Un petit village des Ardennes accueille le seul site Seveso « seuil haut » du département qui, depuis 1968, fonctionne 24h/24, retraite 25 000 tonnes de batteries par an, ainsi que des produits non ferreux, a été plusieurs fois condamné par la justice et est considéré par les experts environnementaux comme l’un des plus graves foyers de scandale sanitaire français.
L’on trouve sur le Web et dans la littérature industrielle, l’histoire de ce désastre sanitaire, les arrêts préfectoraux, compte-rendus de commissions, conséquences sur la santé publique de cette activité, curieusement soutenue à tous les niveaux et degrés par l’Etat, ses organes (DREAL, ARS...), les collectivités, les élus, et jusqu’à la popûlation directement concernée…
Toutes les études, analyses, expertises, enquêtes épidémiologiques, ont mis en évidence les effets toxiques, voire mortifères à terme, des impacts atmosphériques en métaux lourds divers : plomb, cadmium, arsenic, manganèse, mercure, COV, HAP, dioxines... ajoutés en certains endroits à la pollution des sols due à l’activité métallurgique ancienne.
La plupart des enfants de ce village et des alentours sont contaminés au vu des résultats d’enquêtes diligentées de 1998 à 2002... Depuis lors l’Etat n’a cessé d’user de stratagèmes (Commission de suivi...), pour masquer la réalité.
Le magazine annuel de la Commune de Bourg-Fidèle présente en couverture une vue du village et de l’usine de recyclage de batteries, située… à 300 mètres du centre scolaire sous le vent dominant. La lecture de la page 10 de ce magazine confirme si besoin était que la pollution à Bourg-Fidèle est… un cas d’école (sans jeu de mots), national et international :
http://www.mairiebourgfidele.fr/pdf/LE_PETIT_BOURQUIN.pdf
On y découvre en effet que les enfants de CM1-CM2 de l’école de Bourg-Fidèle se réjouissent autour de leur enseignante, si l’on en croit Mme Gavazzi, conseillère municipale, de leur participation à l’opération « piles solidaires », en faveur d’un village de Madagascar (Alamarina), un pays qui a laissé des traces dans l’histoire de la France, histoire militaire et industrielle également. Un quartier dit « Madagascar » porte toujours ce nom sur le secteur de REVIN-Monthermé dans la vallée de la Meuse, dont le fort passé métallurgique fit appel (post-militaire) à la main-d’œuvre malgache.
Je partage, en tant qu’enseignant retraité, originaire de Bourg-Fidèle, cet engagement de la jeunesse et des éducateurs. J’ai moi aussi usé mes culottes sur les bancs de cette école.
Cependant, le contexte très particulier de cette actualité scolaire et pédagogique en terre ardennaise me paraît utile à rappeler.
Si une formation et information relative à la situation matérielle générale - ses manques chroniques - ou sanitaire dans notre ancienne colonie-protectorat doit co-constituer une base de réflexion pour un mouvement de solidarité, il pourrait apparaître assez curieux (euphémisme), de ne pas signaler aux récipiendaires, et surtout aux enfants bienfaiteurs eux-mêmes, les enfants de Bourg-Fidèle, les éléments factuels de handicaps qui marquent la population de leur propre village pour des siècles. Car le dossier de la pollution de nature industrielle récente ou ancienne qui affecte tous les volets de la biosphère reste ouvert.
Je souhaiterais dès lors que l’on ne joue pas sur les mots ni sur les faits, ni sur la manière, en matière de santé publique.
Les tests de plombémie opérés, soit en collectif, soit individuels, sont déterminants et implacables de réalisme. Quel est ce taux pour les enfants présents sur la photo en page 10 du magazine ?
Les enfants de Bourg-Fidèle ont eux aussi besoin de soutien et de solidarité pour leur développement... cognitif en particulier.
Ce soutien pourrait en retour leur être prodigué par leurs homologues malgaches. Ceci est une suggestion à l’adresse du « staff » de l’organisation humanitaire.
C’est sur les données de ce désastre que j’ai, depuis 20 ans et quelques, originaire de Bourg-Fidèle, œuvré pour l’abandon du process de fusion dans l’entreprise similaire d’ARNAS, dans le Rhône, sœur de la maison mère Métaleurop-Nord, aujourd’hui RECYLEX. Mais ici c’est encore toute une histoire…
Lire aussi :
Affaire Bourg-Fidèle, un sinistre majeur non résolu
http://www.bourgfidele.lautre.net/unsinistremajeur.html
Association de protection et de défense de l’environnement de Bourg-Fidèle.
Le texte INTEGRAL de la condamnation définitive(cour d’appel-cassation ) de l’entreprise coupable de polluer aux métaux lourds, COV, dioxines,HAP ... tous les milieux de la biosphère locale, depuis sa création dans les années 60, figure aussi sur le site wikipedia.
Le ’geste’ de solidarité, sous la responsabilité d’adultes, envers les petits malgaches, semble passer sous silence la forte probabilité(cf. enquêtes DDASS 1998, 2002) de contamination sanguine (plombémie, cadmiurie...) des petits Bourquins présents -sur la photo de la classe. Les dernières propositions d’enquête épidémiologique(sanguine en particulier et poussières, particules fines et PUF...) adressées(cf. suivi) à l’ARS n’ont pas été acceptées .
Une information plus complète sur le généreux donateur en direction du récepteur (enfants malgaches et leurs parents) serait la moindre des choses.
ATMO grand-est ne veut plus assurer(motifs flous) la maintenance de l’enregistreur des émissions atmosphériques. L’entreprise , elle même, assure désormais ce service avec l’accord !!! de la DREAL et services préfectoraux !!!!cf. dernier rapport de suivi.
Jean-Pierre ANDRY . Ancien élève de l’école de Bourg-Fidèle .