Retour au format normal


L’indexation du prix de l’eau : une inflation injustifiable

2 février 2010

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Les centaines d’associations d’usagers actives sur le territoire français dénoncent depuis des lustres les « formules d’indexation » qui figurent systématiquement dans les contrats de délégation de service public signés par les collectivités locales en matière d’eau et d’assainissement avec Veolia, Suez ou Saur. Ces formules absconses provoquent en effet une augmentation automatique annuelle du prix de l’eau, totalement déconnectée des charges qui pèsent sur le service, et partant sur le délégataire qui en a la charge. Explications de Jean-Louis Linossier, président de l’Association des consommateurs d’eau du Rhône (ACER), et membre actif de la Coordination des associations de consommateurs d’eau (CACE).



« L’indexation du prix de l’eau par le coefficient K est la 2ème arnaque de l’affermage avec celle de la détermination du premier prix de l’eau par utilisation d’un "compte d’exploitation prévisionnel" dont tous les postes ont été surévalués pour surévaluer ce premier prix sensé être la variable d’ajustement des recettes et dépenses avec un solde égal à 0.

En matière de formule d’indexation, il n’y a rien de bon, puisque tout est faux si l’on se rapporte aux mathématiques. Sachant qu’aucune technique mathématique n’est capable de prédire l’avenir.

Tout est donc truquage, faussement habillé de rigueur mathématique pour rendre l’évolution des prix inflationniste.

D’une part, les paramètres choisis le sont pour que ces formules soient inflationnistes, et non pour que l’évolution des prix qu’elles indexent suivent les coûts réels correspondants, et d’autre part parce que les coefficients de la formule donnent des poids respectifs aux évolutions des paramètres qui accentueront l’inflation.

Dans la formule souvent proposée, 50 % de l’évolution du prix de l’eau sera imposée par le prix facturé de l’eau "achetée".

Or si le prix de cette eau est déjà indexé sur une formule du même type, nul doute que les usagers subiront une « double peine ».

Sachant que le prix de l’eau achetée ne représente pas 50 % du coût de l’eau mais pas plus de 10 à 20 % de ce coût, le seul juge de paix pour constater l’arnaque est de tester la formule sur le passé récent, et dans ce cas de tester deux formules : celle d’indexation du A et celle du K.

Pourquoi « l’indice K » augmente artificiellement le prix de l’eau

K(n) est le coefficient par lequel on multiplie P(0) le prix de l’eau de l’année (0) d’origine du contrat pour obtenir P(n) le prix de l’eau de l’année n.

K = cste + a*salaire horaire (n) / salaire horaire (0) + b*Elect (n) / Elect (0) + c*matériel (n) / matériel (0) + ...

cste = en général de 0.1 à 0.2

b = env 0.5

c = env 0.05
....

 le salaire horaire est l’indice INSEE pour cette donnée ;

 « elect » est l’indice de l’électricité basse tension ;

 matériel est l’indice du matériel

...

On voit aussi que l’évolution de ces indices est pondérée par des coefficients dont la somme doit bien sûr être égale à 1.

Pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre que "cste" est trop faible et "a" trop élevé, et que ceci entraîne une évolution de K beaucoup trop forte d’autant que le prix de l’eau n’est pas "plombé" par le salaire horaire, mais par la masse salariale, et que cette masse salariale est affectée par les gains de productivité mais pas le salaire horaire.

Bref, si au départ vous avez des recettes qui équilibrent les charges, tout change au fil des années.

Le prix de l’eau augmente en fonction directe de K, et entraîne celle des recettes dans le même rapport.

Dans le même temps, le montant des charges réelles diminue sous l’effet des gains de productivité.

Pour atténuer ce biais, les entreprises délégataires « optimisent » les montants des charges.

Chaque ligne du compte d’exploitation est à son tour chargée pour diminuer le résultat, mais il arrive un moment où le résultat dérape et atteint des sommets.

Il ne faut donc pas sous estimer ou faire l’impasse sur ce fameux indice, et ne s’attacher à vérifier que les charges pour justifier le prix de l’eau, qui est de fait injustifiable sans l’existence, entre autres entourloupes du même acabit, de ces fameuses « formules d’indexation » du prix de l’eau… »

Marc Laimé - eauxglacees.com