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NE PAS CLIQUER
LES EAUX GLACÉES DU CALCUL ÉGOÏSTE
REMOUS
Eau publique/privée : le grand foutoir…
par Marc Laimé, 22 mars 2011

Jamais le débat sur la gestion publique ou privée de l’eau en France n’aura tourné au bordel généralisé, comme en ce 22 mars 2011, Journée mondiale dédiée à l’eau et l’urbanisme… Comme dans toute guerre, et c’en est une, mais d’image, les dégâts collatéraux à venir ne laissent pas d’inquiéter.

On appréhendait la journée de la Propagandastaffel, on n’a pas été décus...

« Water makes money », le retour, sur Arte, ce jour à 20h40. Comme nous avons déjà dit tout le mal que nous en pensons, et n’en renions rien, on craint le pire. Et sans grand risque de se tromper, à lire l’interview de Marc Reneaume, n° 3 de Veolia Eau, dans l’Usine nouvelle

"Water makes money" vs "Suez makes honey…"

Et ça n’a pas manqué non plus avec… « Suez makes honey ». Suez, tout miel, qui, dans un communiqué daté du 21 mars 2011, dénonçant, hélas parfois à juste titre, les errements de « makes money » s’offre sans coup férir une formidable campagne de com, et rentabilise ainsi le lessivage à grande eau de son image engagée depuis plusieurs années, avant que de formuler les promesses les plus affriolantes.

"Demain on va s’occuper de la qualité de la ressource, des zones humides, on va proposer à un fonctionnaire d’une collectivité « d’assurer le pilotage financier du contrat de DSP » (ben voyons), faire siéger des membres de la « société civile » dans la société qui va gérer le contrat, et bien sur faire de la « tarification sociale » à tour de bras, comme à Libourne, chez le fils de.

Et patati, et patata, tendez vos tabliers ça tombe comme à Gravelotte.

On aurait tort de sous-estimer la manœuvre, qui ne relève pas que du greenwashing.

Suez a compris qu’il n’était plus possible de continuer comme avant, et qu’il fallait, résolument, « tout changer pour que rien ne change »…

Du coup, le discours critique traditionnel des abus de la gestion privée dans le domaine de la gestion de l’eau… prend l’eau de toute part, et accuse déjà des années de retard, au plus grand profit de nos amis qui jouent à fond dans la période de leur ripolinage de façade comme avantage comparatif vis-à-vis de Veolia qui reste droit dans ses bottes, et n’en a rien à battre des gouzis-gouzis de Chaussade et Köcher. D’autant plus que le sieur Frérot, qui connaît son monde, sait fort bien, comme le clamait l’excellent Guirkinger il y a peu, au soir d’une grand-messe de Suez, que « la responsabilité environnementale et sociale, on le fait parce que sinon on ne pourra plus signer de contrats… »

SISPEA vs France-Libertés-50 Millions de consommateurs-OWNI

Deuxième micmac rock’roll. L’ONEMA a hérité de la LEMA la lourde tâche de créer un « Observatoire national des services d’eau et d’assainissement », le SISPEA.

Y a le feu au lac, ça ne marche pas. Il est vrai qu’imposer aux 35 000 services d’eau et d’assainissement identifiés à ce jour de passer des heures à rentrer dans la base informatique du SISPEA des kilomètres « d’indicateurs de performance » particulièrement abscons pour ensuite « benchmarker » lesdits services, faut oser. Bref, çà ne le fera probablement jamais, et adieu les rêves des adorateurs du benchmark comme régulateur doux de ce qui ne peut l’être.

Sans compter qu’histoire d’achever le moribond, France-Libertés s’associe à 50 millions de consommateurs pour inviter le populo à renseigner sur un site créé par OWNI, le petit cousin frenchie de Wikileaks, genre la bande à « Crowdsourcing citoyen », les caractéristiques de leur service d’eau. Porca mia ! On va se retrouver avec des kilotonnes de renseignements évidemment inexploitables, et que d’ailleurs personne ne se souciera d’exploiter puisqu’il s’agit de préparer la mère de toutes les batailles : Marseille 2012, en faisant de la com Web 2.0 de la mort qui arrache sa race ! (Tu la sens ma bonne idée du Forum des solutions, là ?)

Paris baisse le prix de l’eau de 8% !

Histoire de participer au bal, Paris y va de son air de musette, et annonce triomphalement que les bénéfices (évidemment gigantesques) enregistrés depuis l’éjection de Veolia et de Suez de Lutèce vont être « redistribués » aux Parisiens. On entend déjà les cris d’orfraie de Veolia et Suez. Bien fait, n’avaient qu’à pas aller se pavaner il y a trois semaines à faire les beaux à la Fondapol, la fondation de l’UMP, où les mêmes ont fourgué aux ceusses qui ne demandaient que cela leur « nouvelle vision », et celle de la FNSEA, tant qu’à faire. Y en a qui connaissent les vraies valeurs en période de crise.

Bref, le Conseil d’Administration d’Eau de Paris a donc décidé, ce matin, de baisser le prix de l’eau de 8% et de mettre en oeuvre diverses mesures, dont certaines très judicieuses, en faveur des plus démunis.

En cette période de crise économique et de pouvoir d’achat en berne, c’est évidemment une excellente nouvelle (selon le PC, pas selon Les Verts qui ne l’ont pas voté, pas plus que l’UMP, allez comprendre ?).

Paris baisse le prix de l’eau de 8%

Retour sur la remunicipalisation à Paris

A cet égard lire aussi une analyse croisée, en forme de retour sur l’expérience parisienne de remunicipalisation, avec Anne Le Strat et Claude Danglot, publiée par la revue revue Contretemps le 22 mars 2011.

L’eau, enjeu électoral ?

On ne sera dès lors aucunement surpris qu’un sondage du Credoc, réalisé à l’occasion de la session 2011 des « Héros de l’eau » organisée par le WWF-France le 21 mars à l’Assemblée, nous enseigne qu’un pourcentage considérable de Français considèrent que l’eau sera un enjeu électoral majeur dans la prochaine période…

Le sondage Credoc "Héros de l’eau".

Semble bien que oui, pas sûr qu’il faille s’en réjouir au plus haut point, au vu de ce qui précède.

Le « Médiateur » médiatise…

Manquait plus que lui, le « Médiateur de l’eau » va conférencedepresser à la Maison de l’Amérique Latine, à Paris, le jeudi 24 mars : « Dormez en paix, braves gens, etc, etc. »

En attendant Marseille 2012

Barré comme c’est, ça va cliver sec. Marseille 2012 çà sera pas un dîner de gala.

A preuve Loïc Fauchon, renvoyant dans les cordes les "alters" exigeant sa démission du CME :

"Madame, Monsieur,

J’ai bien reçu le courrier électronique que vous m’avez adressé. Je vous en remercie car il témoigne de l’intérêt que vous partagez avec moi pour la cause de l’eau, aussi bien en France que dans le monde.

J’ai bien noté aussi la crainte qui est la vôtre de me voir confronté à des préoccupations contraires dans l’une ou l’autre les présidences que j’occupe.

Aussi, je voudrais ici vous rassurer : la Société des Eaux de Marseille n’est qu’une seule des 342 voix d’organisations qui s’expriment au sein du Conseil mondial de l’eau (81 états, 12 organisations intergouvernementales, 129 entreprises majoritairement publiques, 81 institutions académiques et scientifiques, 39 ONG).

Quant au choix des décideurs marseillais pour l’avenir du service de l’eau et de l’assainissement, il ne saurait en rien être influencé par les opinions qui s’expriment au sein du Conseil mondial de l’eau.

C’est, au demeurant, mon rôle et mon honneur de défendre depuis plus de trente années le droit à l’eau et à l’assainissement pour tous à travers la qualité du service public de l’eau et de l’assainissement, mais aussi dans les engagements citoyens qui sont les miens.

Toux ceux qui me connaissent savent que je ne dérogerai jamais à ces règles autant que je continue à porter comme vous des valeurs de partage et de tolérance.

Je suis heureux d’ailleurs de vous suggérer de lire le récent essai « Pour l’eau le partage plutôt que le pillage » que vous trouverez sur le site internet du Conseil mondial de l’eau.

Avec mes sentiments respectueux et cordiaux.

Loïc FAUCHON"

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commentaires

1 Eau publique/privée : le grand foutoir…

Enfin quelqu’un pour rendre compte du caractère mal foutu du SISPEA ! Il n’y avait pas besoin d’être grand devin pour comprendre que les services d’eau et d’assainissement (publics comme privés d’ailleurs) auraient autre chose à faire que d’alimenter ce machin, qui au final coûte sans rien rapporter (financièrement et, du coup, vu la participation, en termes d’info).

Du coup, réflexe "intelligent" du ministère : ça ne marche pas, rendons obligatoire ce truc, histoire que les services de police de l’eau qui, il est bien connu, ne foutent rien, se tapent en plus la chasse aux resquilleurs !

Les communes rurales vous remercient. ^^

poste par Feup - 2011-03-24@17:53 - repondre message
2 Eau publique/privée : le grand foutoir…

C’est pire, on demande gentiment à la FP2E (Veolia, Suez, Saur), de solliciter un "mandatement" des collectivités pour alimenter la bécane ;-)

poste par Marc Laimé - 2011-03-26@13:18 - repondre message
3 Eau publique/privée : le grand foutoir…

Ah misère.
Pour sûr un sujet compliqué et trés lié à chaque commune ou syndicat des eaux selon (spécificité de la ressource, de la densité de population et des investissements faits et à faire, etc.). A quand une explication de texte sur le fond : combien ça coute et surtout combien cela devrait couter... par commune !
Et cela bien avant de decider si on gère en régie ou avec un prestataire privé !...et à condition de ne pas comparer des choux et des carottes !

poste par tsunenemy - 2011-04-26@20:54 - repondre message
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