Qui se souvient des PCB ? L’association Robin des Bois qui actualise chaque année son effrayant Atlas des sites pollués, et les pêcheurs professionnels en eau douce qui se battent comme des diables pour survivre quand ils n’ont pas déjà fait faillite, puisque leur pêche est le plus souvent désormais interdite à la consommation. Dernier épisode en date d’une affaire effroyable, le ministère de l’Ecologie mandate l’an dernier des pêcheurs professionnels pour réaliser des « pêches scientifiques », puis ne les paie pas, ce qui menace certains rescapés de faire faillite…
Les pêcheurs professionnels en eau douce avaient déjà payé un lourd tribut à la crise des PCB. Alors qu’ils acquittaient chaque année des baux de pêche, avaient parfois investi des dizaines de milliers d’euros dans leur activité, l’interdiction progressive, à partir de 2007, de consommer nombre de poissons pêchés en rivière a littéralement dévasté une profession dont les membres ont du accomplir des miracles pour survivre.
Quand ils furent, pour certains d’entre eux, indemnisés, ce fut après un cauchemar de batailles administratives sans fin.
Quand on proposa aux rescapés et aux irréductibles « d’émigrer » de leurs lieux de pêche traditionnels, désormais interdits, pour les réinstaller ailleurs, sur des fleuves et des rivières préservés, ils se heurtèrent trop souvent au refus d’élus trop sensibles… aux sirènes des organisations de pêcheurs amateurs prétendant que cette nouvelle activité menaçait gravement les loisirs de leurs membres (et la collecte du timbre de la carte de pêche !).
Nouvelle manifestation de mépris, plus insupportable encore.
En 2011 le ministère de l’Ecologie sollicite très officiellement l’Association Agréée Interdépartementale des Pêcheurs Professionnels en eau douce du Bassin Loire-Bretagne (AAIPPBLB), afin de pouvoir mandater des pêcheurs professionnels et qu’ils effectuent des opérations de pêches scientifiques nécessaires à l’acquisition des données sur l’abondance des anguilles argentées pour la campagne 2011-2012…
En mars 2012 les pêcheurs professionnels qui ont réalisé ces campagnes de pêches scientifiques fondamentales pour la connaissance des nouvelles populations de saumon ont tout naturellement adressé leurs factures à l’ AAIPPBLB, qui n’a pas reçu du ministère de l’Ecologie le règlement de ces prestations qu’il a pourtant commandées, soit près de 200 000 euros !
Les échéances fiscales et sociales approchent.
Les pêcheurs, dont la clôture du bilan intervient au 31 décembre 2011, vont devoir intégrer ces factures, puis reverser la TVA aux services fiscaux, et régler les cotisations sociales correspondantes, alors même que ces factures ne leur auront pas été réglées par l’AAIPPBLB puisqu’elle n’a rien reçu du ministère…
« Des risques importants de faillites sont à prévoir, avec la mise en péril de cette action, si le dossier n’évolue pas favorablement dans des délais raisonnables », écrivait fin mars le docteur Philippe Boisneau, Vice-président de l’Association Agréée Interdépartementale des Pêcheurs
Professionnels en eau douce du Bassin Loire-Bretagne, Président du Comité National de la Pêche Professionnelle en Eau Douce, au ministère de l’Ecologie.
Mais il n’y a plus de ministère de l’Ecologie…