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L’ADEME mise à nu par ses « partenaires », par Jacques Palmaire

25 avril 2022

par Marc Laimé - eauxglacees.com

On se demandait bien pourquoi l’ADEME s’était autant enflammée pour la méthanisation agricole, nouvel horizon indépassable de notre temps, pour le plus grand profit des lobbies agricole et énergétique ? Petit rappel institutionnel.



Le récent document "ORIENTATIONS DE L’ADEME : STRATEGIE RECHERCHE-DEVELOPPEMENT 2021-2027", développe les axes de recherche dans une vision transversale et holistique impressionnante au premier abord, avec une prise en compte exhaustive des champs à investiguer, de façon globale pour rencontrer l’efficacité attendue. Un beau programme qu’il ne resterait plus qu’à mettre en musique pour retrouver les « Jours heureux » ?

https://librairie.ademe.fr/institutionnel/5345-strategie-recherche-developpement-2021-2027-de-l-ademe-9791029718823.html#:~:text=En%20savoir%20plus-,La%20strat%C3%A9gie%20recherche%2Dd%C3%A9veloppement%20(R%2DD)%202021%2D2027%20de,transition%20%C3%A9cologique%20dans%20les%20territoires.

Rappelons tout d’abord que son statut d’EPIC apparaît comme une "prolongation" de ses deux ministères de tutelle : en l’occurrence le Ministère de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation (MESRI) et le ministère de la transition écologique (MTE).

Le statut d’EPIC n’est pas nouveau. Il date de la période gaullo-pompidolienne et signifie Etablissement public à caractère industriel et commercial, comme le BRGM ou le CIRAD.

Cela veut dire que l’ADEME doit générer des ressources propres de son activité (vente de services, retours sur investissements en PPP-partenariats public-privé) avec un contrat d’objectifs, et non plus des seules subventions nationales ou européennes, voire de taxes parafiscales ou redevances énergie/déchets. Ce qui pouvait provoquer des inerties rentières, des abus de gestion ou une certaine inefficacité.

Ainsi, quand le BRGM est devenu EPIC, sa partie recherche-développement et prestation de services a été filialisée puis privatisée et est devenue Antea. En 30 ans, Antea a été vendue/revendue plusieurs fois à/par des groupes étrangers depuis pour devenir Antea-Group.

C’est là où le bât peut blesser.

On oblige donc l’ADEME a s’autofinancer en partie (en général c’est 50%), c’est à dire à faire des PPP avec les gros opérateurs du secteur qui vont la dominer et l’orienter dans ses missions et on lui coupe les vivres dédiés pour la rendre encore plus dépendante.

Cela met donc sa mission de service public sous la coupe du marché énergie-déchets et des investisseurs et/ou spéculateur

Il va y avoir logiquement une réduction des coûts de structure : suppression de postes ? Abandon de missions ? Priorisation ?

https://www.lagazettedescommunes.com/802984/les-agences-de-leau-vont-devoir-faire-mieux-a-budget-egal-ou-moindre/

C’est bien la logique macronienne.

Va-t-elle s’imposer aux agences de l’eau ? Actuellement EPA, bientôt EPIC ?

Ce ne sera pas pour déplaire à tout le monde.

Sauf à FNE si celle-ci en est consciente.

Les écolos sont assez à côté de la plaque dans ce domaine institutionnel.

Marc Laimé - eauxglacees.com