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Baisse du prix de l’eau : mystère en Guadeloupe

5 avril 2009

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Le mouvement social qui a mobilisé la Guadeloupe, à l’initiative du LKP, a débouché sur un grand nombre de baisses du prix de très nombreux produits de première nécessité. Dont l’eau, dont le prix va aussi baisser. Mais par quel miracle ? Et qui va supporter le coût de cette baisse ? Mystère. Dommage qu’il soit aussi difficile d’en savoir plus, à l’heure où la « tarification sociale » de l’eau agite bien des esprits.



Le LKP réclamait la gratuité pure et simple de 40m3 d’eau par an pour les personnes les plus démunies.

Il n’en a obtenu que 25, mais c’est toujours cela de pris.

Pour le reste de la population, une baisse moindre sera fonction du prix payé, dans la limite de 100m3 par an.

Pour y aider, semble-t-il, on va ramener à 1% le taux de « l’octroi de mer » régional, qui grève le prix de l’eau potable. On se demande déjà bien à quel titre le prix de l’eau potable pouvait ainsi supporter une taxation qui n’est mise en œuvre nulle part ailleurs en France…

Mais ce n’est sans doute pas, au-delà de l’effet d’annonce, le plus intéressant.

Les infrastructures de production et de distribution d’eau de la Guadeloupe, comme de la Martinique, sont dans un état épouvantable.

Les réseaux laissent fuir plus de 50% de l’eau potable produite !

L’Office de l’eau de la Guadeloupe, qui a été créé en application de la LEMA, avait d’ailleurs lancé juste avant le mouvement un appel d’offres pour la réalisation d’une vaste étude destinée à rattraper le retard sidérant du territoire en la matière. Appel d’offres dont la lecture témoignait jusqu’à plus soif d’un délabrement pourtant connu depuis des décennies…

L’accord finalement signé avec le LKP prévoit donc que des fonds publics et des crédits FEDER vont être mobilisés pour rénover les réseaux.

Et beaucoup plus significatif encore, il prévoit qu’avant la fin 2009 va être créé sous l’impulsion de l’Etat un syndicat unique de production et de distribution d’eau potable, qui permettra ensuite d’unifier le prix de l’eau à l’échelle de l’île.

Reste que tout cela ne nous dit aucunement qui va supporter le coût des baisses d’ores et déjà acquises.

Sachant que les grands groupes français du secteur sont présents sur l’île, on suivra avec attention la mise en œuvre pratique des baisses de tarifs annoncés.

Voir 33 à 39 du Protocole d’accord du 4 mars 2009
Un article de France Antilles

Marc Laimé - eauxglacees.com