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Des milliers de forages illégaux en France, par Thierry Uso (*)

6 septembre 2019

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Sachant que la réglementation qui en encadre l’existence est très mal appliquée, faute de volonté politique et de moyens, de très nombreux prélèvements illicite sont effectués au vu de tous, dans les ressources en eau disponibles.



« Un agriculteur ou autre désirant effectuer un forage pour prélever une quantité d’eau dépassant un certain seuil doit en demander l’autorisation à la DDTM. Une fois l’autorisation obtenue, il doit avertir la collectivité locale où va se trouver le forage. C’est la théorie. Voyons la pratique. La collectivité locale avertie du forage ne peut pas l’interdire, si tant est qu’elle le veuille. Les forages par des particuliers ne nécessitent pas une autorisation parce qu’on considère qu’ils vont prélever une quantité d’eau en dessous de ce fameux seuil ; il n’y a aucune obligation pour les particuliers à installer un compteur et donc ils peuvent prélever autant qu’ils veulent.

Il n’y a aucune cartographie des forages en France. Certaines CLE ayant réalisé des EVP (études de volumes prélevables) indiquent les volumes prélevés autorisés pour les principaux forages. Cela ne va jamais plus loin.

C’est la police de l’eau qui est censée verbaliser ceux qui ont des forages illicites ou qui prélèvent plus que ce qui leur est autorisé. Sauf que les agents sur le terrain sont en sous-effectif et subissent des pressions de leur hiérarchie et de la FDSEA pour fermer les yeux. Résultat : la plupart des forages illicites ne sont pas localisés et lorsqu’ils le sont il n’y a quasiment jamais de poursuite du contrevenant.

Les Pyrénées-Orientales sont le champion incontesté des forages illicites. Il y en a probablement plusieurs dizaines de milliers sur la nappe du Pliocène. La DDTM 66 a commencé à les répertorier. Un bon nombre sont abandonnés mais continuent à polluer la nappe. Une nappe qui est dans un état quantitatif déplorable (sur-exploitation entraînant l’entrée d’eau salée), mais aussi dans un très mauvais état qualitatif (pollution). La DDTM 66 sous la pression des élus ferme les forages illicites qu’elle découvre mais se garde bien d’embêter ceux qui ont fait ces forages.

L’Espagne aussi compterait plus d’un million de puits illégaux qui servent à assouvir la soif dévorante de l’industrie agroalimentaire. Or, dans le sud de l’Europe, la rareté de l’eau a des conséquences désastreuses, et pas uniquement pour l’environnement comme le montre le cas de Julen, un garçonnet retrouvé noyé dans un puit.

https://www.arte.tv/fr/videos/086893-001-A/arte-regards-en-quete-d-eau-le-danger-des-forages-illegaux/

Il existe aussi, on l’a vu, un grand nombres de forages illégaux dans le sud de la France et les autorités françaises ne sont pas beaucoup plus actives que les autorités espagnoles pour les rechercher et les fermer. »

Lire aussi :

Les policiers de l’environnement confrontés aux entraves des Préfets :

https://www.bastamag.net/Policiers-de-l-environnement-pollutions-secheresses-rivieres-ecologie-biodiversite-prefets-lobby-irrigation-arrosage?fbclid=IwAR2kx3mfgWfq49YPmlfofHqhBz4w3Dy5b6YND93kF8TYN4hw6EFX07-dpH8

Bastamag.

(*) Thierry Uso est membre d’Eau Secours 34, d’ATTAC et de l’European Water Movement.

Marc Laimé - eauxglacees.com