Dès le soir de sa victoire à la primaire, le 29 janvier 2017, l’ancien ministre de l’Économie sociale et solidaire puis de l’Éducation nationale appelait au rassemblement de "tous ceux qui se reconnaissent dans la gauche et dans l’écologie politique". Depuis lors de nombreuses déclarations et publications ont émaillé une campagne très axée sur les enjeux écologiques.
Le candidat "jugeait que la question écologique est inséparable de la question sociale". Et prévoyait notamment un objectif de 50 % d’énergies renouvelables en 2025, souhaitant que la finance soit au service de la transition écologique.
"Il faudra rassembler la gauche et les écologistes", lançait-il devant ses partisans rassemblés à la Maison de la mutualité. "Je proposerai à tous les candidats à cette primaire ainsi qu’à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon […] de ne penser qu’à l’intérêt des Français au-delà de nos personnes." "Je leur proposerai de construire ensemble une majorité gouvernementale cohérente et durable pour le progrès social, écologique et démocratique."
Le député des Yvelines avait publié dès novembre 2016 ses 12 propositions en matière d’écologie (voir ci-après).
Il avait également développé son programme environnemental et de RSE devant la Fabrique écologique fin novembre et lors des débats télévisés de la primaire, courant janvier.
Lors du débat avec Manuel Valls, mercredi 18 janvier, il avait jugé que le bilan du gouvernement allait "dans le bon sens pour la COP 21, la loi de transition énergétique et la loi sur la biodiversité" mais qu’il n’allait pas "assez loin sur les produits phytosanitaires par exemple". "Il faut être plus ferme avec les lobbies industriels qui souhaitent remettre en cause la santé de nos compatriotes", exposait-t-il, avant d’évoquer le cas du rejet de boues rouges dans les Bouches-du-Rhône.
Au sujet du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il indiquait lors de ce même débat télévisé qu’il "suspendrait la déclaration d’utilité publique".
Les 12 propositions en matière d’écologie et de RSE
• Proposition 1 : "Lancer une grande conférence nationale écologie-prévention-protection-santé dans les six mois après la présidentielle qui fera de la France la nation pionnière et fer de lance en Europe dans ce domaine" ;
• Proposition 2 : "Aller au-delà du principe de précaution en constitutionnalisant les biens communs et en développant une démocratie environnementale" ;
• Proposition 3 : "Lancer un vaste plan de rénovation énergétique des bâtiments publics et privés sur le quinquennat". Ce plan comprend trois priorités : "la réhabilitation thermique des logements sociaux sur la base d’objectifs chiffrés qui s’appuiera sur des outils tels que le prêt, une enveloppe de l’Anru, le conditionnement des droits à construire ainsi qu’une prime aux bailleurs vertueux ; un plan ambitieux d’accompagnement des initiatives menées par le secteur privé avec des aides renforcées et conditionnées au recours à des artisans labellisés ; une protection des foyers en situation de précarité énergétique via un véritable bouclier ’énergie’ pour protéger les plus démunis", écrit-il ;
• Proposition 4 : "Acter un plan résolu de sortie du diesel à l’horizon 2025". Il propose de mettre fin à l’avantage fiscal au diesel, d’installer des bornes de recharge sur le réseau, de repenser la mobilité et de "refaire confiance au train" en lançant un "Airbus du rail" au niveau européen ;
• Proposition 5 : "Atteindre l’objectif de 50 % d’énergie renouvelable dès 2025" (l’objectif de la loi de transition énergétique est d’atteindre 32 % en 2030). Cet objectif doit passer selon lui par une "réorganisation des compétences d’EDF pour mieux mettre en valeur ses capacités de recherche et de production d’énergie renouvelable" ;
• Proposition 6 : Lancer un plan national "zéro déchet". Ce programme doit passer selon lui par la lutte contre le gaspillage alimentaire, un objectif de 50 % de recyclage des déchets dans les métropoles d’ici 2022 et le combat contre l’obsolescence programmée.
• Proposition 7 : "Lutter contre les pesticides et les perturbateurs endocriniens". Il propose de retirer les autorisations de tous les pesticides "pour lesquels un certain niveau de dangerosité est permis", comme le glyphosate, en application du principe de précaution. Il propose d’accompagner les agriculteurs vers "une agriculture à taille humaine et biologique pour tous" et de mettre en place un moratoire sur les pesticides néonicotinoïdes.
• Proposition 8 : "Mettre la finance au service de la transition écologique". Il propose d’instaurer une TVA différenciée pour les produits les plus vertueux, de mobiliser l’épargne des Français et de créer un label transition énergétique.
• Proposition 9 : "Créer 13 agences régionales de développement des nouveaux modèles de production et de consommation". Benoît Hamon souhaite ainsi favoriser les circuits courts de production alimentaire, via la digitalisation, l’utilisation de la commande publique pour développer les initiatives responsables et la mise en place de "contrats de filière agro-écologique pour rééquilibrer les marges entre acteurs de la filière, et développer le mieux-disant environnemental".
• Proposition 10 : "Relancer l’Europe des projets, via la transition énergétique". Benoît Hamon souhaite que la France soit "leader" sur ces sujets en Europe et que les investissements publics en faveur de la transition écologique ne soient plus comptabilisés dans les 3 % de déficit. Il souhaite mettre fin aux subventions aux énergies fossiles.
• Proposition 11 : Lancer un plan contre la maltraitance animale.
• Proposition 12 : Lancer un acte II de l’économie sociale et solidaire, afin qu’elle passe de 10 à 20 % du PIB d’ici 202
Un plan pour une alimentation de qualité
Le lundi 13 février, il présentait en Seine-et-Marne un "plan pour une alimentation de qualité" en dix mesures, qui prévoyait notamment d’interdire "les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules et les pesticides dangereux" dans l’alimentation.
Le candidat creusait son sillon écologique en présentant ce plan à la ferme bio de Châtenoy, où il se prêtait au jeu des photographes, un agneau dans les bras.
Parmi les dix proposition, l’interdiction, en vertu du "principe de précaution", des perturbateurs endocriniens, nanoparticules et pesticides dangereux dans l’alimentation.
Et "pour que (cette interdiction) ne mette pas en danger nos agriculteurs", il promettait d’interdire l’importation de "produits fabriqués avec ces mêmes pesticides". "Il ne serait pas logique d’imposer des règles du jeu à nos agriculteurs et d’accepter que l’on continue à importer sur les marchés français des produits maraichers fabriqués dans des conditions que nous jugeons dangereuses pour la santé publique", justifiait-t-il.
Autres mesures saillantes : l’homologation des pesticides par le ministère de la Santé, qui devra prendre en compte les "mélanges effectivement commercialisés" et non "les molécules prises séparément", en raison des effets cocktail ; l’approvisionnement en bio des cantines à hauteur de 50% d’ici à 2025 ; la mise en place de "rémunérations pour services environnementaux" des agriculteurs ; l’installation d’un Comité national d’éthique des abattoirs.
Afin de soutenir les filières "bio et équitables", l’ancien ministre de l’Économie sociale et solidaire souhaitait étudier "la possibilité d’instaurer des prix planchers au niveau européen sur le modèle du commerce équitable".
Il déclarait aussi voir aboutir le chantier de l’étiquetage nutritionnel, et s’engageait, si le gouvernement n’y parvient pas avant la fin du quinquennat, à reprendre le flambeau sans "céder aux lobbies dans ce domaine".
Soulignant la nécessité d’un plan "pêche, pêcheurs, océan", M. Hamon rappelait son opposition à l’arbitrage rendu par l’ancien premier ministre Manuel Valls sur le dossier des "boues rouges" de l’usine Alteo de Gardanne.
"Je considère qu’il faudra reprendre ce dossier (…) il faut que ces entreprises qui par ailleurs perçoivent du CICE (Crédit impôt compétitivité et emploi) et toutes sortes de crédits publics cessent de produire dans des conditions qui sont des conditions dangereuses pour la santé publique(...) l’environnement et la biodiversité. Pour ce qui me concerne, je suivrai l’avis de la ministre de l’Environnement Ségolène Royal", affirmait M. Hamon, pour qui il "faut arrêter" d’opposer emploi et environnement.
Le Collectif « Sauvons les fruits et légumes » proteste…
Dans son communiqué de presse diffusé le 13 février 2017, le Collectif dénonçait un manque de cohérence « à faire, dans le même discours, la promotion de l’agriculture bio et à interdire dans le même temps les substances comme l’huile de nem ? ». Cet insecticide naturel, connu comme perturbateur endocrinien, est notamment « utilisé dans les vergers de pommiers, pêchers, cerisiers ou encore pruniers bios », rappellait le Collectif.
Sauvons les fruits et légumes s’inquiètait de « la surenchère écologiste de la campagne présidentielle. Il demandait aux candidats de bien mesurer la portée de leurs déclarations et se tenait à disposition de tous pour faire part de l’expérience sur le terrain des producteurs. »
Hamon "heureux" de représenter l’écologie politique
Benoît Hamon se déclarait ensuite "très heureux du choix, qui n’est pas simple, de Yannick Jadot de proposer" qu’il représente "aussi l’écologie politique" à l’élection présidentielle.
"Je suis très heureux du choix de Yannick Jadot, qui n’est pas simple, que je devienne pas simplement le candidat de la Belle alliance populaire mais aussi de l’écologie politique", déclarait le candidat socialiste, en entamant un meeting à Arras devant plus d’un millier de personnes juste après l’annonce par Yannick Jadot d’un accord avec les socialistes.
Yannick Jadot avait annoncé qu’il retirait sa candidature à la présidentielle au profit de celle du socialiste Benoît Hamon, avec qui il a passé "un accord formidable" désormais soumis à l’approbation des militants qui l’avaient désigné lors de la primaire écologiste.
Cette annonce était accueillie à Arras par des militants et sympathisants de gauche debout, qui scandaient "Unité ! Unité", alors que l’accord tardait à venir.
Le député des Yvelines exprimait sa "grande fierté" de porter les couleurs socialistes et écologistes", relevant que "depuis 1974, l’écologie politique a un candidat" à l’élection-reine de la politique frnçaise.
Il affirmait que cet accord n’était "pas un arrangement mais une convergence avec la culture de l’écologie politique pour préparer les grandes conquêtes écologiques de demain".