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Pesticides : toujours plus dans les fruits et légumes...

9 janvier 2009

par Marc Laimé - eauxglacees.com

La quantité de fruits et légumes consommés en France non-conformes aux niveaux autorisés en termes de résidus de pesticides est en légère hausse, a indiqué le jeudi 8 janvier 2009 l’association écologiste MDRGF, se basant sur les chiffres officiels publiés cette semaine. Conjointement, une étude d’un universitaire de Caen, parue dans une revue scientifique américaine, affirme que le Roundup, premier désherbant vendu au monde, est dangereux pour la santé humaine même à dose infinitésimale, ce que dément la société américaine Monsanto qui le commercialise.



Selon l’étude pour l’année 2007 de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), mise en ligne lundi, les limites maximales en résidus (LMR) ont été dépassées dans 7,6% des cas. Or, souligne le MDRGF, ce chiffre était de 6% pour l’année précédente.

Pour les céréales et les produits céréaliers, le taux de non conformité est de 8,2% en 2007 contre 0,4% en 2006, ajoute l’ONG.

Ces chiffres "montrent clairement une augmentation, parfois forte, de la contamination des fruits, légumes et céréales par les résidus de pesticides", souligne François Veillerette, président du MDRGF, dans un communiqué.

"Ce constat nous montre que notre agriculture dépend toujours trop de l’utilisation massive de pesticides, dont on sait qu’ils sont souvent dangereux pour l’homme et son environnement", ajoute-t-il.

Présentant les mêmes chiffres de façon différente, la DGCCRF souligne que 92,4% des fruits et légumes analysés "respectent la réglementation".

Elle ajoute en outre qu’aucune non conformité n’a été décelée sur "les produits transformés, les produits d’alimentation pour animaux, les produits d’alimentation infantile, les thés, infusions, cafés et les épices".

Le plan de surveillance sur les fruits et légumes a porté sur 3742 échantillons.

Sur ce total, 47,9% ne contiennent pas de pesticides, et 44,5% en contiennent à des niveaux inférieurs à la LMR.

Ces contrôles ont principalement porté sur les carottes, les citrons, les concombres, les endives, les salades, les tomates, les pêches et les mandarines.

La France est toujours la première utilisatrice de pesticides en Europe.

Le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a présenté début septembre un plan pour réduire leur usage de moitié, "si possible" d’ici à 2018, en application des conclusions du Grenelle de l’Environnement.

Les débats entre experts issus des milieux agricoles, scientifiques, industriels et associatifs restent cependant vifs sur des indicateurs permettant de mesurer cette réduction

Un universitaire français accuse le désherbant Roundup de nuire à la santé

"Nous avons travaillé sur des cellules de nouveaux nés avec des doses de produits 100 000 fois inférieures à celles avec lesquelles le jardinier lambda est en contact. Les Roundup programment la mort des cellules en quelques heures", a déclaré à l’AFP M. Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire, auteur de l’étude mise en ligne fin décembre par la revue Chemical Research in Toxicology.


"Les risques sont avant tout pour les femmes enceintes mais pas seulement", a ajouté ce chercheur du Comité de recherche de d’information indépendantes 
sur le génie génétique (Crii-gen) présidé par l’ancienne ministre Corinne 
Lepage (Modem).


De l’allergie au cancer, le risque est d’autant plus grand que le sujet est 
faible, a-t-il ajouté.
Des études épidémiologiques sont nécessaires pour préciser davantage le type de maladie risquée par les utilisateurs du Roundup, une gamme d’herbicides très puissants, a estimé le scientifique.


Interrogé par l’AFP, Monsanto France, basé à Bron (Rhône), a répondu via un communiqué que "Roundup n’a pas été conçu pour autre chose que désherber. Les 
travaux régulièrement effectués par G-E. Séralini sur Roundup (...) 
constituent un détournement systématique de l’usage normal du produit dans le 
but de le dénigrer et ce, alors qu’il a fait la preuve de sa sécurité 
sanitaire depuis 35 ans dans le monde".


"En 2005 nous avions déjà prouvé cette toxicité, mais pas à des doses 
infinitésimales", a souligné M. Séralini.
 Le scientifique est d’autant plus inquiet que Monsanto développe une gamme 
de cultures génétiquement modifiées pouvant être traitées aux différents Roundup.

La Commission européenne a ainsi autorisé le 4 décembre 2008 l’importation et l’utilisation dans l’UE à des fins alimentaire du soja génétiquement 
modifié MON89788 de Monsanto, également appelé "Roundup ready 2".


Outre les répercussions sur la santé des jardiniers du dimanche, le 
Crii-gen redoute donc des effets sur la santé des animaux et des personnes qui consomment du soja comprenant des résidus de l’herbicide.


L’étude a été financée notamment par la Fondation de France, a précisé M. Séralini.


A la fin du mois d’ octobre 2008, Monsanto France a vu confirmer en appel à Lyon sa condamnation 
à 15 000 euros d’amende pour "publicité mensongère" pour son Roundup.

La 
publicité présentait l’herbicide comme "biodégradable" et laissant "le sol 
propre"...

Dans son édition du 10 janvier 2009, le quotidien Le Monde relaie, passablement embarrassé, la polémique...

Alerte dans nos assiettes

Canal + diffusera le lundi 12 janvier 2009 à 20h50 un documentaire de 90 minutes qui montre comment, en 30 ans, les Français, que l’on croyait attachés à la bonne chère et aux plaisirs de la table, se sont mis à mal se nourrir.

Le film dénonce également les lobbies de l’agro-alimentaire qui sont en train de l’emporter en France, face aux enjeux de santé publique et contre l’intérêt général des consommateurs. Ces derniers sont plus que jamais menacés par les épidémies le diabète, l’obésité et autres maladies.

Marc Laimé - eauxglacees.com