La diffusion sur FR3 le lundi 17 mai 2010, à une heure de grande écoute, d’un document de 90 minutes qui dresse un bilan accablant des innombrables polluants qui affectent la qualité sanitaire de l’eau du robinet, et du non respect fréquent d’une réglementation pourtant réputée très stricte, suscite déjà de nombreuses réactions. Florilège.
Ce documentaire qui fera date sera rediffusé sur FR3 le samedi 22 mai 2010 à 2h30.
Pour voir la première partie mise en ligne sur Dailymotion (1/6) :
les autres parties sont aussi en ligne,
(Les liens ci-dessus n’ont été actifs que quelques heures. Depuis lors une véritable bataille a lieu sur Daily Motion et You Tube, sur lesquels des internautes déposent des extraits du film, que pourchassent inlassablement FR3 et d’autres parties prenantes... Témoignage aussi de la valeur de ce documentaire...)
Avant même la diffusion du documentaire, l’AFP diffusait dans l’après-midi du lundi 17 mai 2010 une dépêche reprenant un communiqué, se voulant rassurant, du ministère de l’Ecologie :
– Ministère de l’Ecologie :
"L’eau du robinet très contrôlée"
« Le ministère du Développement durable a contre-attaqué aujourd’hui en assurant que l’eau du robinet était "très contrôlée, à tous les stades", à quelques heures de la diffusion d’un documentaire et d’un débat sur la qualité de l’eau sur France 3. Dans un communiqué, le ministère indique que "le contrôle sanitaire de l’eau couvre chaque stade du circuit de l’eau, de la source jusqu’au robinet du consommateur, c’est à dire les captages, les stations de traitement, l’inspection des installations de production et de distribution". Ce contrôle se traduit "chaque année par plus de 310 000 prélèvements et plus de 8 millions de résultats analytiques portant sur près de 800 paramètres mesurés", insiste-t-il, en réponse aux accusations portées par le film, dont le titre annonce "Du poison dans l’eau du robinet". "En cas de dépassement des limites de qualité, des restrictions temporaires de consommation de l’eau pour certains usages sont diffusées auprès de la population par les autorités sanitaires locales. La distribution est de plus arrêtée dès lors qu’un dépassement présente des risques avérés pour la santé", insiste le ministère.
Un communiqué conjoint des ministères de la Santé et de l’Ecologie était ensuite diffusé, le mardi 18 mai 2010.
– Ministère de la santé :
Tant qu’à faire, l’antienne était dupliquée sur le site de la DGS...
– AFSSA :
Après la prestation catastrophique de sa représentante, l’AFSAA tentait le 18 mai de remonter le courant...
Voir le communiqué sur le site de l’Afssa
– FNCCR :
La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) affirme quant à elle qu’en France "l’eau du robinet est un des produits alimentaires les plus surveillés au plan sanitaire". "Plus de 300 000 prélèvements" sont effectués chaque année, et donnent lieu "à plus de 8 millions de résultats analytiques", concernant quelque 800 substances ou paramètres, tels que PH, turbidité, chlore, nitrates, pesticides, radioactivité, indique-t-elle dans un communiqué.
Elle précise encore que "lorsque les contrôles font apparaître un non-respect des normes en vigueur, des mesures de restriction voire d’interdiction de consommation sont mises en oeuvre, avec information de la population". S’il n’y a pas danger potentiel pour la santé humaine, il peut y avoir des mesures de restriction de consommation à tout le moins pour les usagers les plus sensibles.
– ASEF :
L’Association Santé Environnement France (Asef), qui regroupe près de 2 500 médecins en France, a déjà annoncé son intention de lancer des "analyses sur 10 sites français" visant à déceler l’éventuelle présence de résidus toxiques de médicaments dans l’eau du robinet. Selon elle, il ressort du film que des millions de Français boivent une eau trop chargée en aluminium, nitrates, pesticides, médicaments, qui peut parfois même être radioactive.
La plupart de ces produits, rappelle-t-elle, "peuvent sur le long terme avoir des effets importants sur la santé de ceux qui la boivent en la pensant potable".
Pour le Dr Pierre Souvet, président de l’Asef, les pouvoirs publics "doivent prendre en compte la question des stations d’épuration", souvent anciennes. Selon lui, "nous devons penser nos normes en termes de durée d’exposition chronique et non plus en termes d’intoxications aiguës".
– MDRGF :
"Alors que l’Europe somme la France de moderniser ses usines de traitement, notre pays ne cesse de minimiser l’ampleur de la pollution", relève pour sa part le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF).
– WWF-France :
Le WWF de son côté dénonce une "politique de l’autruche" : "Les rapports s’accumulent depuis 30 ans et sont unanimes pour constater la contamination généralisée des eaux, désigner l’agriculture intensive comme principale responsable, appeler à un changement des pratiques agricoles et épingler la carence de l’Etat", estime l’association, qui a mis en ligne plusieurs documents sur son site.
VOIR LA VIDEO : « Assiégés par les pesticides », témoignage de Bertrand Pouchin, résident en Eure-et-Loir, dont nous avons ici-même relaté les déboires.
Trouvez plus de vidéos comme celle-ci sur Planète-Attitude
Lire aussi : « La gestion de l’eau en France : un long scandale d’Etat », WWF-France, 17 mai 2010.
– Veolia :
Le leader mondial des services à l’environnement a sévèrement été mis en cause dans ce documentaire, et aurait selon la présentatrice de FR3, Marie Drucker, décliné l’invitation qui lui avait été adressée de participer à la table ronde qui faisait suite à la projection du documentaire de Sophie Le Gall.
Coïncidence (bienvenue ?), le quotidien économique Les Echos annonce en « Une » de son édition du mardi 18 mai 2010, que Veolia demeure seul en lice pour l’attribution du contrat du Sedif., le plus important marché européen dans le domaine de la distribution de l’eau…
Ce qui va évidemment contribuer à ce que l’entreprise, selon l’expression de son nouveau dirigeant, M. Antoine Frérot, "retrouve un équilibre entre croissance et rentabilité"...
(Il semble que Suez réagisse mal à cette annonce, la qualifiant ce matin à la radio, sinon de franchement "’illégale", de tout aussi surprenant que ce qui a précédé, tant il est vrai que la procédure n’est pas encore arrivée à son terme, puisque les délégués du Sedif seront appelés à entériner la passation de ce contrat dans plus d’un mois, le 24 juin 2010...)
– Suez-Lyonnaise des eaux :
A noter que c’est sur le site de Suez-Lyonnaise des eaux que l’on trouvera la réponse la plus élaborée, ce qui en dit long sur le véritable équilibre et rapport de forces autour de la question de l’eau, sous l’angle d’une puissance publique scandaleusement défaillante, lors même que l’un des deux leaders du secteur affiche sa différence avec Veolia d’une part en surjouant la transparence, et surclasse sans peine l’Etat pour répondre à la « crise » suscitée par la diffusion du documentaire-choc par FR3, ce qui à la réflexion n’est pas fait pour rassurer... :
Voir le dossier sur le site de la Lyonnaise des eaux :
« Reportage de France 3 : l’eau du robinet en question :
France 3 a diffusé lundi 17 mai, dans le cadre de l’émission Hors série animée par Marie Drucker un reportage intitulé « du poison dans l’eau du robinet » qui met en doute la qualité de l’eau, les contrôles de potabilité et l’information aux consommateurs. »
– OIEau : un « chat » avec le directeur adjoint de l’Office international de l’eau sur le site du Monde.fr :
Pierre Chantrel, directeur-adjoint de l’OIEau, répondra en direct aux questions des internautes
sur le site du Monde.fr, le mardi 18 mai 2010 à 11h15.
– L’Association française de l’aluminium :
– Le Centre d’information sur l’eau (C.I.EAU) :
L’organisme sponsorisé par Veolia, Suez et Saur s’est, comme à l’accoutumée, particulièrement distingué, en « regrettant certains propos alarmistes qui ont été tenus et qui ne reflètent pas toujours la réalité : on ne peut déduire des généralités de cas particuliers. »
On verra aussi comment ledit CIEau s’est empressé d’inonder, comme en Bretagne, les sites et blogs de la respectable CLCV, association de consommateurs tout-à-fait respectable, d’un tissu de menteries particulièrement gratiné...
– Le Monde.fr :
Hélas, hélas, Le Monde nous noie sous un flot lénifiant de propos rassurants, qui ne rassureront aucunement les millions de téléspectateurs qui ont découvert hier soir, ébahis, l’invraisemblable spectacle offert par une kyrielle de "responsables", pris en flagrant délit de mensonge éhonté...
Avant que de revenir sur l’affaire deux jours plus tard, avec un article un rien plus intéressant de Pascale Santi.
– Seine-et-Marne :
Des élus en colère, selon l’édition locale du parisien du 24 mai 2010. On le comprend : 141 400 habitants y reçoivent une eau "non conforme"...
Lire aussi :
Un autre trou de mémoire : sur l’eau et l’aluminium
Planète sans visa, Fabrice Nicolino
Alternative Santé Magazine, juin 2010
commentaires
Bonjour,
suis sensible à votre commentaire.
N’y aurait - il aucune action à mener...
Cordialement.
Padawan33.
Merci Marc pour ta réactivité !!!
:D
Et pour ceux qui ont raté cette émission, voir le sommaire vidéo par ici :
http://www.dailymotion.com/video/xdcdim_du-poison-dans-l-eau-du-robinet-som_news
et sa rediff’ samedi matin !
Cordialement
l emission etait correcte mais permettez moi de vous dire qu’il n’y a rien de nouveau helas,j ai dirigé un laboratoire officiel de controle des eaux ,pour avoir trouve des resultats "derangeants" on m’a menacé de mort ,fermé mon labo,mon senateur president du conseil general m’ a dit ""l’eau tout le monde en boit personne n’en meurt ,tout le monde s’en fout moi je suis elu pour 9 ans alors vos cancers je m’en fout ,en plus l’eau ne m’interesse qu au moment des elections ,
voila j ai perdu mon emploi apres 20 ans de service en tant qu’agent titulaire,et lui est toujours la
pour finir il doit avoir raison l’eau tout le monde s’en fout
triste constat mai pourtant vrai
ps :ma formation bac+10 est quasi ridicule dans ce monde de l’eau ou seul le profit est une vrai valeur
Ma formation bac+8 m’a valu la même chose : que des sanctions et du chômage pour avoir voulu travailler proprement dans un monde de l’eau où l’intérêt général semble être un gros mot.
Criante omerta et discours sanitairement correct
Cette émission fera vraisemblablement date dans les annales médiatiques sur la question de la qualité de l’eau « château la Pompe ».
La charge est terrible sur l’incurie et l’omerta qui règnent dans les discours "sanitairement corrects" concernant les dépassements des normes de la part des représentants de l’état, de certains élus, des opérateurs de l’eau sans oublier une bonne partie des associations environnementalistes et consuméristes de France !
Ce reportage est un électrochoc médiatique salutaire, pertinent et courageux mais, il ya un mais et de taille, la cinéaste ne s’intéresse qu’aux dépassements des normes (Aluminium, pesticides, nitrates) et aux légitimes questions sanitaires posées par les polluants émergents (médicaments et hormones) ou anciens (radon).
L’écueil de l’excellent travail de vérité de Sylvie Le Gall est là ; ce n’est pas une scientifique (à la différence de F. Veillerette) et elle ne connaît visiblement pas les effets (scientifiquement étayés) des faibles doses (Bisphénol A…), des synergies entre certains polluants et de leur bioaccumulation
Buvez l’eau du robinet, l’aliment le plus surveillé ! Exact à 0,0003% près ! (100.000 molécules de synthèse fabriquées par les industriels européens –dont la plupart se retrouvent dans les milieux ; air, eaux, sols- sur 30 molécules recherchées par nos rassurantes normes).
La définition juridique de l’eau potable est qu’elle ne doit pas nuire à la santé. Quelle preuve en a-t-on à terme ? Personne au monde n’a la réponse.
Un seul constat objectif : les maladies dites de civilisation flambent littéralement depuis plusieurs dizaines d’années (cancers, allergies, maladies neurodégénératives…) et l’eau du réseau n’aurait pas sa part de responsabilité dans ce cataclysme sanitaire ?
Quel est l’impact de l’ingestion, à doses « filées », d’un cocktail de polluants sur notre santé à échéance de plusieurs années ? Nul ne le sait, mais un cancer ou une maladie d’Alzeihmer met des dizaines d’années à se manifester !
Il existe, notamment en France, un constat qui devrait faire l’unanimité ; le manque patent d’évaluation global et de qualité de l’effet sanitaire des diverses pollutions, que ce soit pour les aliments, l’air et bien sur l’eau
Donnons nous enfin les moyens de nous confronter à la réalité pour arrêter les sempiternels discours spéculatifs et polémiques sur la qualité de l’eau !
Bonjour !
(Rappel : je travaille actuellement à Veolia)
Ben j’ai regardé ce document et j’ai constaté quand même que, à une exception près, les manquements (dépassements de normes et affichages oubliés) étaient semble-t-il le fait de régies municipales, petites exploitations pour lesquelles il paraît évident qu’il y a des manques en moyens financiers et aussi techniques...
L’exception dont je parle concerne un problème que je reconnais avoir découvert par ce reportage, il concerne le radon. Je connaissais le gaz et ses risques, mais j’avoue que cela concernait pour moi uniquement les caves et certains environnements clos, je ne savais pas qu’il pouvait exister à aussi grande échelle dans un forage, et donc passer à ce point dans l’eau... Et là effectivement les techniciens de la SAUR semblent avoir également découvert ce problème, important et qu’il leur faut traiter au plus vite, même s’il est a priori et heureusement plutôt rare.
On a aussi montré le "bon élève" parisien, en oubliant de dire qu’il bénéficie de ce que laissent la Lyonnaise et Veolia depuis leur sortie forcée récente et surtout d’une infrastructure héritée de Hausmann et Belgrand avec des acqueducs "prenant" l’eau loin de Paris (au détriment des locaux d’ailleurs), une eau beaucoup plus facile à traiter évidemment que Seine, Marne ou Oise qui constituent l’alimentation du SEDIF.
Sulfate d’aluminium ou chlorure ferrique (pour la floculation-décantation) ? Notez que le sulfate d’aluminium est beaucoup plus cher à l’achat, ce serait intéressant à préciser, mais voila, il est aussi beaucoup plus efficace. Et lorsqu’on a les moyens et les techniciens pour, il n’y a pas de problème de dépassement de la norme en aluminium, même si celle appliquée au SEDIF est quatre fois moindre !
Pour en revenir au radon, c’est à mon avis le seul intérêt réél du reportage, qui doit inciter à rechercher ce gaz dans les sites à risques de par la géologie de leurs sols.
J’apprécie ce site pour les infos qu’il donne, tout en notant sa partialité et ce qui ressemble quand même à de l’acharnement contre veolia en particulier.
Venant de M. Touly je peux le comprendre vu qu’il a été viré de Veolia et n’a sans doute pas digéré sa pillule. Venant de vous, si je comprends bien votre acharnement dans le débat public-privé compte tenu de votre parcours, je ne saisis pas bien pourquoi il concerne avant tout et surtout Veolia, oubliant par exemple que la Lyonnaise est maintenant adossée à une banque, ce que je trouve personnellement parfaitement incompatible avec notre métier de service public (je me suis déjà exprimé sur le gaz suez ici, et l’incompréhension que j’ai de voir que le débat critique n’existe quasiment pas sur ce sujet alors que le gaz pèse énormément plus que l’eau dans le budget d’un ménage).
Bonjour ,
Baratin, fausses-vérités, intox et mensonges en tous genres .....
et tout ça sur un sujet grave et essentiel de santé publique !!
et Mr Houssin de dire sur le plateau que le sujet de l’aluminium est un faux problème par rapport à Alzheimer et que le problème des résidus médicamenteux ne les inquiète pas plus que ça .... !!!!
Alors j’ai envie de dire pour ce Mr Houssin : "dehors les menteurs ! , et mettez-les au bagne agricole pendant 20 ans à pulvériser les pesticides à l’arrosoir et sans masque, nourri au poulet OGM et abreuvé par de l’eau sortant des STEP voisines !!!"
Mais bon dieu, quand nos parlementaires vont-ils (ré)agir !! ?? et à quand la révolution du monde médical et scientifique !! ?? (eux qui ont tout en mai pour condamner tout ça définitivement !)
Brrrrrrr !
je salue au passage la qualité de ce reportage (rare sur ces sujets), mais ce qui m’a le plus marqué c’est quand même cet énorme embarras (à en bafouiller complètement) qu’avaient les agents sanitaires pour constater les dégâts et simplement à répondre sur des questions simples, précises mais pertinentes !!
j’avais même de la compassion pour eux à les voir dans cet état ... mais je me dis aussi que malgré qu’ils ne soient là que pour appliquer un système ... on (nous) ne les empêche pas non plus de le faire exploser .. ce système !
Perso, je ne pourrais vivre et me regarder dans la glace avec pareille complicité sur le dos ........
NB : pour ceux qui ont raté l’émission : Rediff’ Samedi 22 mai 2010 : FRANCE 3 02h30
Cordialement