La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), qui regroupe à la fois des collectivités qui ont délégué l’eau à des entreprises privées et des régies, vient de rendre publique une nouvelle étude comparative des performances de 31 villes volontaires, réalisée en partenariat avec l’Onema. Etude dont les conclusions vont à n’en pas douter susciter questionnements et contestations, à l’heure où l’évaluation de la performance des services fait figure d’enjeu central des politiques publiques de l’eau.
Cette nouvelle enquête comparative a été réalisée, c’est important, par 31 collectivités volontaires, représentant des services très divers, par la taille (de 6700 à 286 000 habitants), l’origine de l’eau utilisée (superficielle ou souterraine), les traitements mis en œuvre, le mode de gestion (public ou privé), etc…
Six aspects de l’activité des services d’eau potable, correspondant à leurs principales missions et domaines de compétence, ont été examinés dans ce cadre : la qualité de l’eau, la qualité du service à l’usager, la gestion du patrimoine, la sécurisation quantitative de l’alimentation, les relations avec l’environnement et les aspects économiques et financiers. Les données recueillies concernent l’exercice 2008.
La méthodologie retenue témoigne des énormes enjeux que représente l’évaluation des services à partir d’indicateurs de performance, à l’heure où le modèle économique historique du service d’eau s’effondre littéralement sous nos yeux, au grand dam des premiers intéressés, Veolia, Suez et Saur (et donc la FP2E), qui se démènent comme de beaux diables pour préserver leurs marges et inventer… de nouveaux modes de rémunération assis sur la performance ! Voire, un comble, songent à se faire rémunérer par la collectivité pour leur participation aux économies d’eau que réaliseraient les usagers, ce qui est savoureux quand on y songe.
En effet, témoignage des tensions que suscite cette problématique, la FNCCR n’a retenu qu’une partie des indicateurs de performance (le fameux « tronc commun », issu d’une véritable bataille de chiffoniers…), désormais obligatoires depuis l’adoption de la LEMA, que toutes les collectivités sont censées renseigner depuis 2009 pour alimenter le SISPEA, auquels elle a mixé d’autres indicateurs « historiques » de l’International Water Association (IWA), dont les travaux pionniers sont à l’origine de notre affaire d’indicateurs, qui a démarré en France en 2002, quand il est apparu que le projet de loi Voynet enterré, le Haut-Conseil de l’eau et de l’assainissement ne verrait jamais le jour, ce qui écartait tout risque de forte régulation publique du secteur…, à quoi le comité de pilotage de la FNCCR vient donc de surcroît d’ajouter de nouveaux indicateurs expérimentaux, issus, eux, de « l’école Vewin », qui a le don d’horripiler Veolia, Suez comme d’éminentes figures universitaires spécialistes de la question de l’eau, qui se reconnaîtront…
Conclusion, très provisoire, le sempiternel débat sur le « prix de l’eau » va désormais devoir être appréhendé, notamment par toutes les composantes de la société civile intéressées par la question, à la lumière de ces innombrables indicateurs brandis, on le voit, dans un désordre inquiétant, par toutes les parties intéressées à l’affaire.
En l’état, les usagers et leurs associations n’y comprennent rien, les collectivités éprouvent les plus grandes peines à maîtriser ces fameux indicateurs, quant aux acteurs qui font flèche de tout bois pour les aménager au mieux de leurs intérêts bien compris, on se demande parfois s’ils ne finissent pas eux-mêmes par se prendre les pieds dans leurs batteries d’indicateurs, ce qui n’augure pas d’une amélioration sensible de leurs performances…
Du moins en matière de communication publique, car l’enjeu décisif est bien celui de l’opinion publique et de sa compréhension de mécanismes d’évaluation dont, non seulement le fonctionnement, mais pire encore, simplement l’existence, lui échappent totalement. Bienvenue dans l’univers de la performance…
Voilà une mine d’information très interressante. Reste à vulgariser tout ça...
Je digère et je vous dirais...
A + dans l’bus