Allons-nous revivre cet été des sécheresses aussi intenses que celles de 2005 et 2011, voire de celle de 1976 ? Le ministère de l’Ecologie prend l’hypothèse au sérieux, et a convoqué un comité sécheresse qui se tiendra à Paris le 16 juin prochain.
« Il faut rester vigilant dans les mois à venir, où les agriculteurs ont habituellement de gros besoins en eau », a indiqué au quotidien Le Parisien Philippe Vigouroux, hydrogéologue au BRGM. Car un mois de juin sans pluie ferait exploser le nombre de restrictions d’eau en France.
Après un hiver trop sec et un printemps trop chaud, les conditions sont en effet réunies pour que la France métropolitaine soit touchée dans les semaines et mois à venir par un épisode de sécheresse.
Mardi, une quinzaine de départements avaient déjà décrété des restrictions d’eau, selon le site gouvernemental Propluvia. Si la pluie est toujours absente en juin et juillet, la situation pourrait vite empirer.
Le pic de chaleur des derniers jours n’a rien fait pour améliorer la situation. Les deux-tiers des nappes phréatiques de France métropolitaine présentent des niveaux anormalement bas.
Depuis ces relevés, et en dépit des précipitations enregistrées dans la première quinzaine de mai, la situation ne s’est guère améliorée. Le pic de chaleur enregistré ces derniers jours n’aura rien fait pour.« Le peu qui est tombé a bénéficié à la végétation en pleine croissance, analyse l’hydrogéologue. Pas de quoi régénérer les nappes ».
Cette pré-sécheresse trouve toutefois ces racines dans les trop faibles précipitations de cet hiver. « Les situations dégradées sont liées au déficit de recharge hivernale ». Les premières pluies d’automne n’ayant pas perduré, les nappes phréatiques n’ont pas été suffisamment remplies. Dans ce domaine, les conséquences se payent en été.
La situation n’est pas encore comparable aux sécheresses récentes de 2005 et 2011, ou, pire encore, à celle de 1976.
Mais des restrictions n’en ont pas moins déjà été décrétées sur tout le territoire.
S’il pleut dans les semaines qui viennent, « cela ne rechargera pas les réserves, mais servira aux agriculteurs qui n’auront plus à pomper dans les nappes », précise l’hydrogéologue. Dans le cas contraire, ce dernier pronostique un été « tendu ».
En surface, la sécheresse est déjà visible. De nombreux cours d’eau affichent des niveaux beaucoup trop bas pour la saison, comme le révélait le 17 mai le service d’information Eaufrance, dans son Bulletin national de situation hydrologique.
Alors qu’à la même époque, en 2016, de nombreux cours d’eau, dont la Seine, étaient en crue, c’est tout l’inverse qui se produit cette année. Ces derniers jours, le niveau du fleuve a atteint un mètre au niveau du pont d’Austerlitz, à Paris. Il était de 6 mètres il y a un an.
Début mai, seulement 4% des petits cours d’eau de France métropolitaine affichaient des débits supérieurs à la moyenne. Dans tous les autres scrutés par Eaufrance, l’eau s’est raréfiée. A tel point que 90% de ces mêmes rivières ont vu leurs débits de base passer sous la médiane et même sous la limite de la décennale sèche (l’année la plus sèche des dix dernières années, pour 27% d’entre eux.
Sources : BRGM, Le Parisien.