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Le baromètre C.I.eau 2007 : la propagande du cartel de l’eau

20 mars 2007

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Chaque année, depuis dix ans, une officine de propagande créée par Veolia, Suez et la Saur, intoxique, à l’insu de leur plein gré, l’ensemble des medias qui répercutent joyeusement les calembredaines de nos trois multinationales. Décryptage.



Nos amis du Cartel ont créé une foultitude de structures-gigognes pour défendre leurs intérêts. La Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FPEE ex SPDE), c’est le syndicat patronal, qui fait la pluie et le beau temps au Parlement, dans les ministères et dans toutes les instances officielles qui s’occupent de l’eau.

Le Cercle Français de l’Eau (CFE) une fondation qui regroupe des élus de tous bords politiques et fabrique des colloques tous les quatre matins, aux fins de promouvoir « la ligne du parti » auprès des élus de base. On résume…

Le C.I.eau c’est l’officine à l’appellation « officielle » qui abreuve les medias et le grand public en informations aussi rassurantes que leurs statistiques, pourtant des plus approximatives.

Et voilà ce que ça donne, reproduit par exemple par la Lettre d’information quotidienne et gratuite (merci), du Journal de l’environnement, dans son édition du 16 mars 2007.

Dès le titre et le chapô, les trois lignes d’accroche sous le titre en langage de journaleux et de communicant, la messe est dite :

« Les Français et l’eau » : les résultats du baromètre

« Ils déclarent consommer plus d’eau du robinet que d’eau en bouteille et ont de plus en plus confiance en la qualité de l’eau du robinet. Toutefois, les Français craignent à long terme un épuisement de la ressource.

 Pas à dire ils savent y faire « Les Français et l’eau », on dirait que c’est l’Insee qui parle. « Les résultats DU baromètre », le seul, l’unique, le vrai…

 On aime l’eau de Veolia , Suez et la Saur, et on leur fait confiance sur la qualité de l’eau qu’ils distribuent. Pourvu que ça dure et que la ressource ne s’épuise pas…

« L’évolution de la population concernant l’eau et les services qui lui sont liés : c’est ce que permet de mesurer le baromètre annuel du Centre d’information sur l’eau (C.I.eau), qui regroupe la majorité des entreprises françaises qui gèrent des services d’eau en délégation, et TNS Sofres. »

 Là le JDLE est déjà tombé dans le panneau, en avalisant les yeux fermés la fiabilité du « sondage » de nos grands professionnels, comme en plus TNS Sofres est dans le coup, ça en jette.

« Les principaux résultats de la 12e édition ont été présentés le 15 mars 2007. Dans des conditions similaires aux années précédentes, 1.954 personnes âgées de 18 ans et plus représentatives de la population française ont participé à des entretiens en face à face et à domicile fin 2006. »

 Et ça continue dans le sérieux, 1954 entretiens "en face à face", mazette, c’est du lourd notre affaire.

« Les 60 questions posées depuis 12 ans sont sensiblement les mêmes. »

 Là on aime le « sensiblement », et on aurait savoir ce qui a « sensiblement » évolué, et pourquoi…

« Il en ressort que les Français ont une confiance croissante en la sûreté de l’eau. »

 Dans le genre raccourci on touche au sublime, forcément sublime, avec l’enchaînement tout schuss : 1954 entretiens en face à face, D’OU (et DONC), il en ressort « une confiance croissante ». Pourquoi ? Circulez, y a rien à voir, on est des pros, on vous le dit, basta.

« En 2007, 82% d’entre eux estiment ainsi que « l’eau du robinet est sûre », soit 16% de plus qu’en 1996. »

 On galège ou quoi ? Nos 1954 face à face c’était en 2006, donc c’est un peu gonflé de nous asséner « qu’en 2007 », nos amis les face à face « estiment que l’eau du robinet est sure ».

On ne sait jamais ils auraient pu avoir une révélation dans la nuit du 31 décembre ? Ou se choper une gastro-entérite, ce qui est plus probable par les temps qui courent…

« Globalement, 85% ont confiance en la qualité de cette eau, et 69% jugent les contrôles suffisants. »

 Là, élève C.I.eau, je vais commencer à me fâcher, faudrait pas exagérer dans le foutage de gueule !

Et vous, M. TNS Sofres, expliquez-moi un peu comment avec nos 82% de face à face 2007 qui « estiment que l’eau du robinet est sure », y en a 85% (les mêmes) qui ont « confiance dans la qualité de cette eau », et « 69% qui trouvent les contrôles suffisants » ?

Si je considère (mais je ne suis pas un face à face, dommage ça me ferait bien rigoler qu’ils s’invitent à la maison), à 82% que « l’eau est sure », c’est que j’ai « confiance dans sa qualité », mais là j’enfle à 85% (y a pourtant pas de bulles dans l’eau du robinet ?)…

Si je considère à 82% que « l’eau est sure », considérant que 85% de mon être « a confiance dans sa qualité », comment se fait-il que mon être (le même) ne considère plus qu’à 69% que les contrôles sont suffisants ?

Bon d’accord, je ne suis pas le bon client, sans doute que nos 1954 « face à face » ont fini par considérer que Veolia, Suez et la Saur, et la Sofres et tout le bastringue étaient des magiciens.

Remarquez, là je suis d’accord.

Nous faire avaler ces chiffres mirobolants alors que les statistiques, officielles celles-là, nous apprennent qu’en 2005, 7 millions de français ont reçu une eau (du robinet) qui n’était pas conforme aux normes, faut être des vrais magiciens…

Bon, on s’égare, on s’égare, revenons à nos amis d’Eausofres.

« Il apparaît également que trois Français sur quatre sont satisfaits de la qualité de l’eau. »

Ca continue ! On est partis de 82% (de « face-à-face ») qui considèrent que « l’eau est sure », ensuite on en a vus 85% « qui ont confiance dans sa qualité », et 69% qui « considèrent que les contrôles sont suffisants », et tout ça nous donne donc 75% (trois Français sur quatre), qui « sont satisfaits de la qualité de l’eau ».

Je sais bien que le niveau baisse (à l’école, dans les rivières et les nappes avec le maïs irrigué…) mais quand même !

A ce stade la seule hypothèse crédible serait que Veolia, Suez et la Saur ont conduit dans la plus grande discrétion depuis dix ans une action de mécénat humanitaire pour tenir hors de l’eau la tête de la Sofres, menacée de couler puisqu’elle ne compte à l’évidence dans ses rangs que des matheux totalement ignares. Faudrait leur demander, on sous-estime toujours la gradeur d’âme cachée des capitaines d’industrie.

Bon, ce n’est pas tout, ce n’est pas encore fini.

« Selon le C.I.eau, ce résultat est sans doute à rapprocher de la très bonne tenue des indicateurs de confiance. »

Vous je ne sais pas, moi la confiance dans ce tissu d’âneries, même pas en rêve !

« On retrouve la majorité des moins satisfaits parmi les locataires, les 25-44 ans, les ouvriers, ou encore les habitants des régions Nord, Ouest et Bassin parisien. »

 Et voilà, nous y sommes. En dépit des efforts admirables de nos magiciens il se trouve bien quelques tarés qui ne sont pas d’accord.

Evidemment ce sont des locataires (salauds de pauvres !), des 25-44 ans (fumeurs de shits), des ouvriers (on a tout dit), des chtimis (alcoolos dégénérés), des Bretons (les nitrates), et le Bassin parisien. Ah, le Bassin parisien, là j’ai ma petite idée, mais faut creuser (dans l’Albien, tant qu’à faire).

« L’insatisfaction provient principalement du mauvais goût et du chlore. »

 Faudrait m’expliquer là aussi l’enchaînement. J’ai beau être taxé de cinglé parano par nos amis du Cartel, je ne les soupçonne pas encore de vouloir décimer au chlore les locataires, les 25-44 ans, les ouvriers, les chtimis, les Bretons, et une partie des Parisiens… (Du coup je m’inquiète).

« Si l’on considère plus globalement le service de l’eau, le niveau de satisfaction se maintient à un niveau élevé. Il est de 83% en 2007.
 »

 Bon je veux bien lmaginer qu’à ce stade là chez Eausofres on commence à fatiguer, faut rester dans les bonnes moyennes, allez, 83% on l’avait pas encore sort du chapeau, va pour 83% !


« Le C.I.eau a également annoncé que pour la première fois depuis 1999, la consommation déclarée d’eau du robinet dépasse celle de l’eau plate en bouteille (eau de source et eau minérale, les eaux gazeuses n’étant pas prises en compte). 67% des interrogés disent consommer au moins une fois par semaine de l’eau du robinet, et 60% disent consommer au moins une fois par semaine de l’eau plate en bouteille. »

 Bon, là amis lecteurs de la ténébreuse affaire Cristaline, pas besoin de vous faire un dessin, on est plus dans le subliminal, le Cartel s’est donné tous les moyens de foutre la raclée du siècle aux marchands de flotte en bouteille, DONC la conso d’élixir sous plastok plonge, et DONC on avait raison, etc, etc.

« Mais le baromètre révèle aussi la crainte qu’ont les Français d’une pénurie d’eau à long terme. 61% estiment en effet que l’eau est une ressource limitée, et de moins en moins de personnes pensent qu’elles ne manqueront pas d’eau dans leur région.
 »

 Là c’est une pierre pour l’avenir. Comme nos amis du Cartel vont de plus en plus intervenir dans la gestion de la ressource, au-delà de leur business traditionnel sous forme de délégation, un petit coup pour la route, façon d’annoncer les campagnes de pub à venir, façon développement durable.com par temps de sécheresse.


« Le pourcentage de Français qui s’estiment suffisamment informés sur tous les domaines qui concernent l’eau augmente progressivement depuis 1996. »

 Un peu faux-cul, là, et puis ça doit être la fatigue, à force, avec juste assez de lucidité pour ne pas dérailler complètement, alors qu’en vrai côté « confiance » et image, n’ont pas fini de ramer nos zamis du Cartel !

« En 2007, le C.I.eau compte cependant axer les campagnes d’information sur le cycle de l’eau. En effet, 51% des Français croient toujours que les eaux usées sont retraitées en usine pour être transformées en eau potable.
 »

 Qu’est-ce que je vous disais « le cycle de l’eau », c’est aussi nos amis qui vont s’en occuper désormais, là ça craint, on en reparlera.


« Par ailleurs, en réponse à la question « Qui doit informer la population sur la qualité de l’eau ? », les pouvoirs publics occupent la première position, suivis des mairies et des entreprises et régies. Viennent finalement les organismes professionnels, les médias, et le milieu médical, à égalité avec les associations de consommateurs. Toutefois, ce sont les associations de consommateur qui arrivent en tête des réponses à la question « En qui a-t-on confiance ? », les médias occupant la dernière position du classement. »

 C’est pas que je commence aussi à fatiguer, quoique comme chute on ne pourrait trouver mieux. L’apothéose ! Si vous arrivez à comprendre l’ordre du classement, je vous donne un 99%, même sans face à face…

Suivez un peu l’onde du choc du baromètre dans vos feuilles de choux habituelles, vous verrez que ça passe comme une lettre à la poste.

Moi, je trouve ça bizarre.

Clair comme de l’eau de roche

Et voilà, ça n’a pas raté, j’étais à l’étranger donc ça m’avait momentanément échappé. Mais voilà comment le quotidien national de révérence répercute ce tissu d’âneries dans son édition du 20 mars.-07

A pleurer.

« Le Monde

20 mars 2007

La revanche de l’eau du robinet

Pour la première fois depuis 1999, les Français déclarent boire davantage d’eau du robinet et moins d’eau plate en bouteille, révèle le baromètre annuel réalisé par TNS-Sofres pour le Centre d’information sur l’eau (C.I. eau), publié le 15 mars et financé par les entreprises de service d’eau et d’assainissement (Veolia, Saur, Lyonnaise des eaux).

L’habitude de charger son chariot de packs de bouteilles dans les supermarchés est pourtant bien ancrée. A raison de 100 litres par an et par personne, les Français étaient, en 2000, les deuxièmes plus gros consommateurs d’eau en bouteille au monde derrière les Italiens. Cette tendance s’est encore renforcée ces dernières années.

L’enquête réalisée auprès de 1 954 personnes représentatives de la population française - du 15 novembre au 5 décembre 2006, soit avant la publicité polémique lancée par la marque Cristaline (Le Monde du 25 janvier) mettant en cause l’eau fournie aux Franciliens - montre que les temps changent.

Désormais, 67 % des Français boivent l’eau du robinet au moins une fois par semaine contre 59 % en 2002, alors que 60 % boivent de l’eau en bouteille au moins une fois par semaine contre 72 % en 2002. Un Français sur deux déclare boire à la fois de l’eau du robinet et de l’eau plate en bouteille, alors qu’un sur quatre ne boit que de l’eau en bouteille et un sur quatre exclusivement de l’eau du robinet.

Des relevés souvent cachés

Les Français accordent donc une confiance croissante à la qualité de l’eau du robinet. "Jamais le rapport de confiance n’a été aussi fort", affirme Monique Chotard, directrice du C.I. eau. Selon cette instance, nous prenons progressivement conscience du fait que l’eau est "une ressource limitée". Ainsi, d’après le sondage, nous serions même prêts à payer l’eau plus chère pour préserver nos ressources naturelles. Notre conscience environnementale s’arrête là.

Car si nous affirmons (à 96 %) que la dépollution des eaux usées est indispensable à la préservation de la nature, nous nous sentons, paradoxalement, de moins en moins responsables de notre pollution individuelle même si nous ne rechignons pas à payer notre facture de dépollution des eaux usées, à condition toutefois que celle-ci soit proportionnelle à la consommation. "Les Français connaissent mal les processus de dépollution des eaux usées et de traitement des eaux potables. Or ce sont deux processus différents", assure Monique Chotard. "Il y a des efforts à faire en matière d’information et de transparence", reconnaît-elle.

C’est peu dire. Cette année encore, de nombreuses personnes vivant en logement collectif ne recevront pas la fiche annuelle d’information sur la qualité de leur eau, pourtant rendue obligatoire par la loi. En effet, l’eau reste facturée dans le cadre des charges collectives et les syndics ne distinguent pas souvent les informations relatives aux contrôles effectués sur l’eau.

Quant aux relevés censés être affichés en mairie, ils restent encore souvent cachés sous un escalier et incompréhensibles pour le plus grand nombre. Résultat : six Français sur dix jugent qu’ils sont insuffisamment informés en termes de contrôles, de normes et même de tarifs. La preuve ? Nous sommes trois sur cinq à ne pas connaître le prix du mètre cube d’eau. Il était de 2,95 euros en moyenne en janvier 2007, selon l’Insee.

Florence Amalou »

Marc Laimé - eauxglacees.com