L’un des contributeurs de notre affolante saga décrivait il y a peu la stratégie du géant français de l’eau et des services à l’environnement, qui semble bien en passe de réaliser une OPA sur les marchés faramineux de l’ANC, évalués à plusieurs dizaines de milliards d’euros, avec une « clientèle » qui représente plus de 5 millions de foyers français. Un autre observateur tempère la philippique, même s’il ne dissimule pas ses interrogations sur la nature des mouvements de fond qui se font jour dans la période.
« Le seul moyen d’ouvrir les SPANC à la délégation de service public, c’est de passer par l’entretien et/ou les réhabilitations. Or l’entretien et la réhabilitation sont des compétences doublement facultatives des SPANC, pour les collectivités et pour les particuliers.
En effet, les contrôles seuls, un marché captif garant de toute absence de risque, ne permettent pas aux collectivités de justifier le recours à ce mode de marché public.
Pour l’instant l’affaire n’est pas gagnée, et Veolia joue une partie d’échecs sur deux tableaux. Sur le moyen terme en France, 10 à 15 ans, et sur les marchés émergents, pour être capable de proposer des offres globales aux opérateurs publics.
Or les marchés financiers exigent une rentabilité à court terme. Pour l’instant l’investissement est de l’ordre de la recherche-développement pour Veolia.
Si les marchés se tendent pour Veolia, cela peut être tout l’un comme tout l’autre. En clair, si le marché de l’ANC est « mûr », Veolia investit à fond dans le secteur. S’il ne l’est pas, il se désengage, ou garde juste un œil sur le marché et un pied dans la place.
On peut douter que Veolia soit attirée par la seule réhabilitation, mais plutôt par les contrats de services qui vont avec, et représentent une rente de situation pour l’exploitation avec formules de révision, contrats de service à passer de préférence avec les collectivités.
En effet, quoi de plus alléchant que d’offrir l’entretien de micro-stations et de fosses, quand on dispose déjà de la gestion de la station d’épuration et de son site de dépotage. Il ne reste plus qu’à sous-traiter le marché avec un vidangeur local...
Il faudra cependant :
– qu’elle s’assure du financement de l’investissement des réhabilitations : tarifs négociés avec les industriels, accords avec des entreprises locales pour l’installation, investissements pris en charge par les collectivités, ou à défaut offres financières aux particuliers pour le remboursement...
Et c’est là le nerf de la guerre, et la pierre d’achoppement : l’argent.
Car la réhabilitation, c’est actuellement entre 4000 et 13 000 euros TTC, suivant les techniques. On va dire, en moyenne 6 à 10 000 euros TTC. Cela va également dépendre de la vitesse à laquelle les diagnostics seront faits, et des pressions des élus pour la réhabilitation.
– qu’elle s’assure du montage sur site des installations, par le biais de la sous-traitance avec des entreprises locales.
– qu’elle propose des services associés (exploitation), qui lui permettent une rentabilité correcte.
– qu’elle obtienne des accords commerciaux privilégiés des industriels (elle ne mettra pas tous ses œufs dans le même panier et fera jouer la concurrence), et des partenaires fiables : garantie décennale, pièces détachées, service après-vente) ;
– qu’elle écarte la concurrence, et consolide son marché par la normalisation et la réglementation : exit les tranchées d’épandage dont les performances millénaires sont difficiles à prouver in-situ, et qui n’intéressent aucun industriel car offrant peu de valeur ajoutée. Exit les filtres à sable qui, quoique super efficaces, sont trop volumineux et ne bénéficient pas de recherche publique ou privée pour les améliorer, car ils sont tombés dans le domaine public, et « non brevetables ».
D’autres opérateurs, comme SAUR France, ont bien essayé de faire de la réhabilitation, mais avec les techniques extensives classiques, et sans s’assurer du contrôle (intégration) de la filière comme ci-dessus. C’est donc resté au stade pilote, et avec quelques déboires.
Concernant les techniques compactes, il faudra qu’elle dispose d’un panel de 3 ou 4 techniques fiables et faciles à exploiter, dans les différentes conditions de réhabilitation : mer, montagne, zones inondables, absence d’électricité.
Il n’y aura donc pas que les micro-step, mais aussi, en fonction des accords commerciaux, les filtres compacts à tourbe, le filtre Eparco ™ …
N’oublions pas non plus que c’est le particulier qui signe. Il a droit de choisir avec ou sans électricité, avec ou sans plantes, avec ou sans réinfiltration des eaux traitées sur son terrain.
A moins que Veolia se positionne sur le marché, pour proposer directement aux particuliers, à l’image des assurances « anti-casse » pour les conduites d’eau, des réhabilitations clefs en main, avec offre de financement type Cofinoga ™ et contrats longue durée. Mais ce n’est plus le même métier.
Tiens, au fait, Eparco ™ a revendu « Eparcyl » ™, une affaire juteuse, à Eau écarlate, pour se recentrer à fond sur la vente (et financer ?) le développement de ses filtres compact à zéolite de type chabasite (ils ont changé leur mode de vente).
Ils ont senti le vent venir… »
Le dossier de l’ANC :
Assainissement non collectif (1) : les usagers vont trinquer
Les eaux glacées du calcul égoïste, 4 mai 2007.
Assainissement non collectif (2) : les difficultés commencent
Les eaux glacées du calcul égoïste, 4 juin 2007.
Assainissement non collectif (3) : Point de vue du Syndicat de l’ANC des Vosges
Les eaux glacées du calcul égoïste, 12 juin 2007.
Assainissement non collectif (4) : le grand bazar
Les eaux glacées du calcul égoïste, 10 juillet 2007.
Assainissement non collectif (5) : les arrêtés d’application de la LEMA
Les eaux glacées du calcul égoïste, 26 septembre 2007.
Assainissement non collectif (6) : les micro-stations d’épuration
Les eaux glacées du calcul égoïste, 23 octobre 2007.
Les eaux glacées du calcul égoïste, 6 novembre 2007.
Assainissement non collectif (8) : comment réduire la facture ?
Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 novembre 2007.
Assainissement non collectif (9) : recherches tous azimuts
Les eaux glacées du calcul égoïste, 16 novembre 2007.
Assainissement non collectif (10) : comment financer les SPANC ?
Les eaux glacées du calcul égoïste, 23 novembre 2007.
Les eaux glacées du calcul égoïste, 11 décembre 2007.
Assainissement non collectif (12) : les usagers continuent à trinquer…
Les eaux glacées du calcul égoïste, 4 janvier 2008.
Assainissement non collectif (13) : zonage, raccordement et permis de construire…
Les eaux glacées du calcul égoïste, 7 janvier 2008.
Assainissement non collectif (14) : Les toilettes sèches au tribunal !
Les eaux glacées du calcul égoïste, 9 janvier 2008.
Assainissement non collectif (15) : contrôle avant la construction et permis de construire.
Les eaux glacées du calcul égoïste, 19 janvier 2008.
Procès des toilettes sèches à Brest : audience reportée
Les eaux glacées du calcul égoïste, 23 janvier 2008.
Assainissement non collectif (18) : le sondage !
Les eaux glacées du calcul égoïste, 20 février 2008.
Assainissement non collectif (19) : les aides promises aux particuliers de plus en plus incertaines…
Les eaux glacées du calcul égoïste, 22 février 2008.
Assainissement non collectif (20) : le projet d’arrêté déclenche un tollé dans les Spanc
Les eaux glacées du calcul égoïste, 22 février 2008.
Assainissement non collectif (21) : polémique sur les micro-stations d’épuration
Les eaux glacées du calcul égoïste, 3 avril 2008.
Assainissement non collectif ( 22 ) : Informations, sites, blogs...
Les eaux glacées du calcul égoïste, 21 avril 2008.
Assainissement non collectif (23) : le blues de l’usager
Les eaux glacées du calcul égoïste, 16 mai 2008.
Assainissement non collectif (24) : les projets d’arrêtés
Les eaux glacées du calcul égoïste, 18 mai 2008.
Assainissement non collectif (25) : le Finistère adopte une Charte de l’ANC
Les eaux glacées du calcul égoïste, 18 mai 2008.
Assainissement non collectif (26) : les positions de la CLCV et de l’AMF
Les eaux glacées du calcul égoïste, 26 mai 2008.
Assainissement non collectif (27) : l’action des usagers
Les eaux glacées du calcul égoïste, 26 mai 2008.
Les eaux glacées du calcul égoïste, 5 juin 2008.
Assainissement non collectif (29) : une enquête nationale avant les prochaines Assises de l’ANC
Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 juin 2008.
L’affaire des toilettes sèches tourne à l’inquiétant polar en Bretagne
Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 juin 2008.
Assainissement non collectif (30) : mon petit SPANC à moi il est génial
Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 juin 2008.
Assainissement non collectif (31) : l’Association des Maires de France interpelle Jean-Louis Borloo
Les eaux glacées du calcul égoïste, 18 juillet 2008.
Assainissement non collectif (32) : quatre textes d’application en attente
Les eaux glacées du calcul égoïste, 25 juillet 2008.
Assainissement non collectif (33) : l’arrêté de 96 et le DTU 64.1 sont morts !
Les eaux glacées du calcul égoïste, 1er août 2008.
Les eaux glacées du calcul égoïste, 1er août 2008.
Les eaux glacées du calcul égoïste, 3 août 2008.
Assainissement non collectif (36) : l’OPA de Veolia
Les eaux glacées du calcul égoïste, 5 août 2008.
Assainissement non collectif (37) : précisions sur Norme, DTU et arrêté
Les eaux glacées du calcul égoïste, 8 août 2008.
Assainissement non collectif (38) : le débat norme, DTU, arrêté, rebondit...
Les eaux glacées du calcul égoïste, 9 août 2008.
Assainissement non collectif (39) : polémique sur le traitement par le sol
Les eaux glacées du calcul égoïste, 11 août 2008.
Assainissement non collectif (40) : Veolia ne passera pas
Les eaux glacées du calcul égoïste, 11 août 2008.
commentaires
Je me réjouis du partenariat public-privé (CSTB / Véolia) sur la performance des filières. Elle apporte des réponses fiables aux questions de nombreux techniciens sur les performances réelles des ouvrages, au-delà du marquage CE ou de la publicité des industriels.
Toutefois, les conclusions présentées par Véolia à Cahors, dépassent le simple commentaire objectif de ces performances. Les techniciens et élus présents dans la salle ne s’y sont d’ailleurs pas trompés vu leurs réactions. La « vérité » énoncée par Véolia sonne comme l’appel d’un messie, mais elle inquiète plus qu’elle ne rassure, d’autant que certains industriels se sont empressés d’arborer le label « test Véolia réussi » avant même la fin des essais.
A cette affirmation entendue sur place (à supposer qu’elle soit encore valable aujourd’hui avec les contrôles des SPANC sur la conception et la réalisation)
« l’installation est la cause aujourd’hui, de par la complexité de ce qui doit être réalisé par des constructeurs occasionnels, de fonctionnements insatisfaisants de l’ordre d’une unité sur deux »
Je répondrais volontiers par une autre affirmation :
« on ne doit pas déplacer le problème du contrôle de la réalisation des ouvrages, sur celui du contrôle du bon fonctionnement de ces ouvrages »
A cette interrogation : " la France place le sol en solution prioritaire de traitement. Est-ce bien raisonnable ?"
Je répondrais par une autre interrogation :
" Véolia place les techniques compactes en priorité de traitement et n’accorde pas sa place au traitement des eaux usées par le sol. Est-ce bien raisonnable ? "
La réponse est non dans les 2 cas. Le traitement des eaux usées par le sol (tranchées et lits d’épandage) est un rapport coût/ bénéfices intéressant. Si le sol à les capacités de traiter les eaux usées, il ne faut pas écarter ou réduire cette technique à sa plus simple expression, au seul motif qu’on ne peut pas en vérifier les performances in-situ ou qu’il existe des techniques compactes.
Envisager le sol, principalement sous l’angle du traitement tertiaire tel que l’abattement de la bactério (ce que font mal ou irrégulièrement certaines techniques compactes comme les micro-stations) réduit les possibilités offertes aux particuliers de traiter les eaux usées à des coûts de réalisation et surtout d’entretien et de contrôles faibles.
La diminution actuelle de la taille des parcelles, la demande de réhabilitation sans trop bouleverser l’existant et la puissance commerciale des industriels, font que les techniques compactes sont promises à un bel avenir, si leurs coûts sont raisonnables. Elles n’ont pas besoin de l’appui de Véolia.
Au contraire les techniques de traitement des eaux usées par le sol ne bénéficieront pas de la puissance commerciale des industriels (pas de brevet à déposer, concurrence entre artisans et avec l’auto-construction, pas de garantie commerciale au-delà de la décennale…) ni celle des grandes sociétés des eaux (pas de contrat d’entretien à la clef, pas d’uniformisation des contrats, pas d’industriel sur qui faire reposer le risque financier ou technologique, …), ni malheureusement de fonds publics pour financer leur recherche et développement.
La fiabilité des techniques de traitement utilisant le sol en place, repose sur des contrôles « préventifs » et à priori (étude de sol, suivi de la réalisation, …) plus que sur des contrôles à « posteriori », difficiles à mettre en œuvre et plus coûteux.
A coût de traitement inférieur ou égal (en investissement et fonctionnement intégrant les contrôles) et sauf cas particuliers, il faut envisager en priorité les techniques utilisant le sol en place.
Le législateur a senti le sens du vent et souhaité probablement rééquilibrer les choses, en limitant les rejets dans les exutoires de surface.
N’en déplaise à Véolia ou d’autres, pour l’instant ils devront faire avec l’intérêt général …
Permettez de moi de répondre à votre analyse.
« Je me réjouis du partenariat public-privé (CSTB / Véolia) sur la performance des filières. Elle apporte des réponses fiables aux questions de nombreux techniciens sur les performances réelles des ouvrages, au-delà du marquage CE ou de la publicité des industriels. »
Curieux ! On pourrait se réjouir si les pouvoirs publics avaient fait sérieusement des tests avant 2005 pour apporter un éclairage sur les performances des filières.
Le test Véolia apporte des réponses fiables ? Non ! Pour certaines filières, ce n’est pas la performance de celles-ci mais celles d’un produit d’une marque (qui a eu la faiblesse de se prendre au jeu) qui est jugée.
Ceci dit, le protocole « CSTB /Véolia » existe en parallèle du CE et fait aussi référence aujourd’hui. En d’autres termes, les constructeurs n’ont pas d’autres solutions que de sortir des ratios de performances sous protocole CE et sous protocole Véolia : vous avez suffisamment chanté ici que le CE était minimaliste ! Le protocole Véolia lui est plus sévère. Est ce dernier qui finira par devenir le CE de demain ?
Véolia a simplement réussi un très bon coup de com en imposant une image de référant alors qu’ils étaient inexistants sur le terrain (au niveau conception/installation). Votre réjouissance sur ce partenariat me désole parce qu’elle n’est qu’une opération de communication réussie avec la complicité du « public » !
« A cette affirmation entendue sur place (à supposer qu’elle soit encore valable aujourd’hui avec les contrôles des SPANC sur la conception et la réalisation)
« l’installation est la cause aujourd’hui, de par la complexité de ce qui doit être réalisé par des constructeurs occasionnels, de fonctionnements insatisfaisants de l’ordre d’une unité sur deux »
C’est sans doute parce que je suis dans le maquis et comme Valérie sur le terrain, mais c’est une évidence !!!
« A cette interrogation : " la France place le sol en solution prioritaire de traitement. Est-ce bien raisonnable ?"
Envisager le sol, principalement sous l’angle du traitement tertiaire tel que l’abattement de la bactério (ce que font mal ou irrégulièrement certaines techniques compactes comme les micro-stations) réduit les possibilités offertes aux particuliers de traiter les eaux usées à des coûts de réalisation et surtout d’entretien et de contrôles faibles. »
Ça m’inquiète ce type de discours parce qu’on demande à la bactério dans tous les systèmes d’assainissement d’abattre la pollution !!!!
« l’abattement de la bactério (ce que font mal ou irrégulièrement certaines techniques compactes comme les micro-stations) » Là vous êtes sérieux ?
Un assainissement, c’est un élevage de bactéries quelque soit la filière retenue !!! Une fois qu’on a abattu la pollution, ce n’est qu’après qu’on se pose la question de l’abattement bactério ! Avant la bactério on en a besoin !! Après le sol est effectivement une bonne réponse.
« La diminution actuelle de la taille des parcelles, la demande de réhabilitation sans trop bouleverser l’existant et la puissance commerciale des industriels, font que les techniques compactes sont promises à un bel avenir, si leurs coûts sont raisonnables. Elles n’ont pas besoin de l’appui de Véolia.
Au contraire les techniques de traitement des eaux usées par le sol ne bénéficieront pas de la puissance commerciale des industriels (pas de brevet à déposer, concurrence entre artisans et avec l’auto-construction, pas de garantie commerciale au-delà de la décennale…) ni celle des grandes sociétés des eaux (pas de contrat d’entretien à la clef, pas d’uniformisation des contrats, pas d’industriel sur qui faire reposer le risque financier ou technologique, …), ni malheureusement de fonds publics pour financer leur recherche et développement. »
Là aussi, c’est n’importe quoi ! Les gens qui installent les filières de traitement par le sol et des systèmes compacts (arrêtez de parler des mico-steps terme générique qui regroupe tant de techniques différentes d’où normalisation, tests etc…) sont les mêmes ! Et ils sont demandeurs, je vous l’assure, pour des raisons de responsabilité, de simplicité au regard des problèmes qu’ils rencontrent avec les filières dites extensives !
« La fiabilité des techniques de traitement utilisant le sol en place, repose sur des contrôles « préventifs » et à priori (étude de sol, suivi de la réalisation, …) plus que sur des contrôles à « posteriori », difficiles à mettre en œuvre et plus coûteux. »
Ce n’est pas sérieux. Un traitement par le sol ne peut être prescrit que par une étude « scientifique » du milieu, étude qui coûtera cher ! Ou alors on s’en tient aux études caricaturales qu’on connaît aujourd’hui et faire le choix de s’asseoir sur la performance environnementale !
« A coût de traitement inférieur ou égal (en investissement et fonctionnement intégrant les contrôles) et sauf cas particuliers, il faut envisager en priorité les techniques utilisant le sol en place.
Le législateur a senti le sens du vent et souhaité probablement rééquilibrer les choses, en limitant les rejets dans les exutoires de surface. »
C’est pour ça que dans l’arrêté de 2007 qui concerne beaucoup d’équivalents habitants, on préconise le contraire :
« dans le cas où le rejet des effluents traités dans les eaux superficielles n’est pas possible, les effluents traités peuvent être soit éliminés par infiltration dans le sol, si le sol est apte à ce mode d’élimination »
« N’en déplaise à Véolia ou d’autres, pour l’instant ils devront faire avec l’intérêt général … »
Nous n’avons pas la même notion de l’intérêt général.
On va parler coûts :
– Les systèmes préfabriqués ont le mérite de sécuriser le traitement sans avoir à engendrer d’études qui devraient être complexes pour être crédibles avant installation d’un filière de traitement par le sol.
– Le « déblocage » réglementaire va conduire à augmenter considérablement le marché des systèmes compacts dont les prix vont chuter mécaniquement
– Dans la majorité des régions françaises, on devra passer par un sol reconstitué avec des matériaux qui coûtent de plus en plus cher
Je vois tous les jours passer des études de sols et de filières dans mon bureau (je peux vous parler de la qualité de ces études tant sur le plan réglementaire, la majorité ne connaissent que le 96 même au-dessus de 20 EH ( !) que sur la qualité « pédologique » ).
Aujourd’hui des techniques fiables (avec un recul de plusieurs dizaines d’années en Europe) se situent en termes de coût (installation ET entretien) au même niveau que ces filières classiques.
On oublie enfin les enjeux et l’écobilan de tout ça :
– ce qu’on va puiser dans la ressource naturelle (granulats avec certaines régions qui sont en pénurie)
– ce qu’on va générer comme déchet à terme
– ce qu’on va mobiliser comme moyens d’excavation et de transports avec les émissions de CO2 qui vont avec
Ramenés à l’échelle du pays, c’est tout simplement énorme !
Le bilan environnemental (c’est bien ça qui nous intéresse, non ?),
la notion de responsabilité,
le principe de précaution,
et contrairement à ce que vous dîtes l’aspect économique,
conduisent à affirmer qu’au contraire l’intérêt général devrait conduire à abandonner le traitement par le sol ce qu’on fait depuis longtemps certains pays européen.
Le fait qu’on ne doit pas laisser Véolia cannibaliser le marché est un autre débat et un autre combat !
AL
Concernant le test CSTB/ Véolia, effectivement il faut éviter de généraliser. Il s’agit d’un modèle de micro-station d’un fabriquant et ce résultat, n’est pas extensible à tous les modèles d’autres fabricants. Vous avez noté que je me réjouis que l’on dispose de résultats incontestables grâce au savoir faire et sérieux du CSTB, pour le reste (interprétation et communication) je vous rejoins.
En revanche vous approuvez l’analyse de Monsieur Vignoles « l’installation est la cause aujourd’hui, de par la complexité de ce qui doit être réalisé par des constructeurs occasionnels, de fonctionnements insatisfaisants de l’ordre d’une unité sur deux »
Voudriez-vous qu’elle soit remplacée en 2015 par cette phrase « le manque d’entretien et de contrôles sur les rejets est la cause aujourd’hui, de part la complexité et le coût de l’entretien et du contrôle des rejets, de fonctionnements insatisfaisants de l’ordre d’une unité sur deux » Si c’est cela, ceux qui projettent de vendre des contrats de contrôles et/ou d’entretien vont se frotter les mains.
De la même évidence que celle qui vous anime, c’est sans doute parce que je suis en contact avec les SPANC, les élus et les bureau d’études tous les jours.
Se serait un mauvais calcul que de transférer le risque ou les coûts liés au choix du produit ou de la filière, sur ceux liés à son fonctionnement ou son contrôle. Concernant le coût des études de sol (350 à 400 euros TTC), il est vite amorti pour le particulier si on le rapproche du coût d’un contrôle + analyse en labo des rejets (100 euros environ, prix marché public d’une grande Sté des eaux à un appel d’offre de collectivité) . Tiens on retrouve le risque de « cannibaliser » le marché que vous évoquez et ce que Marc LAIME appelle une OPA.
Le but du législateur et des collectivités est de réduire tous ces risques à des coûts raisonnables pour le particulier. Le marquage CE apporte une garantie supplémentaire qui le réduit lors de la conception pour les micro-station (pour d’autres procédés compacts non marqués CE et ceux qui n’ont même pas d’avis technique, c’est une autre histoire). L’étude de sol apporte de son côté cette réduction des risques pour le traitement par le sol.
Mon point de vue est qu’il n’est pas raisonnable d’ouvrir brutalement le marché de l’ANC dans le nouvel arrêté « techniques » uniquement aux micro-stations, en fixant par exemple seulement un niveau de rejet ou le respect du CE, au risque de reproduire les erreurs du passé ou de déplacer un problème et des coûts (conception) vers un autre (entretien et contrôle régulier du fonctionnement).
De même il n’est pas raisonnable non plus d’ouvrir le marché à toutes les techniques compactes, la concurrence et les SPANC se chargeant, comme je l’ai entendu, de faire le ménage (pas plus d’ailleurs que d’interdire tous les rejets dans les exutoires de surface, pour des motifs sanitaires).
Un minimum de régulation et de cadrage des techniques compactes, d’équilibrage par rapport aux techniques traditionnelles tel que l’a prévu le législateur va dans le sens de l’intérêt général. Le législateur est dans son rôle à essayer de trouver un compromis satisfaisant.
Concernant l’élevage de bactéries on est Ok. Pour le sol, il n’est bien sûr pas à limiter à de l’abattement bactério, je me suis déjà expliqué sur le sujet, chaque technique à sa place en fonction des différentes contraintes et possibilités.
Sinon le filtre à sable est quand même pas mal placé de ce point de vue (bactério) et les « pouvoirs publics » font également des études en conditions réelles dont on en parle moins. Allez-voir sur http://www.atanc64.com/doc/2007_03_31_qualite_rejet_anc.pdf
OK pour ne pas mettre toutes les micro-step dans le même sac. Notez qu’il faudra faire de même de votre côté dans votre discours avec le traitement par le sol (tranchées et lits d’épandage) à ne pas confondre avec les filtres à sable pour lesquels le sol n’a au mieux qu’une fonction d’exutoire (évacuation en profondeur des eaux traitées pour un filtre à sable non drainé) ou de traitement tertiaire.
Concernant la limitation des rejets de surface par le législateur, en assainissement collectif, la problématique n’est pas la même que pour l’assainissement individuel (multiplication du nombre de rejets avec des risques bactério, moins d’effet de dilution que pour les collectivités ou il s’agit souvent d’un rejet dans un cours d’eau « conséquent », pas la même fréquence de suivi et d’analyses obligatoires, …)
Concernant le bilan carbone et l’analyse du cycle de vie (bilan environnemental) effectivement il faudra s’y pencher. Je ne suis pas aussi sûr que vous que cela conduise à abandonner les traitements par le sol. Les filtres à sable drainés seront probablement en perte de vitesse dans ce cas, les épandages souterrains ont encore de l’avenir lorsque le sol le permet.
Souhaitant avoir contribué à enrichir ce débat passionnant et apporté un éclairage différent aux lecteurs
Benoît.
« En revanche vous approuvez l’analyse de Monsieur Vignoles ».
Mais ce n’est pas Mr Vignoles qui dit ça : c’est l’étude Véolia/CSTB !!! Le CSTB ne serait sérieux que pour partie dans la dite étude ?
« Voudriez-vous qu’elle soit remplacée en 2015 par cette phrase « le manque d’entretien et de contrôles sur les rejets est la cause aujourd’hui, de part la complexité et le coût de l’entretien et du contrôle des rejets, de fonctionnements insatisfaisants de l’ordre d’une unité sur deux »
C’est extraordinaire : ça serait compliqué de contrôler donc privilégions les techniques incontrôlables !!!...
« … de déplacer un problème et des coûts (conception) vers un autre (entretien et contrôle régulier du fonctionnement) »
???Ah bon parce que l’objectif serait donc « de ne pas déplacer un problème ? ».
Pourquoi, il y a un problème aujourd’hui ?
« Le législateur est dans son rôle à essayer de trouver un compromis satisfaisant. »
Je fais partie des gens qui pensent qu’en matière d’environnement le compromis n’a plus sa place justement. Il ne peut y avoir qu’un objectif : le résultat quelque soient les moyens ! La compromission ici sous entend l’intérêt particulier, certainement pas l’intérêt général !
Enfin, de quoi parle t-on ?
On aurait peut être du commencer par là. On parle de 700 millions de m3 d’eau polluée à traiter par an, des eaux usées d’une population plus importante que la Belgique, d’eaux usées qui se retrouvent de plus en plus concentrées (ce n’est pas que de la ferme isolée sur le plateau du Larzac dont il s’agit mais de secteurs urbanisés diffus avec une densité à « l’hectare » non négligeable (les terrains sont de plus en plus petits), des espaces « urbanisables » de plus en plus regroupés.
A ce titre, balancer ça tel quel dans le sol ne me convient pas !
On parle aussi d’un territoire à gérer où les conditions climatiques, hydrogéologiques sont très variables.
On parle d’un enjeu majeur : la qualité de la ressource en eau. On parle donc d’un sujet où on n’a plus le droit à l’erreur.
Pour clore, (ça devient lourd), dans tous les cas, on n’aura pas le choix : se satisfaire du fabuleux texte de compromission qu’on aura mis tant de temps à nous pondre parce que, là dessus, je pense qu’on sera d’accord : il est de toutes façons figé ! Et devrait sortir avant la fin de l’année, non ? Je ne précise pas de quelle année, on n’est jamais trop prudent...
AL
Cher Marc, je sais que tu mènes depuis de nombreuses années une campagne active contre Veolia mais là je ne peux pas te suivre et t’apporter mon soutien. En effet, même si on s’oppose aux compagnies privées d’eau je ne pense pas qu’on puisse leurs reprocher de développer des services et des technologies qui répondent aux besoins de nos collectivités. Aujourd »hui la STEP de ma commune utilise des filtres à charbon actif car l’eau est bourée de pesticides et cette technologie c’est eux qui l’ont développé et commercialisé. Alors ces vrais qu’à certains moment ils peuvent pousser le bouchon assez loin (mais ça c’est on se laisse faire, et finalement c’est de bonne guerre) mais on ne peut pas leurs reprocher d’apporter des solutions innovantes.
Je suis un ancien élu et un fidèle lecteur !
PS. Au fait j’ai le sentiment que depuis quelques mois tu focalises drolement sur Veolia et que tu accordes un long répi à leurs concurrents : tu fais aussi la trève boursière ???
Pourquoi l’ingénierie publique est-elle définitivement liquidée au profit des grands groupes via la RGPP ? Pourquoi les solutions innovantes doivent-elles systématiquement émaner d’Anjou Recherche ou du Cirsee ? A consulter le nombre de questions posées par des parlementaires à Borloo-NKM sur le seul sujet de l’ANC et ses "difficultés d’application" (une centaine qui attendent des réponses), on peut se dire que quelque chose ne tourne pas rond... Pour ce qui est de focaliser sur Veolia, avec 40% du marché il me semble logique que ce groupe attire l’attention. N’ayez crainte, Suez et saur ne sont pas sortis du périmètre, voir l’opus barrages sur le Diplo et la saga des PCB, qui concernent directement ces deux groupes... Merci toutefois de m’inciter à ne pas relâcher ma vigilance sur les deux derniers nommés, croyez bien que je vais m’y employer. Bien cordialement.
OK ? VEOLIA ne passera pas, il nous reste à exporter notre "technologie de traitement par le sol" et le DTU pour réduire le déficit de la balance commerciale !