« Sur moins de 30 jours », et en plein été, deux tiers des salarié.e.s du siège national d’EELV vont être licenciés par le défunt parti (auto-proclamé), de l’écologie politique. Avant même que l’assomption de la traîtrise ne soit érigée par la start-up de Pharaon en horizon indépassable de notre temps (songez-y), la « common decency » chère à Orwell est ici définitivement enterrée, comme en témoigne ad nauseam l’appel des victimes, adressé le 7 juillet à tou.te.s les adhérent.e.s d’EÉLV et aux membres du Conseil fédéral, que nous publions ci-après.
« EN MARCHE » POUR LES LICENCIEMENTS « PAR ORDONNANCE » CHEZ EÉLV.
Sur la situation :
Le 28 juin 2017, nous apprenions via les réseaux sociaux... le licenciement de 5 salarié.e.s [cf. signataires] sur 9 du Secrétariat national.
Le 3 juillet, le trésorier national d’EÉLV informait les 5 salarié.e.s de leur licenciement économique « sur moins de 30 jours », et que sera désormais maintenu au Secrétariat national l’équivalent de 3,2 postes plein-temps « indispensables au fonctionnement quotidien ». (1)
Le 1er janvier 2017, le siège comptait 14 salarié.e.s (et nous étions 18 l’année précédente !). 5 sont partis en rupture conventionnelle avant les législatives. C’est donc aujourd’hui en tout 71,4 % de la masse salariale qui est sacrifiée, soit 10 emplois sur 14 !
Il n’y a eu strictement aucune concertation ni information préalables à cette annonce très brutale de licenciements, et aucuns critères sociaux n’ont guidé les choix (âges, parents isolés, enfants à charge, anciennetés, etc.).
Sur la manière :
Tout est politique… alors que les écologistes dénoncent haut et fort les ordonnances estivales de Macron, la loi travail, le principe des licenciements anticipés, qu’ils défendent à longueur de tracts et programmes la revitalisation du dialogue social (!) et se dressaient encore il y a quelques mois contre la loi El Khomri…, le trésorier national d’EÉLV annonce soudain en plein été, sans appel possible, au mépris de toute considération humaine - et après avoir sommé 15 jours avant les salarié.e.s de déposer leurs congés d’été dans les meilleurs délais ! - le licenciement « sur moins de 30 jours » des 2/3 des collaborateurs du siège (tout en accueillant ce jour-là une stagiaire attachée au directeur de cabinet, lui-même embauché en CDI il y a 5 mois).
Tout est politique… jusqu’au choix des priorités pour EÉLV et des économies décidées : subjectivité des postes considérés comme « vitaux » notamment.
Tout est politique, jusqu’à la manière de décrire l’inutilité des fonctions des personnes licenciées.
Tout est politique, jusqu’à affirmer haut et fort que les conditions proposées aux licencié.e.s sont très avantageuses alors qu’elles ne sont ni plus ni moins que des obligations légales minimales (contrat de chômage « CSP » et maintien de la mutuelle durant 12 mois).
Sur le fond :
Nous avons conscience des grandes difficultés financières que traverse notre mouvement, qui a en outre perdu en 2 ans plus de la moitié de ses adhérent.e.s ! Mais il est parfaitement injuste que seul.e.s les salarié.e.s « paient » les erreurs stratégiques et les résultats électoraux décevants ! Les récents départs de salarié.e.s régionaux et nationaux d’EÉLV constituent déjà un effort très conséquent.
Il est indigne de virer dans la précipitation, en pleines vacances, sans accompagnement et en « moins de 30 jours » des personnes loyales et dévouées qui travaillent pour les Verts et EÉLV depuis plus de 20 ans en moyenne. Il est indigne que nous fassions ainsi les frais de licenciements économiques par anticipation. Car rappelons-le, le financement public de 2012 (2 086 166 euros/an) est effectif jusqu’en mars 2018 et les 3 derniers exercices comptables sont positifs ! …
On veut partager les richesses dans nos programmes et on ne partagerait pas les difficultés internes dans la vraie réalité ? Ils sont où nos idéaux écolos ? C’est quoi la réinvention écologique et sociale ? C’est quoi le « forum permanent de la réinvention » que proposent les Journées d’été de Dunkerque fin août ?
LES SALARIES D’EÉLV DEMANDENT LÉGITIMEMENT :
– Le gel immédiat de la procédure de licenciement économique « sous 30 jours ».
– Un audit financier externe.
– La mise en place d’une commission paritaire interne (3 membres du BE + 3 membres du CF + 3 salarié.e.s) pour étudier ensemble TOUTES les pistes d’économies budgétaires et solutions possibles (2).
– Un débat et un vote formels du Conseil fédéral sur les conclusions de cette commission paritaire et de l’audit financier externe.
Les 5 « anciens » menacés de licenciement :
– Constantin Fédorovski, chargé des relations internationales (28 ans d’ancienneté) ;
– Géraldine Boÿer, rédactrice en chef et graphiste (25 ans d’ancienneté)
– Marjorie Delmond, attachée de presse (18 ans d’ancienneté) ;
– Géraldine Journeux, service comptabilité (18 ans d’ancienneté) ;
– Géraldine Warman, service comptabilité (17 ans d’ancienneté)
Les 4 postes maintenus (équivalent 3,2 temps pleins) :
– un directeur de cabinet assistant à plein-temps le secrétaire national ;
– une comptable assistant à plein-temps le trésorier ;
– un chargé de l’événementiel à 3/4 temps ;
– un chargé de la communication du Conseil fédéral à mi-temps.
Des pistes d’économies ?
Nous n’avons jamais été concertés sur les solutions envisagées par le trésorier ni sur les pistes d’économies possibles liées à la situation financière - dont nous ne sommes d’ailleurs pas responsables. Les propositions que nous avançons ci-dessous ont été élaborées sans disposer du détail des bilans et prévisionnels budgétaires officiels, qui ne nous ont pas été remis (opacité) :
– Réinternalisation des outils numériques web et base aujourd’hui confiés à des prestataires (130 000 euros/an en tout donnés aux prestataires moins 57 000 pris en charge par régions, plus 20 000 euros pour l’hébergeur) = 53 000 euros/an économisés
– Rupture du contrat de reprographie (photocopieuse) d’un montant de 29 700 euros/an (= 2416 euros/mois !) = 29 000 euros/an économisés
– Déménagement immédiat des locaux de Montreuil (84 000 euros/an = 7000 par mois) pour louer dans le centre de Paris un simple appartement-bureau de 3 pièces - avec salon pour les réunions (2500 euros) = 54 000 euros/an économisés
– Réduction du nombre de membres du Bureau exécutif (prévue dans les statuts) : de 15 membres (145 000 euros/an aujourd’hui), à 11 membres (106 000 euros/an) = 40 000 euros/an économisés
Soit 176 000 euros/an économisés. À raison de 55 000 euros/an en moyenne par poste, cela pourrait permettre de maintenir entre autres 2 ou 3 emplois essentiels à la bonne marche du mouvement.
Nous nous interrogeons également sur l’affectation détaillée des 2 millions de la vente de la Chocolaterie (anciens locaux du mouvement), ainsi que sur la prise en compte des 76 000 euros économisés en 2018 et 2019 suite à la fin de l’accord de 2012 passé avec RPS. Ne disposant hélas ni des bilans ni des budgets prévisionnels, nous ne pouvons pousser le raisonnement plus loin."
Le nouveau Président de l’Assemblée Nationale fera-t-il un geste ?