Des élus de droite franciliens qui s’allient pour tenter de supprimer la Métropole du Grand Paris. Les Grands Lacs de Seine qui tentent de s’émanciper de leurs tutelles historiques. Et au SIAAP un coup de force (unanimement soutenu par des élus "de gauche"), qui annonce la (re)privatisation (définitive) du plus important syndicat public d’assainissement d’Europe. Vous avez aimé les batailles de l’eau à Paris ? Vous allez adorer le Grand Paris de l’eau après 2017. Ou pleurer des larmes de sang. Qu’aucune baignade n’effacera.
Les élus franciliens de droite farouchement opposés à la Métropole du Grand Paris, ce monstre au périmètre inepte, aux compétences inadaptées et au financement inexistant, comme le reconnaissait lui-même son président (LR) Patrick Ollier avant l’été, vont tenter de profiter de l’examen au Sénat du projet de loi baroque, arraché à Manuel Valls par Anne Hidalgo - qui vise officiellement, à permettre à Paris de fusionner avec le Département de Paris, qui a subsisté, en récupérant ses compétences, et surtout l’essentiel de celles du Préfet de Paris -, pour tenter de faire voter fin septembre par la Chambre Haute… la suppression de la Métropole du Grand Paris !
Un scénario qu’Eaux Glacées a déjà annoncé à plusieurs reprises, dans l’incrédulité générale.
Plusieurs amendements vont être déposés à cet effet, à l’initiative de quelques élus franciliens dont l’agenda diffère très sensiblement de celui de Patrick Ollier. Ainsi du sénateur (LR) de Paris, Pierre Charon, du sénateur-maire (UDI) de Meudon, vice président du Sénat, vice-président du SEDIF, et président du SYCTOM, Hervé Marseille (qui nous a embarqués cet été dans une polémique affriolante avec Emmanuel Macron…), ou encore du président du groupe François Zochetto.
Leur objectif ? Rallier la vingtaine de sénateurs franciliens de droite contre la MGP. Une initiative discrètement appuyée par Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France, qui ne se gêne plus pour proclamer que “La Métropole, c’est la Région !”, et son Vice-Président (UDI) en charge du Grand Paris, Didier Bariani.
Même si nos conjurés parvenaient à leurs fins au Sénat, l’Assemblée y mettra bon ordre.
Sauf que ce galop d’essai préfigure la projet de loi qui suivra après la présidentielle, puisque Valérie Pécresse a approché à cet effet les trois prétendants sérieux à la primaire de la droite.
Sans compter Patrick Devedjian et Pierre Bédier qui publient eux aussi le20 septembre un argumentaire détaillé, dans lequel ils prônent la suppression pure et simple de la MGP, au profit de la Région…
Les Grands Lacs à la rame
Dans un contexte de plus en plus délétère, l’actuel président de l’EPTB Grands Lacs de Seine, Frédéric Molossi, qui préside aussi l’Association française des EPTB, a proposé aujourd’hui à ses membres, les autres EPTB français, la création d’une Fédération des élus des fleuves et rivières, manière de tenter de structurer un lobby pro-Gemapi (mais surtout pro-EPTB), dont nombre d’élus de droite ne veulent pas (la Gemapi), mais surtout d’ouvrir la gouvernance des nouveaux EPTB, qui doivent se transformer d’entente interdépartementale en syndicats mixtes, aux EPCI et syndicats de rivière, qui vont devenir les acteurs de la Gemapi.
Objectif : pallier le désengagement financier des départements, financeurs historiques des EPTB.
Au cas d’espèce des Grands Lacs il s’agit aussi d’instituer une nouvelle “gouvernance”, avant que les trois départements de la petite couronne ne rendent l’âme en 2020. Pas sur que les autres EPTB canal historique marchent dans la combine de l’ouverture aux EPCI et aux syndicats.
Scandales au SIAAP
Après les deux juges d’instruction parisiens qui enquêtent depuis trois ans sur trois affaires distinctes de surfacturations estimées à près de 700 millions d’euros, liées à trois chantiers du SIAAP, des fonctionnaires de la CRC Ile-de-France sont attendus sous peu dans les locaux du syndicat pour une mission de contrôle.
La direction générale de l’établissement en a été informée début septembre et priée de mettre à disposition, notamment, des documents relatifs à la passation des marchés publics.
Les magistrats financiers s’intéresseront-ils aussi à l’incroyable délibération adoptée en juin dernier par le Conseil d’administration du SIAAP, que les élus de gauche de Paris, du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis ont validé les yeux fermés ?
Il s’agit, sur la base d’un rapport daté du 7 juin 2016 aux données totalement orientées, voire mensongères, soumis au Conseil d’administration par le Président (PCF) du syndicat, de décider que la gestion de la gigantesque station d’épuration de Valenton, qui était jusqu’ici confiée en DSP à une filiale de Suez-Lyonnaise, Sequaris, soit effectuée à l’avenir par… une SEMOP, dont 60% du capital sera détenu par Suez et 40% par le SIAAP !
Ceci au motif qu’une gestion en régie exigerait l’embauche de 109 agents supplémentaires ! Ce ratio a été obtenu en procédant à des calculs d’ETP totalement biaisés à partir d’une comparaison entre différentes usines du syndicat, dont les filières techniques ne sont pas identiques, ce qui invalide d’emblée les comparaisons farfelues du nombre de personnels nécessaires à leur fonctionnement.
Cette affirmation extravagante ne résiste donc pas à l’examen, et est fermement dénoncée par les syndicats de personnels du SIAAP. On s’étonne dès lors que des élus “de gauche" aient pu l’avaliser les yeux fermés…
Il est vrai qu’un mois plus tôt, Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris en charge du Grand Paris, assistait aux côtés de Jean-Louis Chaussade, directeur général de SUEZ Environnement, et Chantal Jouanno, vice-présidente de la Région Ile-de-France, à l’inauguration en fanfare par Belaïde Bedreddine, président du SIAAP, et adjoint (PCF) à la petite enfance à Montreuil, de "BIOGNVAL", une "solution inédite pour valoriser les eaux usées en biocarburant liquide". En lieu de "nouvelle révolution industrielle", il ne s’agissait en réalité que d’un "pilote" (qui permettra ultérieurement de "développer la filière au plan mondial"), mais qui se contente en attendant de produire... 1 tonne par jour de biogaz, soit deux pleins de poids lourd...
(Nous nous étonnons en ce jour historique de l’absence de Jean Tirole, de l’émir du Qatar et de Cyril Hanouna).
Aucune communication n’a été effectuée depuis lors sur l’affaire du projet de SEMOP, aux conséquences incalculables.
Le coup de force de SUEZ-Lyonnaise, s’il devait aboutir, signerait le premier acte de la privatisation du SIAAP, qui assure l’épuration des eaux usées de près de dix millions de Franciliens, dans la mesure où la station de Valenton représente près du tiers de la capacité épuratoire globale du syndicat.
Le SIAAP est le premier donneur d’ordres européen dans le domaine de l’environnement, avec un budget annuel (fonctionnement + investissement) de près d’un milliard deux cent millions d’euros...
L’affaire s’inscrit aussi, et surtout, dans les grandes manoeuvres déjà engagées pour retrouver le primat de la gestion privée de l’eau dans la région parisienne, mis à mal par la republicisation décidée à Paris par Bertrand Delanoë en 2010.
A l’approche de 2017, la mise en oeuvre du scénario de reconquête soigneusement préparé depuis le mitan des années 2000 ne cesse de s’accélérer.
Le vote de la délibération adoptée en juin dernier par l’ensemble des élus de gauche siégeant au SIAAP, favorable à la création d’une SEMOP à Valenton, résonne ainsi comme un véritable glas des espoirs nés en 2010.
La théorie des dominos est rarement démentie par les faits, surtout si l’on songe à la séquence politique qui s’annonce en région parisienne : 2017, 2020, 2022, 2024…
Le rouge est mis.
Rien à voir, enfin si, justement...
D’où il appert que Pierre Laurent sera candidat à la présidentielle.
A plus de trente ans d’intervalle, la phase terminale du PCI, en Italie, se rejoue ainsi en farce tragique, à Paris.
En place de rue des Boutiques obscures, le bunker de la rue Jules-César...
On y reviendra.
(Nous avons sollicité à plusieurs reprises le SIAAP qui n’a pas répondu à nos questions sur l’affaire de la SEMOP de Valenton).
On attend avec impatience que la Coordination Eau Ile-de-France et la Fondation France Libertés appellent de toute urgence, à grand son de trompe médiatique, à la mobilisation d’une puissante "vague citoyenne", qui viendra, armée de banderoles proclamant que "L’eau est un bien commun", manifester devant les locaux du SIAAP, voire occuper les lieux ? Avant de s’en aller se baigner, sauvagement, dans la Seine, en guise de protestation. Utile rafraîchissement pour les présidents-directeurs-généraux des dites "associations", avant que s’en aller, très bientôt, dans la foulée, baguenauder sous les palmiers à MarraKech, aux fins d’y sauver le climat et la planète.
Breaking News : opération Ferme éphémère
Flash spécial Nuit Debout TV, dimanche 18 septembre à 11h27
“Nous interrompons notre retransmission de l’atelier de développement personnel organisé par l’amicale des DRH des coopératives bio, car l’actualité ce matin c’est l’installation dans la nuit à Paris dans le 12ème arrondissement, à l’initiative de la Coordination Eau Ile-de-France et de la Fondation France Libertés, d’une ferme éphémère autogérée, biosourcée, édifiée en guise de protestation devant les locaux du SIAAP, rue Jules César, contre la création d’une SEMOP à l’usine de Valenton.
Nuit Debout TV est en mesure de vous révéler que l’opération est issue de la co-création associative cet été avec Les Désobéissants d’un nouveau mode de protestation “doux” qui consiste à crééer des fermes éphémères sur la voie publique afin de faire reculer la mondialisation capitaliste, et de faire émerger le "bien commun"...
Ses promoteurs travaillent d’arrache-pied à la finalisation d’un partenariat avec AgroParisTech, l’Irstea et l’Onema, assorti d’une convention de financement pluriannuelle de 300 000 euros
La "ferme éphémère" de la Coalition Eau Ile-de-France et de France Libertés installée devant les locaux du SIAAP. Photo DR.
Les militants ont réussi à faire financer l’opération par un reliquat de subvention accordé par la Région Ile-de-France à la Coordination pour répertorier les associations franciliennes actives dans le domaine de l’eau, potable et non potable (sans fuites), et donc désormais aux structures spécialisées dans la résolution spéciste des conflits d’usage dans le domaine de l’eau.
L’opération, qui a reçu le bienveillant parrainage de l’adjoint au maire de Paris Jean-Louis Missika, s’inscrit aussi à titre dérogatoire exceptionnel, dans le prolongement de Paris-Plage.
Il s’agit donc d’engager le dialogue avec le SIAAP et Suez, en mobilisant toutes les ressources de la “médiation animale”, une nouvelle méthodologie d’apaisement des conflits sociaux développée en partenariat avec l’Institut Montaigne et la holding familiale d’Augustin Legrand, qui a bénéficié d’un soutien financier de la BPI, et déposé plusieurs brevets à l’INPI.
Nuit Debout TV est en mesure de révéler que c’est une jeune "woofeuse" d’origine australienne, qui effectuait un stage en service civique à la Fondation, qui aurait retrouvé sur Internet, dans le cadre de la rédaction d’un mémoire sur les peuples Premiers et l’extractivisme, (financé par la réserve parlementaire du Sénat), la trace d’un arrière-arrière-arrière petit fils maori, jusqu’alors inconnu, de Konrad Lorenz, à qui l’on devrait la théorisation du concept de la "médiation animale", appliquée à la résolution des conflits sociaux à l’ère de la mondialisation capitaliste.
Le groupe SUEZ a immédiatement réagi par le biais d’un message Twitter dans lequel Jean-Louis Chaussade déclarait mobiliser toutes ses équipes pour engager le dialogue avec l’âne, les quatre canards, quinze poules, trois lapins et cinq biquettes installées devant les locaux du SIAAP.
L’entreprise citoyenne (SUEZ) a par ailleurs déclaré à l’AFP qu’elle allait faire acheminer trois tonnes de quinoa, qui seront transportés par péniche, à partir du bassin de la Villette, jusqu’au siège du SIAAP, destinées aux militants de la Ferme éphémère.
Cette offre permettra le cas échéant d’accueillir sur place le candidat putatif Mélenchon, ce qui témoigne d’un sens politique particulièrement affûté, ce à quoi on reconnaît les grands capitaines d’industrie.
Selon les dernières informations recueillies sur place par nos envoyés spéciaux, les militants attendent d’un instant à l’autre la venue de José Bové et Cécile Duflot, qui viendraient prêter serment de “démonter la SEMOP”.
Au siège des Verts on indique cependant que le Bureau national va se réunir d’urgence, à la demande de Karima Delli, Yannick Jadot et Michèle Rivasi, afin de savoir si cette prise de parole devra, ou non, être décomptée du temps de parole des différents candidats à la primaire d’EELV.
Tout de suite une page de publicité pour les huiles essentielles d’Augustin Legrand, avant de retrouver les envoyés spéciaux de Nuit Debout TV à la Ferme éphémère installée cette nuit devant les locaux du SIAAP à Paris.
- Lire aussi :