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Le DG de l’AFD raconte n’importe quoi sur l’agriculture en Afrique

18 novembre 2019

par Marc Laimé - eauxglacees.com

M. Rémi Rioux, directeur à poigne de l’Agence française de développement, qui vient de publier « Réconciliations », participait récemment à l’émission « La grande table des idées » sur France culture. A l’occasion il s’est livré à un confondant festival de confusions, erreurs et contrevérités.



Entendu sur https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/et-si-lafrique-montrait-le-chemin

Vers 12’:10... "... L’Afrique innove, elle est devant. J’ai vu un article récemment qui dit qu’on se met à cultiver le sorgho (sous entendu africain), à la place du maïs en France pour nos sols. J’ai eu une discussion avec le directeur de l’Office Chérifien des Phosphates (Maroc), les nouveaux engrais, les nouvelles façons de produire, c’est en Afrique qu’elles sont en train d’être inventé et ça va venir chez nous. Évidemment, on inonde nos terres de beaucoup d’engrais, on parle de glyphosate, etc... C’est çà qui est en train de se passer en Afrique et on s’en inspire."

Sidérant !

 1. Le sorgho (fourrager) est cultivé depuis plus de 45 ans en France (voir ITCF devenu Arvalis). Mais le lobby du maïs a limité sa diffusion au profit du maïs irrigué. C’est à cause de l’eau d’irrigation (de son coût et sa raréfaction), et des parasites du maïs qu’il est préféré à celui-ci aujourd’hui mais c’est récent et encore timide. Les variétés de sorgho (fourrager) cultivées ou promues en France ne viennent pas du tout d’Afrique mais des USA, du Mexique et d’Inde, le premier foyer d’origine asiatique (mise au point génétique, parfois avec des gènes de sorghos africains, le second foyer). Et ces variétés sont systématiquement rejetées comme sorgho alimentaires en Afrique où on ne fait pas de sorgho fourrager. Confusion.

 2. Rappelons que l’AFD fut un ardent défenseur (et financeur), pendant plus de 20 ans (jusqu’à il y a peu, 2013), de l’utilisation massive du désherbant Glyphosate (Roundup) pour les SCV ("Systèmes de culture sous couvert végétal", en fait un paillage lié à la litière d’herbes et plantes desséchées par l’herbicide, mis au point par le CIRAD (L. Seguy et ses "Roundup boys"...) dont des agents étaient en poste à l’AFD comme JF Richard) au Laos (pays déjà chimiquement bombardé par les Américains), à Madagascar, en Afrique de l’Ouest, au Brésil,... P. Chabot, un cadre d’une filiale de BRL (Languedoc), même retraité, commercialisait du RoundUp à Madagascar (zone du lac Alaotra et autres régions) jusqu’à il y a peu sur un programme AFD. Contre-vérité.

 3. Il n’y a jamais eu autant d’engrais minéraux industriels et de produits "phytosanitaires" (agrotoxicos" en Español est plus juste), en particulier de Roundup, utilisés en Afrique subsaharienne (particulièrement en savanes soudaniennes et en régions forestières ainsi que dans les rizières et zones humides cultivées) que maintenant. La courbe est fortement ascendante. L’agroécologie n’y est qu’une vue de l’esprit pour l’instant, un élément de langage d’agences de développement bien pensantes qui font le contraire de ce qu’elles disent. Erreur.

On comprend pourquoi ça patine dans les hautes sphères... On espère qu’il n’en est pas de même... des "Réconciliations".

Lire aussi :

 Réconciliations ; quatre questions à Rémi Rioux.

https://www.iris-france.org/139353-reconciliations-4-questions-a-remy-rioux/

L’édito de Pascal Boniface, IRIS.

Marc Laimé - eauxglacees.com