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Alpes de Haute-Provence : mobilisation associative contre les pesticides

12 février 2023

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Depuis juin 2022 l’eau potable du Village du Castellet (Alpes de Haute Provence) est rendue impropre à la consommation à cause de l’utilisation de pesticides. Près d’un million d’euros d’argent public va être dépensé pour que les habitants puissent à nouveau consommer l’eau du robinet, mais quelle pérennité de la solution choisie ? Comment garantir que de nouvelles sources ne soient pas affectées ?



« Cette pollution de l’eau potable par une molécule interdite depuis 2010, pose clairement la question de la protection de nos ressources locales d’eau potable mais aussi celle de la santé humaine comme de nos écosystèmes face à l’usage de tels produits, alors que notre pays est le troisième consommateur de produits « phyto-sanitaires » au monde.

Selon le journal « Le Monde » (1), 12 millions de personnes (20% des français) auraient été exposés à de l’eau potable non conforme au robinet.

Nous sommes tous impactés : cette pollution dramatique à des conséquences immédiates :

 pour la population, car sa santé a été mise en danger, 


 pour notre environnement et ses écosystèmes, (aggraver par la distribution de milliers de bouteilles d’eau 
plastique), 


 pour la collectivité par le financement de travaux lourds financés par nos impôts (1 000 000€) ! 


Ainsi, nous sommes nombreux, habitants du territoire, à nous sentir concernés par ce qu’il s’est passé autour de la pollution des sources du Castellet.
L’eau brute de ces deux sources est toujours déclarée par l’ARS, « non conforme aux limites de qualité fixées pour les eaux distribuées pour un métabolite pertinent de pesticide (DMS ou N,N »Dimethylsulfamide). En l’absence de données scientifiques (type et toxicité) /.... /l’eau ne peut être utilisée pour les usages alimentaires ». 
Compte-tenu des dosages relevés (avec des taux sept fois supérieurs à la norme autorisée en juin 2022), ces sources vont sans aucun doute rester impropres à la consommation pour de nombreuses années.


Aucune garantie de préservation des sources sur le long terme

La solution (connexion au réseau d’eau d’Oraison), n’apporte pas une solution pérenne car elle ne semble pas prendre en compte les causes et les conséquences de cette pollution.

Tout d’abord, les captages de l’hippodrome et Saint Pancrace d’Oraison ont une capacité de desserte limitée. Le réseau dessert actuellement près de 6000 habitants d’Oraison et sa capacité est limitée. 
Par ailleurs, de nombreux citoyens s’interrogent sur la protection sur le long terme des sources et captages.

En effet, cette situation critique démontre l’absence de mesures de protection et de prévention suffisantes. Si toutes les sources du territoire sont rendues inutilisables, les unes après les autres, se connecter à la commune voisine ne sera plus une solution. 
Ainsi, nous demandons une plus grande transparence sur les mesures qui seront mises en place pour protéger ces sources et celle du territoire, avec une information régulière auprès du public et des associations environnementales. 


Le Rapport d’Enquête Publique du 21 novembre 2022 (2) conclut que la protection des sources de Laga doit être déclarée d’utilité publique, les sources mise en conformité règlementaire et bénéficier d’un périmètre de protection effectif.


L’arrêté préfectoral n°2012-272, relatif à la mise en œuvre d’un programme d’action pour la protection du captage de l’hippodrome d’Oraison préconise la mise en œuvre d’un périmètre de protection et d’une charte d’engagement des agriculteurs). Où en est cette procédure que doivent conduire les services de DLVA ?

Comment appliquer le principe du pollueur/payeur ?

Plusieurs habitants du Castellet s’interrogent sur les impacts sur leur santé. Suite aux nouvelles obligations légales, ce produit était en effet testé pour la première fois dans l’eau de ces sources. Il n’est donc pas possible de savoir depuis combien de temps le Dimethylsulfamide y était présent. Y-aura-t-il des études pour évaluer l’impact de sa consommation sur la santé des habitants ? Quelles mesures d’accompagnement sont prévues ?

Aujourd’hui, l’enquête menée par l’OFB (Office Français de la Biodiversité) est toujours en cours.
Nous demandons plus d’information sur le calendrier du processus et une transparence totale sur les résultats de l’enquête.

Face à la pollution aux pesticides, les habitants du territoire s’organisent

Parce que face aux études (notamment celles de l’INSERM (3), on ne peut plus ignorer les impacts des pesticides sur la santé des travailleurs agricoles, des enfants et des riverains, les habitants de la moyenne vallée de la Durance s’organisent en éco-syndicat (4), soutenus par un collectif d’associations, pour protéger leur santé, celle de leurs enfants, et la biodiversité qui les entoure : « Riverains Ensemble Durance ».

Ces associations n’écartent pas la possibilité de se constituer « partie civile » afin d’avoir accès au dossier et demander réparation du préjudice environnementale et sanitaire. »

SIGNATAIRES : React, EcoRaison, FNE Alpes de Haute Provence, SOS Durance vivante, DLV 2030, Agir Autrement 04, Collectif pour le retour en régie publique de l’eau sur Manosque et la DLVA.

(1) Le Monde du 12 octobre 2022


(2) Rapport d’Enquête Publique du 21/11/2022 relatif à la procédure de Régularisation des sources de LAGA (S1 et S3) desservant les communes de PUIMICHEL et LE CASTELLET. Du 03 octobre au 24 octobre 2022. 


(3) Etude de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale : Pesticides et santé, nouvelles données (2021)

(4) Organisation défendant les intérêts collectifs de ses membres, dont les intérêts coïncident avec l’intérêt écologique .

Marc Laimé - eauxglacees.com