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Quatre nouveaux livres (passionnants) sur l’eau…

6 mai 2009

par Marc Laimé - eauxglacees.com

L’actualité éditoriale ne dément pas l’intérêt que suscite la question de l’eau. Ainsi, quatre nouveaux ouvrages abordent-ils les mille et une facettes de cette ressource vitale. Notre ami Henri Smets publie une somme consacrée à l’accès à l’eau, sous l’angle de son « abordabilité ». Un travail précieux à l’heure où la tarification sociale de l’eau suscite un intérêt croissant. En Suisse, Géraldine Pflieger, s’est attachée à retracer l’histoire des services municipaux helvétiques, qui résistent vaillamment au grand vent de la « libéralisation » qui affecte les services d’eau partout en Europe. Ghislain de Marsily, membre de l’Académie des sciences, l’un des meilleurs experts français des questions de l’eau, publie pour sa part une brillante synthèse des enjeux de l’eau à l’échelle du globe. Il y affirme qu’il est urgent de remettre à plat la gestion de l’eau au niveau mondial, véritable bombe à retardement, et propose des pistes pour y parvenir. Toute autre chose enfin. Un étonnant "road-movie" de la journaliste Anne Brunswick, qui est revenue soixante-dix ans plus tard sur les berges du Belomorkanal, 227 kilomètres d’un bagne stalinien, dont Soljenitsyne assurait qu’il n’a jamais servi à rien…



"De l’eau potable à un prix abordable"

La loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) du 30 décembre 2006 a consacré l’adoption, en France, d’un droit à l’eau « dans des conditions économiques acceptables par tous ». Pour mettre en œuvre ce droit, il faut non seulement que l’usager dispose d’un accès à l’eau potable, mais aussi que cette eau soit disponible à un prix abordable compte tenu de ses capacités contributives.

Mais comment définir l’accessibilité ou « l’abordabilité » de l’eau potable ? C’est tout l’enjeu de ce livre.

L’accessibilité économique ou « abordabilité » de l’eau potable peut être caractérisée d’un point de vue statistique par un indice comparant le montant de la facture d’eau potable et d’assainissement d’un ménage à son revenu disponible.

Dans les pays industrialisés, les ménages sous le seuil de pauvreté de 50 % du revenu disponible médian dépensent environ 2,5 % de leurs revenus pour l’eau et l’assainissement. Dans les pays en transition et les pays en développement, les dépenses des ménages démunis sont généralement beaucoup plus élevées.

Dans de très nombreux pays, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour aider les ménages pauvres à payer leurs factures d’eau ou pour alléger ces factures par des tarifications ciblées. L’effet de ces mesures permet généralement de ramener les factures d’eau des ménages pauvres en dessous de 2,5 % du revenu disponible du ménage dans les pays industrialisés et de 6 % dans les autres pays. La convergence entre les comportements des pouvoirs publics de nombreux pays concernant le niveau maximal des dépenses d’eau des ménages pourrait donner une base objective pour quantifier la notion « d’inabordabilité » (caractère inabordable) de l’eau.

En revanche, on observe de nombreux cas où les ménages démunis doivent consacrer plus de 7 % de leurs revenus à l’eau, ce qui montre que certains pays acceptent que les ménages pauvres soient tenus de supporter des dépenses élevées pour acquérir leur eau. Il n’existe donc pas de consensus au plan mondial pour définir un seuil « d’inabordabilité », mais seulement des pratiques nationales variables.

L’auteur : Henri Smets, de l’Académie de l’eau

Editions Johanet

Parution : mai 2009

Format 16 x 24 cm – 288 pages

ISBN 978 -2-9000-8683-4

Prix public : 42 euros TTC

"L’eau des villes. Aux sources des empires municipaux"

Un petit ouvrage de vulgarisation, style Que sais-je ?, sur "L’eau des villes" ... suisses, qui dit bien comment dans ce pays s’est peu à peu construit le service public de l’eau, dans lequel la majorité des citoyens a une solide confiance, comment il fonctionne, et quels défis il va devoir surmonter…

L’auteure : Géraldine Pflieger est professeure assistante à l’Institut d’Études Politiques et Internationales de l’Université de Lausanne (UNIL), spécialisée dans les politiques publiques urbaines et les instances de régulation, domaines où elle a mené des recherches et enseigné dans divers pays : France, Californie, Chili et Suisse.

Géraldine Pflieger. L’eau des villes. Aux sources des empires municipaux. Presses polytechniques et universitaires romandes. Lausanne. 2009.

Voir la présentation du livre et l’interview de son auteure sur le site de Bernard Weissbrodt, Aqueduc info.

« L’eau, un trésor en partage »

La Terre va-t-elle manquer d’eau ? Poser le problème en ces termes est mal le poser. Le défi auquel l’humanité doit faire face est celui de l’alimentation de 9 milliards d’êtres humains à l’horizon 2050. Pour cela, il faudra développer l’agriculture pluviale, par opposition à l’irrigation, trop gourmande en eau. Mais cela signifie défricher des terres dans des zones où il pleut, comme en Amazonie. C’est déjà le cas, puisque le Brésil défriche actuellement 1 km2 par jour. Le prix à payer est terrible en termes de perte de biodiversité. Il est urgent de remettre à plat la gestion de l’eau au niveau mondial, véritable bombe à retardement. C’est ce constat que fait l’auteur, en indiquant des pistes pour y parvenir.

Sommaire :

Introduction. Les guerres de l’eau. L’origine de l’eau. Le cycle de l’eau. Les eaux souterraines. Les écosystèmes aquatiques. Les changements climatiques. Consommation mondiale actuelle et évolution prévisible. Les besoins en eau agricole et leur évolution. Les sécheresses. Les crues. L’eau de boisson. Les eaux usées, la pollution. Les Objectifs du millénaire. Comment augmenter les ressources en eau ? Conclusion. Annexes : L’eau en France. Glossaire.

L’auteur : Ghislain de Marsily, membre de l’Académie des Sciences, est professeur émérite à l’université Paris VI et à l’Ecole des Mines de Paris. Il intervient sur les questions de l’eau auprès des instances internationales et de nombreux gouvernements.

Ghislain de Marsily. L’eau, un trésor en partage, Collection Quai des Sciences. Dunod. 2009.

155 x 240 mm - 264 pages - 2009

EAN13 : 9782100516872

Prix (provisoire) : 19 €

« Les eaux glacées du Belomorkanal »

C’est la seconde fois en cinq ans, après « Les ingénieurs de l’âme », autre livre-culte dont nous reparlerons, qu’un écrivain part à la recherche des fantômes dont les figures hantent l’incroyable ouvrage rédigé à l’orée des années 30 par une « brigade d’écrivains » dirigée par Maxime Gorki : « Le Canal Staline mer Blanche-Baltique, histoire de la construction ». Un livre maudit, par lequel tout a commencé, du Belomorkanal à l’Amour Daria…

Lisez Anne Brunswick !

Les Eaux glacées du Belomorkanal

Actes Sud

300 pages

22 euros

A SONG

Göttingen

Marc Laimé - eauxglacees.com