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Cristaline a mis au pas un collège et une mairie lors de la dernière Journée mondiale de l’eau...

3 avril 2009

par Marc Laimé - eauxglacees.com

L’affaire est aussi exemplaire que scandaleuse. Alors qu’une équipe enseignante d’un collège avait préparé une action de sensibilisation sur le thème de l’eau en bouteille, Cristaline, qui possède une usine à proximité, menace le maire de la « délocaliser » si l’événement n’est pas annulé. Le maire s’exécute et fait pression sur le collège, qui annule l’opération. C’est beau la sensibilisation à l’environnement !



A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, une équipe enseignante du
collège Thibaud de Champagne, à Fismes, proche de Reims, dans le département de la Marne, avait préparé un petit événement sur le thème de l’eau en bouteille, avec l’ appui des parents et du conseiller général maire du coin, dans le cadre du programme « éco-école. »

Dans un premier temps, on collecte des bouteilles vides pendant quinze jours.

Qui sont ensuite ramassées par le « Syndicat collecte des ordures ménagères Ouest Rémois : Fismes et environs », (Sycomore), devant la presse.

On chiffre ensuite « l’énergie grise » qui correspond à la collecte. A savoir 25 centilitres de pétrole par bouteille au bas mot.

Nos valeureux protecteurs de la planète proposent ensuite de faire passer les adeptes de l’eau en bouteille à celle du robinet, en organisant une distribution de carafes par le biais de la FCPE.

A ce stade, nos amis sont bons pour se voir décerner le « Ruban bleu du développement durable » par Jean-Louis « Houdini » Borloo…

Noter que le conseiller général et maire, M. J.P. Pinon, a été présent à chaque étape, et a apporté son accord et soutien.

Comme en témoignent les annonces de la manifestation relayées localement.

Mais le mardi 24 mars, quand l’enseignant qui s’est pleinement investi dans l’opération se pointe peu avant l’heure du ramassage il apprend de son chef d’établissement que le ramassage médiatisé est annulé !

Pourquoi ?

Premier acte : La direction de Cristaline, qui possède une usine d’embouteillage à proximité a passé un coup de fil au collège pour se plaindre !

Ils exigent de pouvoir intervenir pendant l’action... et obtiennent de pouvoir le faire après !

Second acte : Cristaline se fend d’un courrier adressé au maire de Fismes. Le message est sans équivoque, puisqu’il énonce, en substance, que : " Nous avons pris connaissance de l’article publié dans l’Union qui a retenu toute notre attention. Nous apprenons que nous sommes une industrie polluante et envisageons par conséquence la fermeture définitive de l’usine."

Troisième acte : Le Maire apprend de son équipe que la collecte "médiatisée" est prévue le lendemain matin.

Dès le lendemain, il décroche le téléphone pour demander :

 l’abandon de la collecte médiatisée ;

 "l’interdiction" de publier quoi que ce soit sur cette action, même dans le journal du collège.

Accordé.

Et après ?

Jean-Louis « Houdini » Borloo crie au scandale ou Luc Chatel décerne une médaille au maire et au principal pour leur contribution au « plan de relance ? »

Faites vos jeux…

Tiens, et un dernier pour la route, de notre excellent ami Bernard, qui réagit depuis les rives du lac Léman :

Je lis ton info sur les aventures du collège de Fisme, alors même que je viens de finir la lecture d’un petit bouquin d’un prof et parlementaire suisse, Jacques Neirynck, sur "Les scandales de l’eau en bouteilles".

Il y consacre précisément 3 pages à Cristaline et son arme de dénigrement de l’eau de distribution.

Et il précise, entre autres, et c’est ce qui a fait déclic en te lisant, que : " En orthographiant le mot avec un seul L, on lui attribue la propriété d’une marque qui peut être déposée, puisqu’un mot de la langue française ne peut l’être " (page 65).

Lire aussi :

Coca-cola en Inde, la bataille de l’eau

Marc Laimé - eauxglacees.com