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Une autre planète est possible, par l’Atelier d’écologique politique

2 avril 2019

par Marc Laimé - eauxglacees.com

Un groupe de jeunes chercheurs a publié le 2 avril 2019 une lettre aux jeunes qui se sont mobilisés pour le climat, en tous points remarquable. Aucun irénisme, nul catastrophisme, mais un réalisme revigorant qui dessine les chemins d’un possible accessible. Diffusé par la lettre lundi matin, un texte à lire de toute urgence.



Extraits

(…)

« Comment sommes-nous arrivés là ? La société dans laquelle nous vivons nous incite à faire toutes ces dépenses luxueuses à travers la publicité : cette dernière cherche à envahir nos vies jusqu’aux pissotières des bars, et cherche à communiquer avec les smartphones pour proposer des publicités personnalisées, alors que nous cherchons simplement à nous promener paisiblement dans la rue.

Alors, plus que jamais, à l’aube de la catastrophe écologique, refuser ce que la société de surconsommation attend de nous devient un impératif. Il nous faut plus que jamais réfléchir à ce qui relève du luxe, et ce qui relève du besoin. Nous devons faire en sorte que le luxe, réservé à une minorité, disparaisse, mais que toute la population puisse satisfaire ses besoins essentiels. Nous devons donc en premier lieu supprimer toute la machinerie publicitaire qui nous fait passer le luxe pour des besoins fondamentaux.

L’interdiction totale de la publicité est donc la première mesure que nous proposons pour la transition écologique, car nous ne voyons pas un seul, nous disons bien pas un seul, point positif pour notre société à son existence. Notez bien que nous disons publicité, et pas information. Les informations utiles aux consommateurs peuvent et doivent rester présentes dans les endroits où l’on y accède volontairement. La publicité, qui consiste à imposer une incitation perverse non désirée à surconsommer, doit tout simplement disparaître de nos vies.

Par ailleurs, plus que jamais, la société doit devenir égalitaire car, dans un monde où les ressources et l’énergie vont mécaniquement être amenées à se raréfier, les inégalités vont devenir de plus en plus difficiles à être éthiquement supportables pour les franges les plus aisées, et physiquement supportables pour les franges les plus pauvres.

On nous répondra que les inégalités sociales sont intrinsèques aux sociétés humaines. Ceci est un mensonge, bien pratique pour justifier la mainmise de la richesse part quelques-uns.

Il existe de nombreux exemples de sociétés humaines ayant vécu, parfois pendant des millénaires, dans des sociétés égalitaires, sans pouvoir, sans rapport de domination, et au sein desquelles les ressources étaient partagées. L’accumulation de richesse était dévalorisée socialement, et l’entraide était la norme. Les inégalités ne sont pas intrinsèques à la nature humaine, elles sont le résultat d’une culture que nous avons le devoir de remettre en question !


Alors, comment pourrait-on mettre en place un vrai régime égalitaire, qui réponde aux besoins de tous, et empêche l’accumulation de luxe qui gaspille nos précieuses ressources et le futur de notre planète ?

Dans certains projets politiques, on parle souvent de limitation des salaires ou de taxation des successions. Ces mesures sont intéressantes mais insuffisantes, car des moyens ont toujours été trouvés pour contourner les politiques de répartition et accumuler de la richesse ; il suffit de regarder les statistiques de répartition des richesses pour s’en persuader.

Il nous faut proposer un projet politique qui fasse tout simplement perdre son sens à l’accumulation de richesses.

Ce que nous proposons ici est différent : il s’agit du contrôle social de la nature de la production. Le système capitaliste repose sur la propriété privée et la liberté d’entreprendre.

Nous ne remettons ici nullement en cause la liberté d’entreprendre, mais nous remettons en cause vigoureusement la liberté d’entreprendre, de produire, et de vendre n’importe quoi. Ce qui doit être mis en vente et proposé à l’achat au citoyen doit répondre à un certain nombre de principes et doit être évalué par des assemblées dédiées.

Le premier de ces principes est que ce produit doit impérativement prendre soin de la planète, des humains et des autres êtres vivants, tant dans ses matériaux, son mode de production, que dans sa finalité. Il ne s’agit pas juste de répondre à quelques normes, nous voyons bien que cela ne fonctionne pas : il s’agit de passer à un mode de production par autorisation des citoyens, en considérant tous les aspects que l’introduction d’un nouveau produit a sur l’ensemble de la société et sur les sociétés à venir.

Le second principe est que tout produit ou service vendu au grand public doit impérativement pouvoir être acheté par le plus grand monde. Ce faisant, l’accumulation de richesses perdra tout son sens, puisque la richesse ne servira plus. »

(…)

L’article intégral :

 LETTRE DE CHERCHEUR.ES AUX JEUNES ET MOINS-JEUNES, QUI SE SONT MOBILISÉ.ES LES 14, 15 ET 16 MARS

https://lundi.am/Lettre-de-chercheur-es-aux-jeunes-et-moins-jeunes-qui-se-sont-mobilise-es-les

Lundi matin # 185, 2 avril 2019.

Marc Laimé - eauxglacees.com