur le territoire du SEDIF, permet aujourd’hui d’alimenter les communes de Gonesse, Bonneuil-en-France, Arnouville, et Garges-lès-Gonesse, par de l’eau provenant de l’usine d’Annet-sur-Marne, pour suppléer les ressources souterraines polluées.
Elle permet également de renforcer les capacités de transfert entre l’usine du SEDIF de Méry-sur-Oise (95) et celle de Neuilly-sur-Marne (93), et de mieux sécuriser encore les approvisionnements des populations concernées en cas de crise.
Chaque commune étant propriétaire du tronçon traversant son territoire, s’est posée la question de l’exploitation, de l’entretien et de son renouvellement pour la garantir à long terme, et permettre la réactivité nécessaire en situation d’urgence. Le SEDIF a proposé d’intégrer cette conduite à son patrimoine, et d’en assurer l’exploitation et le renouvellement, en remboursant les communes de leur investissement initial.
Cette conduite constitue l’un des tronçons du futur « Ring de l’eau » autour du Grand Paris, qu’André Santini, président du SEDIF, appelle de ses vœux : « Construire un véritable maillage reliant toutes les grandes usines de production d’eau potable franciliennes, publiques et privées, dans une approche réellement collective, constituera une nouvelle étape pour une résilience renforcée de l’alimentation en eau de la région Ile-de-France ».
La liaison Nord-Oise-Marne représente également une conduite structurante dans un secteur en fort développement, au cœur d’une zone où d’importants projets d’aménagements sont lancés. »
Sources : SEDIF.fr, 24 février 2017
Note Eaux glacées : les "importants projets d’aménagement" évoqués se situent dans le désormais célèbre "Triangle de Gonesse", des centaines d’hectares de terres agricoles dont manque cruellement l’Ile-de-France, qui vont être englouties dans un nouveau Grand Projet Inutile : "malls" et supermarchés géants à la rentabilité douteuse puisque leurs homologues déjà sortis de terre aux quatre coins de la région ces dernières années battent déjà de l’aile...
Le coup de la décarbonatation
Sur la dorsale Nord-Ouest, cette fois, nouvel épisode de l’arnaque au traitement anti-calcaire, après la scène inaugurale qui avait vu le SEPG et le SEDIF rouler dans la farine les bisounours d’Eau de Paris, éjectés d’un appel d’offres fantoche, qui ne visait qu’à mieux connaître les capacités techniques de l’opérateur parisien en matière de VEG...
Au prétexte de distribuer une eau "moins dure", les villes de Croissy-sur-Seine et Chatou viennent de signer une convention pour acheter à Suez de l’eau "plus douce", c’est à dire moins calcaire. Il s’agit de mettre en oeuvre un procédé centralisé de décarbonatation afin d’éliminer le calcaire en excès dès l’étape de traitement de l’eau potable au sein de l’usine du Pecq- Croissy. La décision définitive, qui doit intervenir au printemps, est conditionnée par l’engagement des autres communes alimentées par l’usine. Celles-ci doivent se prononcer « dans les semaines à venir ». Les travaux de création de cette unité de décarbonatation devraient s’étaler sur deux ans. Il en coûterait environ 15 M€ à Suez.
(NOTE EG : Il en coûterait environ 15 Meuros d’après le communiqué de Suez, comprendre que ce sont donc bien évidemment les benêts d’usagers, qui n’ont bien évidemment rien demandé, s’agissant d’un "traitement" parfaitement inutile, qui paieront la note...)
Une SOCLE en carton pâte…
Parallèlement, la DRIEE d’Ile-de-France organisait la semaine dernière une présentation de la SOCLE au niveau de la Métropole du Grand Paris. Une nouvelle tartufferie. Depuis des mois, l’AESN bassine la terre entière en soutenant que ça permettra de fixer des cibles pour la réorganisation des syndicats.
La DRIEE a finalement présenté un état des lieux incomplet de l’organisation des compétences eau potable et assainissement, sans lever le doute autour du pluvial, puis de GeMAPI… en annonçant qu’ils ne fixeraient aucune cible d’organisation ou regroupement !
(Et l’étude SAFEGE de 2010, commanditée par nos amis, sous couvert de l’AESN et de la DRIEE, avec le soutien actif du prédécesseur de Carenco, grand ami sarkozyste de Santini, c’était pour des prunes ? Eaux glacées, soucieuse du bien commun, comme nul n’en ignore, très soucieuse de l’enjeu des Datas, tient à disposition ladite étude, et ses annexes, à qui voudrait aller plus loin que le constat de carence de la DRIEE :-)
On se retrouve donc avec un état des lieux inutile, qui ne fixe même pas une orientation vers une organisation plus rationnelle, et ne pose aucune question sur les problèmes soulevés par l’état des lieux.
Affligeant. Les participants sont repartis avec l’impression d’avoir perdu leur temps. Alors que le niveau de représentation était impressionnant : DGS du SEDIF, DG du SIAAP, directrices de l’eau des Hauts de Seine et du Val-de-Marne…
Paris (muet), Eau de Paris, absent ( !) ont laissé au SEDIF le soin de mener l’échange avec les collectivités présentes…
Un SEDIF très offensif. En réponse à une question sur la continuité de la fourniture de l’eau si la réadhésion n’était pas signée en fin d’année : rien n’est dès lors plus garanti... Pour réadhérer, c’est à la fin du semestre au plus tard, sinon, c’est prendre le risque de l’interruption. La sortie, c’est plus tôt encore.
L’art de la négociation avec le revolver sur la tempe. Christophe Perrod, DGST du SEDIF, et nouveau président de l’ASTEE a attaqué la question de la patrimonialité des usines en signalant que l’état des lieux devait faire apparaître les usines privées et a dénoncé cette « spécificité ».
Un véritable blietzkrieg.
Carenco envolé sous d’autres cieux, on va vite voir ce que valaient ses « promesses »…
Quant la la GEMAPI et aux inondations, voir le livre bilan du fameux exercice Sequana de l’an dernier qui vient de paraître. Une pantalonnade, on ne sait pas faire…
Un mercredi à Orly
La mairie de Paris organisait le mercredi 25 janvier 2017 un voyage de presse afin de présenter la modernisation d’une usine de l’opérateur Eau de Paris, symbole de la remunicipalisation de l’eau des Parisiens, réalisée par Bertrand Delanoë en 2010.
Mme Anne Hidalgo, actuelle maire de Paris, répondait un peu avant 16h00 aux questions des journalistes :
– Anne Hidalgo : « Je suis ravie de me trouver ici aux côtés de Célia qui fait un travail formidable, et de Benjamin Gestin, nouveau directeur d’Eau de Paris, ainsi que de la maire d’Orly et du président du Conseil départemental (Christian Favier).
(…)
Nous devons aujourd’hui nous projeter et réfléchir à l’évolution de certains services et modes d’organisation. Pour cela il faut un dialogue posé, rationnel, objectif, et peser les enjeux, réfléchir aux modes d’organisation, trouver des chemins. Nous avons besoin d’une maîtrise publique, mais nous ne sommes plus dans une logique d’affrontement. Nous devons réfléchir aux relations que nous devons avoir avec les partenaires privés. On verra donc tout cela avec les élus de la Métropole.
Nous devons aussi inscrire la réflexion dans l’objectif des JO et la perspective de recouvrer la baignade en Seine et dans la Marne. Nous y travaillons avec le Préfet de Région (M. Carenco sera nommé quelques jours plus tard président de la CRE, un mois après avoir publié son "testament" sur le site du Journal du Grand Paris, NOTE EG), le plan stratégique Eau de baignade. Il y a aussi la stratégie d’adaptation au changement climatique, et je suis heureuse qu’Eau de Paris montre le chemin.
– Question journaliste : Paris pourrait donc être un exemple dans le cadre du Grand Paris ?
– Anne Hidalgo : C’est à la Métropole d’en décider, et ça demande des investissements. Le dialogue avec le secteur privé est indispensable. On a des champions mondiaux et il n’y a pas lieu d’opposer les modèles.
La décision arrêtée à Paris en 2010 a été parfois qualifiée de brutale et très politique. Aujourd’hui nous avons dépassé ce stade et il y a un besoin de partager les solutions.
– Question Marc Laimé : Mme la Maire, une question institutionnelle. La MGP n’a pas la compétence Eau, et sauf à anticiper une proche prise de décision en matière d’intérêt communautaire, et donc une prise de compétence Eau, comment la Métropole pourrait-elle dès lors initier une dynamique en faveur de ce que d’aucuns ont appelé un « Grand Paris de l’eau » ?
– Anne Hidalgo : La Métropole actuelle va changer et ce sont les élus qui décideront des évolutions à venir en partageant les réflexions sur les différentes solutions envisageables. »
Plaquette distribuée aux journalistes :
« (…) Animer le débat territorial et préparer les échéances de la réforme. La Ville de Paris et sa régie ont lancé des études pour définir des scénarios de coopération des services publics de l’eau dans le contexte de la réforme territoriale ; les résultats sont attendus pour mai 2017. Anne Hidalgo a d’ores et déjà proposé aux présidents des grands syndicats d’eau franciliens d’organiser ensemble des assises métropolitaines de l’eau au premier semestre (2017). Ces travaux doivent éclairer la décision des élus franciliens avant l’échéance d’entrée en vigueur de la réforme (fin 2017 sur la petite couronne et début 2020 sur la grande couronne). »