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« Du poison dans l’eau du robinet » : premières réactions

18 mai 2010

par Marc Laimé - eauxglacees.com

La diffusion sur FR3 le lundi 17 mai 2010, à une heure de grande écoute, d’un document de 90 minutes qui dresse un bilan accablant des innombrables polluants qui affectent la qualité sanitaire de l’eau du robinet, et du non respect fréquent d’une réglementation pourtant réputée très stricte, suscite déjà de nombreuses réactions. Florilège.



Ce documentaire qui fera date sera rediffusé sur FR3 le samedi 22 mai 2010 à 2h30.

Pour voir la première partie mise en ligne sur Dailymotion (1/6) :

les autres parties sont aussi en ligne,

La 6° partie contient un débat diffusé après le sujet avec François Veillerette, porte parole du MDRGF, au nom du Reseau Environnement Santé :

(Les liens ci-dessus n’ont été actifs que quelques heures. Depuis lors une véritable bataille a lieu sur Daily Motion et You Tube, sur lesquels des internautes déposent des extraits du film, que pourchassent inlassablement FR3 et d’autres parties prenantes... Témoignage aussi de la valeur de ce documentaire...)

Avant même la diffusion du documentaire, l’AFP diffusait dans l’après-midi du lundi 17 mai 2010 une dépêche reprenant un communiqué, se voulant rassurant, du ministère de l’Ecologie :

 Ministère de l’Ecologie :

"L’eau du robinet très contrôlée"

« Le ministère du Développement durable a contre-attaqué aujourd’hui en assurant que l’eau du robinet était "très contrôlée, à tous les stades", à quelques heures de la diffusion d’un documentaire et d’un débat sur la qualité de l’eau sur France 3. Dans un communiqué, le ministère indique que "le contrôle sanitaire de l’eau couvre chaque stade du circuit de l’eau, de la source jusqu’au robinet du consommateur, c’est à dire les captages, les stations de traitement, l’inspection des installations de production et de distribution".

Ce contrôle se traduit "chaque année par plus de 310 000 prélèvements et plus de 8 millions de résultats analytiques portant sur près de 800 paramètres mesurés", insiste-t-il, en réponse aux accusations portées par le film, dont le titre annonce "Du poison dans l’eau du robinet". "En cas de dépassement des limites de qualité, des restrictions temporaires de consommation de l’eau pour certains usages sont diffusées auprès de la population par les autorités sanitaires locales. La distribution est de plus arrêtée dès lors qu’un dépassement présente des risques avérés pour la santé", insiste le ministère.



Un communiqué conjoint des ministères de la Santé et de l’Ecologie était ensuite diffusé, le mardi 18 mai 2010.

Le communiqué de presse des ministères de la Santé et de l’Ecologie

 Ministère de la santé :

Tant qu’à faire, l’antienne était dupliquée sur le site de la DGS...

 AFSSA :

Après la prestation catastrophique de sa représentante, l’AFSAA tentait le 18 mai de remonter le courant...

Voir le communiqué sur le site de l’Afssa

 FNCCR :

La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) affirme quant à elle qu’en France "l’eau du robinet est un des produits alimentaires les plus surveillés au plan sanitaire". "Plus de 300 000 prélèvements" sont effectués chaque année, et donnent lieu "à plus de 8 millions de résultats analytiques", concernant quelque 800 substances ou paramètres, tels que PH, turbidité, chlore, nitrates, pesticides, radioactivité, indique-t-elle dans un communiqué.

Elle précise encore que "lorsque les contrôles font apparaître un non-respect des normes en vigueur, des mesures de restriction voire d’interdiction de consommation sont mises en oeuvre, avec information de la population". S’il n’y a pas danger potentiel pour la santé humaine, il peut y avoir des mesures de restriction de consommation à tout le moins pour les usagers les plus sensibles.

 ASEF :

L’Association Santé Environnement France (Asef), qui regroupe près de 2 500 médecins en France, a déjà annoncé son intention de lancer des "analyses sur 10 sites français" visant à déceler l’éventuelle présence de résidus toxiques de médicaments dans l’eau du robinet. Selon elle, il ressort du film que des millions de Français boivent une eau trop chargée en aluminium, nitrates, pesticides, médicaments, qui peut parfois même être radioactive.
La plupart de ces produits, rappelle-t-elle, "peuvent sur le long terme avoir des effets importants sur la santé de ceux qui la boivent en la pensant potable".
Pour le Dr Pierre Souvet, président de l’Asef, les pouvoirs publics "doivent prendre en compte la question des stations d’épuration", souvent anciennes. Selon lui, "nous devons penser nos normes en termes de durée d’exposition chronique et non plus en termes d’intoxications aiguës".

 MDRGF :

"Alors que l’Europe somme la France de moderniser ses usines de traitement, notre pays ne cesse de minimiser l’ampleur de la pollution", relève pour sa part le Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF).

 WWF-France :

Le WWF de son côté dénonce une "politique de l’autruche" : "Les rapports s’accumulent depuis 30 ans et sont unanimes pour constater la contamination généralisée des eaux, désigner l’agriculture intensive comme principale responsable, appeler à un changement des pratiques agricoles et épingler la carence de l’Etat", estime l’association, qui a mis en ligne plusieurs documents sur son site.

VOIR LA VIDEO : « Assiégés par les pesticides », témoignage de Bertrand Pouchin, résident en Eure-et-Loir, dont nous avons ici-même relaté les déboires.


Trouvez plus de vidéos comme celle-ci sur Planète-Attitude

Lire aussi : « La gestion de l’eau en France : un long scandale d’Etat », WWF-France, 17 mai 2010.

La gestion de l’eau en France : un long scandale d’Etat

 Veolia :

Le leader mondial des services à l’environnement a sévèrement été mis en cause dans ce documentaire, et aurait selon la présentatrice de FR3, Marie Drucker, décliné l’invitation qui lui avait été adressée de participer à la table ronde qui faisait suite à la projection du documentaire de Sophie Le Gall.

Coïncidence (bienvenue ?), le quotidien économique Les Echos annonce en « Une » de son édition du mardi 18 mai 2010, que Veolia demeure seul en lice pour l’attribution du contrat du Sedif., le plus important marché européen dans le domaine de la distribution de l’eau…

Ce qui va évidemment contribuer à ce que l’entreprise, selon l’expression de son nouveau dirigeant, M. Antoine Frérot, "retrouve un équilibre entre croissance et rentabilité"...

(Il semble que Suez réagisse mal à cette annonce, la qualifiant ce matin à la radio, sinon de franchement "’illégale", de tout aussi surprenant que ce qui a précédé, tant il est vrai que la procédure n’est pas encore arrivée à son terme, puisque les délégués du Sedif seront appelés à entériner la passation de ce contrat dans plus d’un mois, le 24 juin 2010...)

 Suez-Lyonnaise des eaux :

A noter que c’est sur le site de Suez-Lyonnaise des eaux que l’on trouvera la réponse la plus élaborée, ce qui en dit long sur le véritable équilibre et rapport de forces autour de la question de l’eau, sous l’angle d’une puissance publique scandaleusement défaillante, lors même que l’un des deux leaders du secteur affiche sa différence avec Veolia d’une part en surjouant la transparence, et surclasse sans peine l’Etat pour répondre à la « crise » suscitée par la diffusion du documentaire-choc par FR3, ce qui à la réflexion n’est pas fait pour rassurer... :

Voir le dossier sur le site de la Lyonnaise des eaux :

« Reportage de France 3 : l’eau du robinet en question :

France 3 a diffusé lundi 17 mai, dans le cadre de l’émission Hors série animée par Marie Drucker un reportage intitulé « du poison dans l’eau du robinet » qui met en doute la qualité de l’eau, les contrôles de potabilité et l’information aux consommateurs. »

 OIEau : un « chat » avec le directeur adjoint de l’Office international de l’eau sur le site du Monde.fr :

Pierre Chantrel, directeur-adjoint de l’OIEau, répondra en direct aux questions des internautes
sur le site du Monde.fr, le mardi 18 mai 2010 à 11h15.

 L’Association française de l’aluminium :

L’AFA rappelle « qu’à partir de l’ensemble des données disponibles, rien ne permet d’affirmer que l’exposition à l’aluminium par l’eau, les aliments ou les produits de santé aux doses habituellement consommées par la population française entraîne une augmentation de risque des pathologies de type maladie d’Alzheimer. »

 Le Centre d’information sur l’eau (C.I.EAU) :

L’organisme sponsorisé par Veolia, Suez et Saur s’est, comme à l’accoutumée, particulièrement distingué, en « regrettant certains propos alarmistes qui ont été tenus et qui ne reflètent pas toujours la réalité : on ne peut déduire des généralités de cas particuliers. »

On verra aussi comment ledit CIEau s’est empressé d’inonder, comme en Bretagne, les sites et blogs de la respectable CLCV, association de consommateurs tout-à-fait respectable, d’un tissu de menteries particulièrement gratiné...

Le "message" diffusé par le CIEau sur le blog "Bretagne" de la CLCV

 Le Monde.fr :

Hélas, hélas, Le Monde nous noie sous un flot lénifiant de propos rassurants, qui ne rassureront aucunement les millions de téléspectateurs qui ont découvert hier soir, ébahis, l’invraisemblable spectacle offert par une kyrielle de "responsables", pris en flagrant délit de mensonge éhonté...

Avant que de revenir sur l’affaire deux jours plus tard, avec un article un rien plus intéressant de Pascale Santi.

"L’eau du robinet placée sous surveillance", Pascale Santi, Le Monde, 20 mai 2010.

 Seine-et-Marne :

Des élus en colère, selon l’édition locale du parisien du 24 mai 2010. On le comprend : 141 400 habitants y reçoivent une eau "non conforme"...

Lire aussi :

Un autre trou de mémoire : sur l’eau et l’aluminium

Planète sans visa, Fabrice Nicolino

L’eau, vraiment potable ?

Alternative Santé Magazine, juin 2010

Marc Laimé - eauxglacees.com