François Hollande c’était la pluie, dès le défilé sur les Champs Elysées, puis à l’ile de Sein, partout, tout le temps, d’ailleurs le quinquennat a ensuite été endeuillé par des inondations meurtrières. Avec Emmanuel Macron, dès cet été, la question de l’eau, totalement ignorée tout au long de la campagne électorale, va revenir en force. Cette fois, sécheresse annoncée, catastrophique retour des algues vertes en Bretagne, plus largement une "gouvernance de l’eau" à bout de souffle. Le retour du refoulé va être brutal.
Cà, c’était avant...
(Erratum, 14 mai 2017, 13h00 : averses intermittentes sur les Champs Elysées. Persistant héritage.)
Le 20 avril dernier le BRGM alertait sur « Une recharge hivernale insuffisante » :
« Le niveau des nappes au 1er avril 2017 est hétérogène d’ une région à l’autre. Moins de la moitié des nappes (46%) ont pour l’ instant commencé à bénéficier de la recharge hivernale attendue pour cette période de l’année, avec un niveau moyen ou plus haut que la moyenne.
Seuls quelques rares secteurs présentent des niveaux autour de la moyenne voire modérément hauts comme la Lorraine, le sud
du Bassin parisien ou la plus grande partie du pourtour méditerranéen.
Le reste du territoire présente des niveaux modérément bas voire bas, notamment sur la nappe de la craie normande et picarde, ou sur une grande partie des nappes du bassin Adour-Garonne.
Le lac des cygnes
La situation est liée à une pluviométrie très faible en début de période hivernale.
Les pluies ont tardé jusqu’ en février. Le mois de mars a été ensuite plutôt
arrosé ce qui explique pourquoi les deux-tiers des points sont orientés à la hausse.
Cette recharge n’ est donc pas favorable, même si la situation n’ est pas comparable aux déficits historiques rencontrés par exemple en 2003-2004. »
Dès aujourd’hui déjà, là où on ne l’attendait pas, la Haute-Savoie en alerte sécheresse...
Idem dans les Côtes d’Armor...
http://www.letelegramme.fr/cotesarmor/cotes-d-armor-de-nouvelles-mesures-contre-la-secheresse-
Lire le communiqué du BRGM du 20 avril 2017 :
http://www.brgm.fr/sites/default/files/dp_2017-04_nappes.pdf
Puis la nouvelle alerte relayée par Localtis, le 16 mai 2017 :
Algues vertes : déni et camouflage
Le 26 avril dernier, notre consoeur Martine Valo relatait dans les colonnes du Monde la multiplication des instances judiciaires engagées par des associations comme des proches de victimes décédées après avoir été intoxiquées par des algues vertes :
Un sanglier tué par les algues vertes, Bretagne, juillet 2011.
Une omerta d’autant plus inquiétante que des échouages massifs et très précoces sont déjà enregistrés cette année puisque le littoral de Bretagne est en proie au pire début de saison des marées vertes depuis 2009. Chaque année, les collectivités ramassent 30 000 et 70 000 tonnes sur les plages.
« (…) Certaines vivent au rythme entêtant des tractopelles à marée basse, d’autres sont complètement épargnées. Il est trop tôt pour pronostiquer ce qu’il en sera cet été, mais le Centre d’étude et de valorisation des algues (CEVA), qui analyse et surveille le phénomène depuis 2001, avait bien prévenu : le printemps s’annonçait sous de mauvais augures. »
Nonobstant, le CGEDD se lamente, et ne parvient pas à savoir si les algues vertes ont un impact sur le tourisme, peut-êtes ben que oui, "en même temps" comme dirait l’autre, c’est pas sur non plus... Tartuffes !
http://www.environnement-magazine.fr/article/49391-quel-impact-des-algues-vertes-sur-tourisme/
Fuite en avant
Et pendant ce temps là, le Sénat adoptait le 21 février dernier la proposition de résolution présentée par Rémy Pointereau (LR) reprenant les conclusions de son rapport d’évaluation de la Lema.
Elle propose notamment de simplifier certaines procédures et d’alléger certaines normes et « d’agir avec pragmatisme et discernement dans la gestion de l’eau ».
La résolution reprenait bien évidemment les principales propositions du rapport, réalisé pour la commission de l’Aménagement du territoire et du Développement durable du Sénat.
Le sénateur Pointereau, gros exploitant agricole de son état, y dressait un bilan mitigé de l’application de la loi exhortant à agir avec « pragmatisme et discernement ».
La proposition de résolution s’appuie aussi sur le rapport « Eau : urgence déclarée » des sénateurs Henri Tandonnet et Jean-Jacques Lozach, rendu public en juin 2016 et qui alertait sur les conséquences du changement climatique sur la ressource en eau.
« Si la quasi-totalité des acteurs du monde de l’eau sont attachés aux grands principes posés par la loi, beaucoup regrettent une mise en oeuvre concrète problématique », rapporte ainsi le texte de la résolution en introduction.
Pour la gestion qualitative de l’eau, elle préconise de s’en tenir au respect des directives européennes et de « fixer des objectifs réalistes, pragmatiques et stables » pour mesurer les effets de la politique de l’eau.
Le texte propose aussi d’interdire les prélèvements par l’Etat sur le fonds de roulement des agences de l’eau.
Côté gestion quantitative, elle recommande de sécuriser juridiquement les organismes uniques de gestion collective (OUGC), de favoriser la recharge de nappes et les retenues de substitution…
Un volet important est consacré à l’allégement des normes ou la simplification des procédures que cela soit pour le nettoyage des rivières, les autorisations de pompage ou l’instruction des dossiers de création des retenues d’eau.
« Il faut donner à la simplification la priorité qu’elle mérite », assène ainsi le texte.
Enfin, sur la thématique de la gouvernance et de la planification de l’eau, peu de nouveautés entre le rééquilibrage de la composition des comités de bassin et l’intégration d’un volet prospectif sur le changement climatique dans les Sdage. Elle préconise néanmoins de reconnaître les propriétaires ruraux comme des acteurs environnementaux...
Tiens et l’ultime cadeau de Ségolène Royal et Stéphane Le Foll, avec le nouvel arrêté pesticides, cauchemar absolu :
http://www.journaldelenvironnement.net/article/arrete-pesticides-les-points-d-eau-sacrifies,82494
Sur la question Eau et agriculture, voir dès lors le programme d’Emmanuel Macron et d’En Marche :
Captages
L’OIEau a développé un portail "Aires d’alimentation de captages". Ce portail est géré par l’AFB, avec l’appui de l’Inra et des ministères chargés de l’agriculture et de l’environnement. Il apporte un appui technique aux acteurs sur la mise en œuvre des démarches de protection des captages contre les pollutions diffuses. On y trouve toutes les informations pertinentes sur le sujet : données, carte de situation, éléments de connaissances, retours d’expériences, etc.
En lisant bien, on comprend vite que tout reste à faire...
Un système à bout de souffle
Le 1er janvier 2018 on va avoir tout à la fois une accélération des prises de compétence assainissement au titre de la tant décriée loi NOTRe, la prise de compétence Gemapi que les élus rejettent tout aussi massivement, l’arrêt de la SOCLE, l’accélération du décollage théorique des nouveaux SDAGE, on en passe et des pires.
Mission impossible.
Dans les Agences on oscille entre burn out et veillée funèbre.
A la DEB la « réorganisation » s’achève dans la douleur avec perte de postes et surcharge de travail… Avec la bande à biodiv qui vient faire les poches des Agences, ça va pas s’arranger...
Chacun sait que nous sommes au bout d’un système qui ne fonctionne plus.
Et maintenant, dès cet été, les ordonnances Macron, avec une nouvelle génération de technos qui vont incendier le bush. A commencer par des fusions de départements avec les métropoles…
Fortes tensions à prévoir entre les élus, toutes obédiences confondues, et les millenials triomphants de la nouvelle ère qui s’ouvre.
Rien de grave, le Lobby de l’eau français prépare la suite dans les Annales de l’Ecole des Mines :
Et pourtant, "Gouverner,c’est pleuvoir" !