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Réflexions sur l’avenir de la gestion de l’eau, en Ile-de-France, et ailleurs...

3 décembre 2008

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Longtemps acteur de l’économie sociale, Jean-Pierre Hauguel, membre de la Coordination Eau Ile-de-France, fortement mobilisée dans le débat du SEDIF, ouvre des perspectives nouvelles et appelle à un changement de paradigme. Une initiative à saluer, tant le débat sur la gestion de l’eau étouffe et s’épuise à huit-clos...



 1. Il est légitime que les salariés du cycle de l’eau aient prise sur leur outil de travail et sur les décisions de leur entreprise, qui détermine la sécurité matérielle de leurs familles.

 2. Il est légitime que les élus territoriaux aient prise sur un service public de qualité pour pacifier la vie quotidienne de la collectivité territoriale qui les a démocratiquement mandatés.

 3. Il est légitime que les citoyens usagers de l’eau aient prise sur l’organisation économique qui peut répondre équitablement à leurs besoins d’usagers. Parce qu’ils ont contribué à financer, années après années, les équipements fixes par le biais des abonnements, il est légitime qu’ils en soient reconnus co-propriétaires.

 4. Il est légitime que les épargnants qui confient leur épargne à une collectivité économique gérant l’eau aient prise sur leur épargne pour retrouver leur pouvoir d’achat (et pas plus...) au moment ou ils en auront besoin.

 5. Il est légitime que la gestion des ressources des bassins hydriques ne tiennent pas compte des frontières nationales, développent t une forme démocratique internationale.

Comment agir pour obtenir la mise en oeuvre de ces principes en Ile-de-France ?

 1. Bien avoir à l’esprit que la démarche précipitée du Président du Sedif vers une décision définitive n’est pas sans rapport avec le fait que la SEM en cours de constitution à Paris pourrait être en mesure de soumissionner dans un appel d’offre émanant du Sedif, dès lors qu’elle aura été juridiquement constituée ! Se cache derrière cela la perspective du “Grand Paris” … et les confits politiques circum-voisins, réduisant salariés et usagers à l’état de spectateurs passifs de puissances politiques déraisonnables.

 2. Considérer aussi que les difficultés rencontrées et déjà exprimées courageusement par Anne Le Strat ne sont nullement imaginaires : un groupe de la puissance de Veolia, de plus lourdement endetté (16 milliards d’euros ?), ne saurait lâcher sans combat Paris et l’Ile-de-France. Il fera tout pour chercher à déstabiliser les projets, les ralentir, alourdir leurs coûts, semer la discorde, répandre les incertitudes de toutes les manières, etc… c’est leur métier, leur culture, hélas ! Idem pour Suez (l’endettement en moins)

 3. Reconnaître aussi que la régie directe en Ile-de-France n’est pas acquise dans l’esprit de tous, et que certaines objections ne sont pas de simple idéologie, ou de simple hostilité intéressée ou de simple paresse de changer, ou de simple manque de savoir vivre… J

 4. Reconnaître également le caractère structurellement fragile d’un montage « tout Etat » qui, dans d’autres cas (Telecom, Energie, transports, bientôt la Poste, etc…), a été si facilement privatisé par l’ennemi « néolibéral » prétendu. En si peu de temps ! Le moindre changement de majorité, et hop !, la vengeance crapuleuse des détenteurs de capitaux est en piste ! Résultat : on l’a aujourd’hui : tous les équilibres socio-économiques sont par terre. Tout est à refaire !

 5. Considérer par conséquent l’importance d’une forme d’organisation d’entreprise nouvelle qui permette d’établir par la loi une alliance stratégique durable entre salariés et usagers ; puis entre eux et les responsables élus politiques locaux ; enfin, entre eux et l’épargne raisonnable, c’est à dire populaire. Même les formes classiques de SEM ou d’EPIC ne sont pas une garantie certaine contre le pillage des capacités d’autofinancement qui ont été constituées par le travail(voir la privatisation d’ADP).

 6. Se mettre en situation de faire face en Ile-de-France au maintien total ou partiel de la délégation au secteur privé du service public de l’eau. En préparant une structure d’entreprise coopérative type, (forme SCIC*), capable de combattre sur le terrain de l’ennemi les sociétés de capitaux dans les appels d’offre. Pour juguler, ou plus modestement, contribuer à juguler le siphonnage scandaleux des capacités d’autofinancement nées de la gestion de l’eau, siphonnage qui sévit dans en Ile-de-France, depuis 85 ans, et partout ailleurs depuis trop longtemps.

 7. Faire appel aux responsables des milieux de l’économie sociale, des banques, des assurances, des mutuelles, des coopératives qui ont tant ramé à faire semblant de faire pareil que les adversaires, histoire d’avoir l’air à la mode... Les engager à faire progresser financièrement ce projet de contre-attaque économique ici en Ile- de-France, maintenant et demain.

A suivre…

Lire l’intégralité de la contribution de Jean-Pierre Hauguel :

Perspective stratégique pour l’eau

Marc Laimé - eauxglacees.com